Heilung - Drift

Chronique CD album

chronique Heilung - Drift

Entendons-nous bien, le folklore de l’Europe, de l’Âge du Bronze au Moyen Âge, me passionne.

Donc ne me dites pas que je suis passé à côté des thèmes de Drift.

Les deux premiers titres font référence au Hávamál, un poème de l’Edda poétique censé avoir été écrit par Odinn lui-même.

Personne ne me fera la leçon là-dessus.

Okay, Drift va aussi chercher ses inspirations plus loin que le Nord, cette fois-ci. Ce n’est pas pour me déplaire. Le Sud et l’Orient, je ne suis pas contre.

Je suis de gauche.

Je ne jugerai, pas non plus, les performances scéniques, à priori sidérantes, du groupe. Et puis, Maria Franz est absolument charmante et possède un timbre de voix très reconnaissable et envoûtant.

Écoutez donc le morceau "Vallåt" sur l’album Forn de Kaunan, en duo avec Einar Selvik, et vous serez, alors, totalement sidéré.

Une fois évacuées toutes ces considérations plus ou moins indispensables, faites pour me rendre crédible, voyons ce que cet album a dans les tripes.

 

J’avais tout d’abord espéré une évolution vers une vraie richesse de composition. Okay, Motörhead a toujours fait du Motörhead. Mais Lemmy And Co pondaient du rock pour kicker des ass, pas de la folk ethnique progressive mystique.

Ou quelque que soit le nom à coller sur les œuvres de Heilung.

En définitif, passée la grosse claque du Live Ofnir, il ne restait pas grand-chose en studio de Heilung, à part une musique de fond pour soirée entre néopaïens incapables de citer un seul titre du groupe. Ça aussi, je connais bien.

Mon espérance s'est vite évaporée, en fait.

 

Car Drift est un album foiré.

 

Un premier exemple ? Le début scandé de "Asja". Il permet certes de reconnaître le groupe rapidement. Mais quelle routine s’installe déjà... La mélodie qui suit, produit par un instrument à cordes frottées, et reprise par Maria, est certes efficace mais la jolie rousse est en réalité le seul intérêt du morceau. Et c’est bien peu.

Bon, je n’ai rien contre la world music de "Anoana". Pourtant, les paroles déclamées d’une voix monocorde, plutôt que de créer une vision mystique, un voyage intérieur et introspectif, comme certains ne manqueront pas de le dire, plombent toute ambiance ou harmonie.

 

Sans déconner, écoutez Enya.

 

Alors, il faut attendre "Tenet", si on oublie encore son intro caquetante, pour obtenir un titre intéressant au niveau de la musicalité. Moi qui cause de musicalité, ça va faire rire. Allez-vous faire foutre à Pompeï.

Et, j’ai juste écrit « intéressant » et pas super passionnant. Car où sont les sonorités qui auraient pu rappeler la Rome antique ? Ou même l’Antiquité ? Walou, y’a peau de balle : la démarche est parfaitement incomplète.

 

Sans déconner, écoutez Corvus Corax.

 

"Urbani" est un authentique bon gros foutage de mouille. Sous son apparence tribale pagan se cache, en fait, un morceau d’une fainéantise absolue, pour supporters de foot. "Keltentrauer", qui suit, fait penser à un intermède d’Eluveitie... Pourquoi ce qui apparaît comme pompeux pour les Suisses relous serait sooooooo envoûtant pour les Danois-Norvégiens-Allemands ? La hype ? Eluveitie a au moins le bon goût de ne pas faire durer le calvaire plus de 8 minutes.

"Nesso" sort son épingle du jeu, encore une fois grâce à sa chanteuse. Car ses arrangements touchent la pauvreté totale.

 

Heilung se fait plus abordable, moins tellurique et barbare oui, mais nivelle par le bas.

 

Ainsi, ne me dites pas que "Busla Bann" revêt un quelconque intérêt mélodique pour quelqu’un qui ne prend pas de psychotropes. "Kikkal" se révèle par contre être une belle ballade minimaliste mais sa durée trop courte ne permet pas d’être transporté.

En réalité, on dirait qu’Heilung possède une réticence à développer de vraies idées et sortir de ses gimmicks déjà trop étalés sur Futha.

La plage "Marduk" se fait longue et intimiste. Le titre fonctionne pour son côté secret et mystérieux, toutefois. Éclairé à la bougie dans votre appart de 15 m² en la banlieue parisienne, il doit produire son petit effet.

 

Là où Wardruna parvient à se renouveler tout en faisant du Wardruna, Heilung est engoncé dans sa formule. Évidemment, le trio se montre beaucoup plus expérimental que le Norvégien, ne me prenez pas pour un lapin de trois semaines. Mais si la volonté d’ouvrir son horizon au niveau des thèmes est louable (pour faire la nique aux fachos ?), sur la forme, ce dernier Heilung est un vrai tire-au-flanc.

photo de Crom-Cruach
le 10/09/2022

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