Heilung - LIFA

Chronique mp3

chronique Heilung - LIFA

Dans le créneau nordique chamanique, pas fastosh de s'imposer face à la bande de Kvitrafn (Wardruna).

Pour qui connaît la musique ou a déjà vu le Norvégien et ses complices sur scène (surtout avec Gaahl), l'expérience laisse en effet des traces.

Et bien les Danois de Heilung concurrencent les patrons sur leur terrain.

 

En effet, LIFA, le live de cette jeune formation, est une expérience musicale mais aussi visuelle assez bluffante.

Niveau des mirettes, la profusion de breloques, de costumes, de plumes, de fumigènes et d'ossements, sur scène, aurait pu desservir le propos du groupe en le tournant au ridicule. Mais force est de constater que l'ambiance sombre et ritualiste nous embarque rapidement.

Le groupe le dit lui-même, tout rapprochement de leur démarche artistique avec des idées religieuses ou politiques modernes est caduque. Seules comptent l'évocation de l'âge du fer et de la période viking ainsi que la reconstitution d'instruments anciens, d'armes et de boucliers tenus par une bande de sept bargeos accompagnant les zicos sur les planches.

Des musiciens au nombre de trois pour ce qui est du noyau dure du groupe. Mais ce triumvirat est accompagné de quatre autres peinturlurés jouant de plein de trucs faits avec du bois et des peaux.

 

Si Wardruna est contemplatif dans son propos, la musique de Heilung se fait bien plus viscérale et inquiétante. Dès l'intro de l'album, on rentre en Terres Sauvages. En Pays Rouge. Placide nous dit de ne pas se mettre au travers de son chemin. Si vous ne connaissez pas Joe Abercombrie et sa fantasy de badass, vous avez échoué quelque part.

Le chant principal est double, rauque et scandé. Rythmé d'une pulsation primitive. Tibétains ? Quand on remonte dans les origines, on trouve des points communs si on cherche bien. Dites-le aux autres. Les mecs folks quiches au cerveau de puce.

Des fantômes d'instruments à vent apparaissent. Des loups aussi. Des chœurs de barbares et une banshee venus faire moisson d'âmes.

 

                                                              

 

Pas jaune rigolo vous dis-je. Maria Franz, désormais membre à part entière du groupe (à ses débuts, elle n'était qu’une guest), apporte alors la touche féminine d'une pythie en pleine montée de gaz toxiques. Ses vocalises non euclidiennes sont utilisées comme instruments à part entière plafonnant dans les aigus ou imitant... une flûte ? Les porteurs de boucliers ne font pas que déco aussi mais entonnent le haka des Berserkir. Les guerriers fauves entrent dans la danse. Et c'est pas du sirtaki.

 

Niveau textes, forcément c'est imbitable mais ils proviennent principalement de pierres runiques et d'autres gravés sur des lances (faudra m'expliquer où ils ont été les chercher ceux-là) et des amulettes d'époque (Idem). Il y a aussi de l'Anglais.

Bon, je ne suis pas scalde mais chanter des épitaphes ou des souvenirs de voyage (le gros des pierres runiques)  me paraît... étrange. Disons que concernant la poésie, la seule strophe scaldique ayant été gravée lors de l'époque viking est celle présente sur la pierre de Karlevi, à la mémoire du chef Sibbe. Oui, bon y'a aussi la pierre d'Eggja en Elder Futhark du VII ème siècle. Ses runes sont sujettes à beaucoup d'interprétation cependant mon bon monsieur.  Mais je fais ma raclette. Et on s'en cogne des textes des trucs qu'on écoute.

 

Oui, le concept global est too much et va en laisser plusieurs sur le carreau à faire de la broderie avec tatie. ​Mais, Heilung transcende ici les compos de son premier album Ofnir en les rendant primaires et obsédantes.

Et si vous êtes un minimum sensible, comme moi, au folklore nordique de la Reine des Neiges et au paganisme d'Un Indien Dans la Ville, vous allez voyager.

photo de Crom-Cruach
le 17/03/2018

5 COMMENTAIRES

Maldoror

Maldoror le 30/06/2018 à 12:55:37

Putain ça défonce ce truc

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 02/07/2018 à 17:22:38

Dans le créneau, y'a énormément de guignols, eux sont vraiment bien barrés, oui.

pidji

pidji le 24/06/2022 à 22:48:10

Juste un petit commentaire pour dire que j'ai pris une claque au Hellfest hier devant le groupe.
Pas un truc que j'ecouterai chez moi, mais en live, l'expérience est bluffante.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 27/06/2022 à 17:29:55

Il ne reste plus qu'à te coiffer d'un casque à cornes et à mater la série Vikings en boucle.

Moland

Moland le 29/06/2022 à 08:35:27

Heilung, c'est clairement une expérience à vivre en live. La 1e fois, au Hellfest, les costumes, notamment celui de Maria Franz, m'avaient bluffé. J'imaginais aisément croiser en forêt ce sabbat païen et je crois que ce fut le concert le plus flippant de cette édition là. Vu une seconde fois au Hellfest 2022. Pas d'effet de surprise mais la magie opère toujours. Car comme tu le dis, curieusement, malgré la débauche de breloques, ça ne sombre jamais dans le kitsch. Au contraire. 

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