Cobalt - Slow Forever

Chronique Vinyle 12" (01:23:59)

chronique Cobalt - Slow Forever

Cobalt est un duo plus ou moins actif depuis 2002, originaire du Colorado. Ils ont enregistré trois albums entre 2005 et 2009. Phil McSorley, chanteur, s’est fait éjecter en 2009, parce qu’il a dit des trucs homophobes. Ce n’est pas très grave car l’autre dude, Erik Wunder, joue de tous les instruments et compose tout, car le nouveau chanteur, Charlie Fell (ex-Lord Mantis), est du genre impressionnant, avec son panel nettement plus riche que celui de son aïeul. Nul, moyen, ou génial, vous lirez tout - et n’importe quoi – sur Slow Forever, avec le mot Tool glissé un peu partout. C’est plutôt cool pour un groupe qu’on étiquetait volontiers black metal. Il y a sept ans déjà, Gin s’éloignait pourtant radicalement de la simpliste base black. Cobalt balisait déjà le terrain, avec ses plans venus de tous horizons, son identité non-identifiable je-ne-sais-où entre Neurosis, Xasthur et un peu Tool, ses influences parfois hardcore nineties, parfois metal plus ou moins nineties (certains riffs dignes d’un bon Mastodon, si si !), sa référence aux Swans, etc. Bref, être surpris sept ans plus tard par le propos de Slow Forever est pour le moins… surprenant. Vous lirez donc qu’en fin de compte, Cobalt n’est pas - plus - un groupe de black. Sans déconner ?


Slow Forever n’est pas un disque d’école - dieu merci. Ne pensez à rien et admirez l’orage. Cobalt distribue, souvent subtilement, parfois brutalement, ses étiquettes hardcore, americana, metal, sludge, noise, black, post-ci et post-ça, punk, folk et rock, en ne perdant jamais de vue son fil d’Ariane. Wunder est un compositeur génial, capable d’engluer une myriade de sous-genres extrêmes pour créer une masse difforme mais cohérente, mystique et peut-être psychédélique. Dans une même structure, il s’efforce de développer plusieurs sous-parties, se permettant ainsi d’explorer sans nous perdre, ou plutôt de nous laisser dans un état second - de transe -, tout en nous maintenant suffisamment concentrés. Il torture, laisse la victime au bord du gouffre sans ne jamais lui permettre de dormir. Slow Forever se définit donc par cet esthétisme, son habillage, et une aura immense. Là où la majorité des groupes dits de post-hardcore ou post-black, se seraient jetés dans la gueule du gimmick Neurosisien, auraient consacrés leurs efforts à la création d’une masse sonore écrasante, Cobalt trouve donc le moyen de colmater les composants de Slow Forever en un tout, en y mettant de tout. Riffs puissants et ultra-dépouillés côtoient de rares arpèges finement placés, les crises de rage, les coups, sont assénés de manière méthodique, les cadences sont infernales, s’enchaînent durant près de 85 minutes, on en sort à bout de souffle, les idées en vrac. Des éléments tournent en boucle, la pression monte en flèche, d’autres explosent de toutes parts, fureur D-beat, vociférations punk-hardcore, lancer de caillasses sludge. On implose. Puis surgit un nouvel appel mélodique, un riff fatal. Aussi vrai qu’on ne sait plus comment définir Cobalt (à quoi bon ?), on est fasciné et submergé.

Bien définir ce qui est aussi riche est compliqué. Or, l’Internet ne ment pas toujours, donc on peut se contenter de jeter un coup d’œil à la liste d’influences données par le groupe sur sa page Facebook : Amebix, Nausea, Filth, Melvins, Helmet, Tool, Today Is The Day, Conqueror, Revenge. C’est parfait, Slow Forever est résumé en neuf noms et le talent de votre imagination.

