Dr. Eggs - Mad Little Thing

Chronique CD album (17:20)

chronique Dr. Eggs - Mad Little Thing

Alors c'est vrai, j'avais découvert sur le (trèèès) tard les globe-trotters montpelliérains de Dr. Eggs, et malgré un premier album vraiment sympa (Peep Show), la nature de l'unique morceau extrait de l'album d'après à avoir atteint mes oreilles (« Little Thing », au très beau clip, mais au contenu musical moins en phase avec mes attentes) m'avait dissuadé de continuer plus avant la découverte de leur univers. N'empêche: c'est toujours un peu tristoune d'apprendre qu'une aventure aussi décalée que celle-ci finit par s'interrompre. Parce que oui, vous l'aurez compris: Mad Little Thing est un EP « stèle funéraire » qui grave dans le marbre de 6 petits morceaux un « RIP 1996 - 2019 » aussi enthousiasmant sur la forme que – forcément – triste sur le fond. Celui-ci est le point final qui conclut une dernière tournée – The Very End of Dr. Eggs Tour, effectuée en 2018 – et une carrière pleine de contradictions, à la fois éloignée des spotlights hexagonaux (je ne crois pas avoir entendu parler très souvent du groupe autour de moi, ni au-delà), et pourtant assez impressionnante, faite de plus de 400 concerts effectués sur 4 continents (dont deux passages au Whisky a Gogo, plusieurs fests, et une tournée des prisons!), d'une relocalisation temporaire à Hong Kong et d'un contrat avec Warner Music. Ouais, quand même!

 

15 ans après Peep Show – ayant zappé T.I.N.N.S., le 2e album sorti en 2008, je ne ferai pas semblant de pouvoir décrire l'évolution du groupe depuis celui-ci – le groupe propose toujours un fourmillant mélange à dimensions variables de Metal/Rock Indé, de flow Hip-Hopisant, d'énergie Punk et de glaçage Electro, assaisonné de sporadiques mais agréables touches asiatiques. Un peu fouillis au premier abord du fait de la quantité d'info déversée dans nos oreilles, de la nature multiple des 6 titres, ainsi que de la décontraction absolue avec laquelle ceux-ci ont été conçus (« Vasco Da Gama » chanson-bilan de carrière, « Boost 18 » et ses extraits d'interview...), l'EP se révèle très vite un excellent tube de vitamine donnant tout à la fois l'impression de vivre une expérience hors du commun, mais également d'être sur un canap' en train de refaire le monde avec une bande de potes. Un peu ce genre de sentiments que l'on ressent en écoutant un album de Psykup, d'ailleurs...

 

Vu le kaléidoscope protéiforme et la courte durée de l'objet, vous m'excuserez – ou pas – mais je vais m'autoriser une chro track-by-track. Si. En commençant donc par « Vasco Da Gama », l'un des titres les plus foisonnants de la galette: dans un cadre « Metal Indé » Electro-ifié, la voix de Joul, entre lignes de chant clair légèrement nasal rappelant autant Plastic Bertrand que les gros noms de la Britpop (arf) et flow Rap détendu, nous emmène pour 2 minutes et demie de cabrioles lors d'une folle partie de flipper. « Whisky and Passport » remet une pièce dans la borne d'arcade Street Fighter II, intensifie le bouillonnement et pousse la manette Electro / Indus jusqu'à atteindre l'une de ces transes festives typiques de Punish Yourself. « My Column » commence rétro – accordéon et cuivres ambiance Jive Bunny – avant d'être rejoint par des voix féminines pour appuyer sur l'accélérateur et s'embarquer dans une superbe course-poursuite à bord d'un bolide emprunté à Mindless Self Indulgence. Le morceau-titre voit Gilles Théolier – l'ingé son des Ludwig Von 88 apparemment – revisiter « Little Thing » à la mode Dub... Et le résultat me convainc bien plus sous cette forme! « I'm Not Your Fxxx Manager » part ensuite à l'autre bout du spectre musical pour une minute de Punk Rock à la mode Epitaph Records. Puis la boucle se boucle sur un « Boost 18 » qui retrouve la formule de « Vasco De Gamma » tout en ménageant une parenthèse Musette / Dub servant d'écrin à un chant que j'imagine être en japonais – mais ne parlant pas la langue, ça pourrait aussi bien être du coréen.

 

Même pas 20 minutes de musique, et pourtant on a un peu l'impression de revenir d'un long voyage plein de rebondissements et de saveurs exotiques en compagnie de Phileas Fogg – ou de Vasco de Gama, évidemment. Et l'on revient ravi de cette expédition, impressionné par ce riche amoncellement d'influences servant de terreau à de vrais morceaux cohérents, accrocheurs, et joliment mis en son. Alors oui, on est triste de réaliser un peu tard qu'il aurait été assez génial de voir tant de bonnes choses en live, et que cette opportunité ne se présentera a priori plus. Mais on est aussi vraiment heureux d'avoir juste eu la chance de pouvoir goûter à ces mélanges particulièrement savoureux.

 

Alors « Merci pour ce moment » Messieurs !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Quoi de neuf Dr. Eggs? Un ultime tour de piste, avant de fermer le cabinet. Et quitte à casser les œufs, le groupe fait ça bien, sous forme d'un gros gâteau-EP, court mais fourmillant, généreux comme un improbable mélange de charlotte, de pain perdu et de cake aux fruits débordant d'une Fusion touffue et fofolle de Rock / Electro / Dub / Hip-Hop / Punk / Indé assez unique.

 

photo de Cglaume
le 20/11/2019

3 COMMENTAIRES

sepulturastaman

sepulturastaman le 20/11/2019 à 18:44:46

le morceau en écoute me fait penser à un croisement des Silmarils avec les flying Pooh des débuts

joul

joul le 28/11/2019 à 04:55:20

Ya des bonnes influences que tu cites. merci pour cette article.

joul

joul le 28/11/2019 à 04:55:35

il ya des bonnes influences que tu cites. merci merci

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