Jean Jean - Froidepierre
Chronique CD album

- Style
Twin Peaks-Math-synth-rock - Label(s)
Head Records & Black Basset - Sortie
2018 - écouter via bandcamp
"On en avait marre des trucs trop compliqués et un peu festifs" : c'est ainsi que Jean Jean présente sa démarche pour l'enregistrement de Froidepierre.
Froidepierre, c'est le nom du châlet oublié au coeur de la forêt alpine qui leur a foutu le bourdon idéal pour travailler cet album de 34 minutes.
Cette précision apportée par le dossier de presse du groupe ne fait que confirmer une impression largement ressentie dès la découverte de ce disque : Jean Jean n'a plus le math-rock grésillant ou sautillant. Non, il est plus clinique, sans être trop technique et parvient, malgré tout, à être un peu brumeux.
Complètement instrumental, ce Froidepierre a donc tout pour être un Twin peaks musical.
De ses sonorités glaciales et floues se dégage un math-synth-rock contemporain qui prend le contrepied des nombreux groupes qui ne jurent que par le rétro-synth-wave.
En jouant sur les boucles, en s'amusant avec les réverberations, en marquant le grand écart entre les nappes brumeuses du synthé et la clarté de la guitare, Jean Jean installe à chaque piste, une ambiance particulière.
C'est là que débute la bataille des qualificatifs : spectral, épileptique, aérien, robotique, précis ou tout simplement...froid.
Froidepierre est un peu tout ça à la fois.
Uniques, les 8 pistes sont indépendantes les unes des autres : le disque ne se présente pas comme étant conceptuel, et rien ne relie ces titres en apparence. Pourtant, il est impossible d'ignorer la ressemblance "fraternelle" entre ces morceaux. Des sonorités voisines, des traits proches : Froidepierre s'appréhende, s'apprécie (ou pas) dans son ensemble et marque donc, par la même occasion, un virage chez Jean Jean.
Oui, c'en est fini des titres bondissants. Le temps est à l'isolement, à l'introspectif et au contemplatif avec ce qu'il a de répétitif.
C'est toute l'approche de ce disque qui se veut presque "métaphysique". Avec une écriture simple, des structures simples et des instruments complémentaires, Jean Jean s'échine à créer des images et des ambiances, à donner la sensation d'étirer le temps et l'espace en donnant l'impression de répéter, de transporter etc.
Mais si le groupe s'abstient de chanter, il réussit à exciter l'imagination et la curiosité avec un mot, un seul : celui d'un titre.
Une ville russe, un ciel bleu en japonais etc., il en faut peu pour que Jean Jean parvienne à proposer un sens à son morceau ou une simple piste onirique à l'auditeur. Peut-être choisis au hasard, ou au contraire, fruits d'une véritable réflexion, ces mots peuvent fixer une orientation sur les impressions qui seront propres à chacun.
Froidepierre demande une véritable implication de l'auditeur pour en dégager toutes les ambiances, pour profiter pleinement du ressenti que peut procurer ce disque. L'inattention est le pire ennemi de cette musique que l'on croirait terne, glaciale, alors qu'elle est une invitation à déraisonner.
1 COMMENTAIRE
pidji le 27/04/2018 à 08:20:47
Je prends enfin le temps de l'écouter en entier ce matin, et c'est quand même bien foutu ce truc ;)
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