 

Moins chaotique, moins gratuitement rageur, moins impitoyable qu’à ses débuts, plus vicieux et lunatique que sur Gin. Haine tempérée, strangulation relâchée, destruction mélodique, progressive et méthodique. Slow Forever est tout cela par rapport à ses prédécesseurs. Cobalt joue une partition-piège, perverse, vision extrême du « rock » alternatif, ou progressive de la musique alternative extrême, au choix. C’est peut-être là que Today Is The Day rencontre Tool – et encore... Finalement, cette logique, cette méthode et ce « mysticisme » omniprésent me rappellent le propos de Mare, sur son seul disque (Hydrahead, 2004, un Ep de 30 minutes), celui du premier album de Today Is The Day et même celui de Leviathan. Peu importe… Il s’agit d’un phénoménal kaléidoscope de tons contraires, d’émotions crues et vicelardes, d’excès de violence sous couvert d’efforts mélodiques, d’une démence constante et étrangement majestueuse. 

photo de Alexis
le 07/03/2017

15 COMMENTAIRES

mat(taw)

mat(taw) le 07/03/2017 à 12:12:35

La chro m'a rendu curieux et j'me le suis fait en entier. Après avoir baillé 15 fois ça me rappelle pourquoi je n'écoute que très peu de productions "post-métal", j'trouve ça d'un ennui profond, sans âme, plat... C'est ptet très bien exécuté mais voilà c'est juste du métal avec des riffs pas foufou en plus

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/03/2017 à 12:20:19

Pas mon truc d'habitude ce "genre" d'exercice mais j'ai accroché de suite.

pidji

pidji le 07/03/2017 à 12:22:16

Ah c'est marrant mattaw, moi à l'inverse j'ai bien accroché à celui-là.

pearly

pearly le 07/03/2017 à 13:22:33

Moi c'est l'inverse : l'exécution est excellente, mais ultra-secondaire pour moi

Avec ce type d'album, à aucun moment je me soucie de points "techniques". je suis captivé, ou je ne le suis pas.

Et Slow Forever me fout en transe. Je n'analyse pas, à aucun moment. Par contre, je pars dans un furieux trip.

mat(taw)

mat(taw) le 07/03/2017 à 13:58:23

Justement le côté technique c'était pour le seul truc positif, mais qui est evidemment super secondaire, je suis d'accord.
J'ai juste lâché une bonne partie des prods métal tout simplement parce que ça me parle plus, là où mes tripes me parlent encore dans d'autres styles les trucs post-métal me paraissent fades... ok c'était pas forcément constructif comme commentaire mais ça m'a frappé

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/03/2017 à 14:03:56

La différence entre un bon riff et un mauvais riff, c'est un peu comme la différence entre un bon chasseur et un mauvais chasseur...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/03/2017 à 14:03:57

La différence entre un bon riff et un mauvais riff, c'est un peu comme la différence entre un bon chasseur et un mauvais chasseur...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/03/2017 à 14:03:57

La différence entre un bon riff et un mauvais riff, c'est un peu comme la différence entre un bon chasseur et un mauvais chasseur...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/03/2017 à 14:03:57

La différence entre un bon riff et un mauvais riff, c'est un peu comme la différence entre un bon chasseur et un mauvais chasseur...

pearly

pearly le 07/03/2017 à 14:22:25

Crom a bien saisi le concept de boucles !

TheDiggingSquid

TheDiggingSquid le 07/03/2017 à 16:51:54

Crom a bien saisi le concept de boucles !

Xuaterc

Xuaterc le 07/03/2017 à 16:57:59

Crom a bien saisi le concept de boucles !

cglaume

cglaume le 07/03/2017 à 18:34:51

Mais vous allez la boucler oui !! :P

gulo gulo

gulo gulo le 08/03/2017 à 10:12:04

Tool, je me rappelle pas ; bon, en même temps, j'ai jamais réussi à l'écouter en entier.
Il m'a paru très black, à moi ; black- plastoc, pour être plus précis, un côté sympho'n'roll un peu ridicule à la Satyricon, mais sans l'outrance cocaïnée ; et (j'ai trouvé) la voix pathétique, pareil très dans un genre black de gargouille.
Dans le genre grosse ratatouille de style, je trouve que le deuxième Man's Gin - et... Gin - étaient beaucoup plus convaincants ; mais bon, on va dire qu'objectivement, c'est le petit talent du gars. Ça l'a juste pas fait cette fois, pour moi. A mon grand regret.

gulo gulo

gulo gulo le 08/03/2017 à 10:14:51

En fait de Tool, j'ai plutôt pensé, dans le genre metal trop ambitieux/étouffe-chrétien, à Mastodon en effet, et à Today is the Day... des deux derniers disques.

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