Deicide - Insineratehymn

Chronique CD album (31:10)

chronique Deicide - Insineratehymn

Pour le fan de Deicide qui aurait soigneusement évité d’écouter la meute des hyènes hurlant leur désapprobation lors de la sortie de ce 5e véritable album, la première écoute d’Insineratehymn pourra entretenir pendant presque 10 minutes la douce illusion que l’avancée victorieuse du groupe continue avec toujours autant de panache. C’est que « Bible Basher », pour classique et simple qu’il soit, reste l’un de ces brûlots cinglants dans la droite lignée des mauvaises intentions pavant les 2 albums précédents. Certes le refrain fait preuve de la légèreté d'un plum-pudding au plomb, mais cela n’empêche pas les guitares des frères Hoffman d’attaquer nos oreilles en piquée avec l’impact de la roulette perçant l’email de la molaire cariée. « Forever Hate You », billet dur adressé à l’ex-femme de Mr Benton, sera ensuite l’occasion d’une première surprise, les floridiens y ralentissant sévèrement le tempo jusqu’à adopter le rythme lent et les à-coups du soc de charrue labourant l’épiderme humain. Et même s’ils n’écrivent pas franchement là un nouveau classique du genre, avouons que ça passe quand même assez bien.

 

... Mais déjà, certains ne manqueront pas de se dire que tout ça manque quand même un poil de la fureur qui nous transportait naguère…

 

M’enfin tous les espoirs sont encore permis quand commence « Standing In The Flames », ce morceau restant pour moi LE tube de l’album (bien que seul « Bible Basher » ait encore aujourd’hui les honneurs de l’interprétation live), puissant, majestueux, fort d’un refrain qui ressemble enfin à quelque chose, sans pour autant que le groupe n’ait besoin de battre Usain Bolt à la course pour arriver à ses fins. À vrai dire c’est d’ailleurs le seul titre qui démontre que la démarche entreprise par Deicide sur Insineratehymn – autrement dit calmer les chevaux, appuyer sur le frein, et passer de la course infernale à la posture contemplative du vieux démon assagi – n’est pas totalement vaine, contrairement à ce que l’on serait tenté de penser.

 

Mais quand arrive la fin du morceau, c’est la fin des hell-ricots. Entre un « Remnant Of A Hopeless Path » plan-plan qui lorgne vers une version aseptisée de « Sacrificial Suicide », un « The Gift Tha Keeps On Giving » qui donne l’impression que la machine est sans cesse à 2 doigts de caler, un « Worst Enemy » complètement raplapla et à peine sauvé par un refrain vaguement accrocheur, ou un « Refusal Of Penance » final où il ne se passe objectivement pas grand-chose, on se demande bien où est passé le Deicide que l’on a connu et aimé? « Halls Of Warship », « Suffer Again » et « Apocalyptic Fear » sont certes un peu plus proches de la définition que l’on se faisait d'un morceau moyen du groupe, m’enfin merde: que tout cela manque de génie, et que ces tempos lents sont pénibles! Au lieu d’investir intelligemment dans des tempos écrasants qui évoqueraient une menace sourde et maléfique, ou une certaine majesté  démoniaque (comme le fait si bien « Standing In The Flames »), le groupe se vautre dans le gras et le mou, se coupant par la même occasion violemment les c…ornes! En plus, je ne sais pas si c’est la déception qui rend le jugement plus sévère, mais le son de la batterie me semble plus léger que jamais, les quelques blasts émaillant le début de « The Gift Tha Keeps On Giving » ou « Bible Basher » sonnant plats et creux (non ce n’est pas antinomique!) à mes oreilles amères.

 

Insinerathymn marque de fait le début de la fin de la période faste de la discographie du groupe – bien qu’en disant cela je passe injustement sous silence le regain d'inspiration du milieu des 2000s, avec notamment le très bon The Stench of Redemption. L'intérêt de cet album réside donc uniquement dans ses 3 premiers morceaux (allez tiens, je suis gentil: plus « Apocalyptic Fear »), quoiqu’un auditeur moins clément réduirait sans doute cette sélection à peau d’chagrin. C’est le genre d’album qu’on acquiert à l’occasion d’une rencontre impromptue au détour d’un bac à disques d’occase, mais certainement pas un indispensable à acheter à prix d’or sur eBay…

 

 

 

 

 

La chronique, version courteInsineratehymn, ou l’histoire de la première fois où Deicide s’avère manquer de souffle (et de soufre!). On ne peut pas dire que les floridiens aient réussi leur virage « Slow Demoniac DM »…

photo de Cglaume
le 16/09/2012

7 COMMENTAIRES

Geoffrey Fatbastard

Geoffrey Fatbastard le 16/09/2012 à 12:40:26

Je trouve assez dur pour le coup. Ce Insineratehymn, c'est peut-être l'un des premiers albums de death que j'ai pris la peine d'écouter: prod' énorme, quelques riffs bien bonnards. C'est franchement pas dégueu. Certes en deçà des précédentes bombes du groupe, mais quand même!

cglaume

cglaume le 16/09/2012 à 12:54:47

Quand un grand-chef te refile un jambon-beurre, même potable, tu tires un peu la gueule... :)

sepulturastaman

sepulturastaman le 16/09/2012 à 20:41:35

Je suis d'accord avec la chro. Moins quand tu dis "grand-chef". Chef de file oui, mais grand chef bof quoi. Après c'est une question de point de vue je pense.
Le suivant sera encore bien pire que celui-là, mais ça c'est une histoire que tu nous contera plus tard.

cglaume

cglaume le 16/09/2012 à 21:00:58

Je crois qu'il ne nous reste que "In Torment in Hell" en magasin, vu que les plus récents ont déjà été chroniqués... Et celui-là, je l'ai zappé ('faut pas déconner non plus !!!!). "Grand-chef", je maintiens, en ce qui concerne la cuisine Satanic Furious DM ! :) M'enfin on est d'accord, Deicide, ce n'est pas Death, ne confondons pas les torchettes et les servions :))))

Cobra Commander

Cobra Commander le 17/09/2012 à 10:29:09

Le début de la fin... il y a eu un dernier sursaut avec "Stench of the Redemption" et après... flop...

Jull

Jull le 17/09/2012 à 13:31:51

Ce groupe, comme certains groupes americains des annees 80 a profite du fait que le marche europeene ne soit pas encore "ouvert". Maintenant Decide ne vend plus rien car, depuis la fin des annees 90, les groupes du vieux continents sont representatifs de la musique violente, y a qu'a regarder Marduk, Nasum ou d'autres qui vendent plus d'albums que les ricains. C'est juste une question d'epoque et de monopole. Les ricains n'ont plus le monopole de la musique et, je pense, que c'est une explication. Morbid Angel, Sepultura, Deicide et d'autres ne font plus bander... Napalm Death, 31 ans de carriere, lui attire toujours les foules et ses albums se vendent tres bien!!!!!!!

cglaume

cglaume le 17/09/2012 à 13:53:23

Ne dis pas à Cobra que M.A. ne fait plus bander, lui qui en a encore le vit tout vif !! :)

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

HASARDandCO

Barabbas - décembre 2014
Ocean Chief - Sten