Lock Up (USA) - Something Bitchin' This Way Comes
Chronique CD album (47:02)
- Style
Fusion Funk/Metal/Rock - Label(s)
Geffen - Date de sortie
15 juillet 1989 - Lieu d'enregistrement The Site & The Sound Factory & Sound Image Studios
écouter "Can't Stop The Bleeding"
« … Je te jure. C’est dur à croire, je sais, pourtant je le tiens de source sûre : avant de faire couiner sa guitare au sein de Rage Against the Machine, Tom Morello s'est adonné au bon gros Grindcore qui tâche en compagnie de mecs de Napalm Death ! »
Mouais, on fait plus sûre comme source : perso je n’y remplirais pas ma gourde. Parce que le Lock Up où sévissent Shane Embury et ses potos s’est formé en 1998… Autrement dit sept ans après que Tom ait commencé à s’énerver contre la machine. Ça sent l’anachronisme, tout ça, copain ! Ou plutôt l’homonymie. Car il existe bien un Lock Up américain, fondé en 1987 celui-là, et splitté en 1990, juste avant que Tom n’aille rejoindre Zack et les autres. C’est de celui-ci qu’il s’agit, et pas des vieux Britons teigneux. Un groupe bien plus « smooth », bien plus balnéaire, bien plus compatible avec les aspirations fusionnantes de notre bricolo du solo.
En 1989, le Lock Up en question (from L.A.) est particulièrement en phase avec son époque et sa localisation californienne. Le Metal et la météo à la mode imposent le bermuda ? La formation pratique donc un mix joyeux de Funk Metal et de Hard Rock volontiers bluesy (cf. « Everywhere I Go It Looks Like Rain »), avec en guise de topping un soupçon de vocaux Rap/Soul non rugueux, histoire de vraiment être dans le coup. Elle fait tout comme il faut, avec une basse joufflue et un chanteur généreux mixés bien en avant, mais également un guitariste qui sait ajouter son grain de sel et quelques épices quand la situation le nécessite. Et la formule séduit. Aussi bien D. H. Peligro, qui y agitera brièvement ses baguettes, histoire d’occuper le temps entre les Dead Kennedys et les Red Hot, mais également Geffen, un label qu’il est gros, et qu'il sait renifler les dollars à plusieurs kilomètres de distance.
Maintenant sachez-le : on trouve ci et là des avis relativement nombreux sur Something Bitchin' This Way Comes, le seul et unique album du groupe. Et ceux-ci sont souvent peu amènes. « C’est juste du sous Living Colour ! », « C’est drôlement moins bien que RATM ! », pourrez-vous lire en ces lieux où l’on peut laisser libre court à ses colères et frustrations. Alors oui, musicalement vous pouvez ranger Lock Up dans la même case que la bande à Vernon Reid et Corey Glover, je vous l’accorde. D'ailleurs les fans des uns risquent fort d'aimer les autres, dans une très large majorité. Pour autant, pourquoi vouloir que l’un soit un sous-l’autre ? Les Californiens ont écrit de bonnes compos qu’ils ne doivent qu’à l'opiniâtreté de leur muse, et si c’est vrai que l’excellent riff ouvrant « Punch Drunk » rappelle un peu celui de « Ignorance is Bliss », on rappellera que la compo lockupienne est sortie avec 4 ans d’avance sur sa « jumelle » ! Moins bien que RATM ? OK, on arrivera sans doute à la même conclusion. Mais Dark City est lui aussi moins fou que Matrix : est-il inintéressant pour autant ?
« Puisqu’on parle de RATM, dis : on la sent ou pas, la petite graine qui va donner naissance à « Killing in the Name » et autres hymnes impérissables ? »
Eh bien la plupart du temps, pas trop. Mais sur les trois premières pistes, oui, de manière fugace. Par exemple, à 2:38 sur le solo de « Can't Stop the Bleeding », on voit passer un embryon de riff, qui sera largement exploité sur le premier album des Rageux. Pareil à 2:27 sur « Punch Drunk ». Ça fait tout drôle d’ailleurs, un peu comme si l’on matait un vieux cliché de Schwarzenegger, à l époque où il portait encore des couches…
Mais si le blablah précédent aura peut-être de l’intérêt pour les machinerageomaniacs, l’amateur de Fusion s’en fout : tout ce qu’il veut c’est savoir si passer Something Bitchin' This Way Comes sur sa platine lui garantira un bronzage réussi. Et la réponse est « Oui, mon Général ». Oh il ne s’agit pas de l’album le plus brûlant de sa génération, mais si l’on zappe quelques morceaux un peu maigrichons pour se concentrer sur les plus beaux jambons de la tracklist, il y a de quoi baffrer raisonnablement. À votre playlist Best of Sun Metal vous pourrez ainsi ajouter la tension délicieuse de « Can't Stop the Bleeding », le plus ouvertement funky « Nothing New », le pétillant « 24 Hour Man », la parfaite balance entre doigts-qui-claquent et riffs-qui-fusent « Tell Me When It’s Over », ainsi qu’un « Where the Sky Meets the Street » idéal pour faire doucement monter l’ambiance. Et pour le même prix je vous rajoute également « Peacekeeper », c'est cadeau. En revanche, si vous ne goûtez pas trop l’amertume, même celle d’une IPA, vous pourrez zapper « Punch Drunk », dont le beau riff est gâché par un refrain faiblard, « Don't Wanna Talk About It », dont la ligne mélodique est cette fois plombée par une dynamique Hard Rock mollement pépère, « Half Beast, Half Man », qui s’agite mais ne réussit pas à masquer sa médiocrité, « Kiss it Goodbye », qui tente pitoyablement de séduire les radios rock, ainsi que « Maniac », qui souffre là encore d’un refrain sacrément tiède.
Pour bien profiter de Something Bitchin' This Way Comes, le secret c’est donc de faire abstraction de qui gratouille la guitare, et de se le passer bien fort sur l’autoradio de la route des vacances. Vous verrez qu’il se mariera à merveille avec vos lunettes de soleil, avec la chupa chups citron vert suçotée pour patienter dans les embouteillages, et avec le cahier de devoirs de vacances de la marmaille – si jamais vous avez cette chance ineffable de pouvoir transmettre vos coups de cœur musicaux aux fruits de vos entrailles.
La chronique, version courte : gnagnagna, « Lock Up c’est quand même ‘achement moins bien que RATM »… Mais ils sont cons ou quoi ? Est-ce que du Lock Up anglais ont dit « c’est quand même ‘achement moins bien que Napalm Death » ? Non. Parce qu’on peut déguster à la fois la boule vanille ET la boule fraise, sans forcément comparer. Lock Up, donc, est le premier groupe de Tom Morello. Et c’est « seulement » un bon groupe de Fusion Funk / Hard Rock à la Living Colour (excusez du peu). Something Bitchin' This Way Comes, le seul album de cette formation disparue en 1990, ne contient certes pas que des tubes incontournables, mais suffisamment de bon son pour qu’il mérite toute votre attention.
1 COMMENTAIRE
Crom-Cruach le 22/09/2024 à 11:33:09
"Est-ce que du Lock Up anglais ont dit "c’est quand même ‘achement moins bien que Napalm Death" : ou putaing 1000 fois oui. Y'a que "Necropolis Transparent" qui bute.
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