Kansas - The Prelude Implicit

Chronique CD album (53:00)

chronique Kansas - The Prelude Implicit

« Gageure. Action, projet peu croyables et ressemblant à un pari hasardeux. »

Dictionnaire Larousse, 2016 [en ligne].

 

Après 16 ans d'absence phonographique (Somewhere To Elsewhere, 2000), on était en droit de douter de la capacité du combo de Topeka d'ajouter une pierre d'aussi belle facture que l'essentiel de l'édifice à leur cathédrale discographique. Parce que c'est de Kansas dont on parle ici. Une légende du hard rock progressif / mélodique. Le géniteur de monuments tels Song For America (1975), Leftoverture (1976), Point Of Know Return (1977), Monolith (1979), … Une gageure donc, vous l'aurez compris.

Et ce d'autant que, depuis les années 1980 et ses multiples remaniements de personnel, le groupe s'était (re)cherché sans jamais totalement se (re)trouver. À la clé, une succession d'albums tantôt insipides, tantôt inégaux, avec en bonus une errance évangéliste revendiquée, tranchant, avec une éclatante cruauté, avec la première partie de leur discographie.

Retour aux sources en 2000 avec la reformation du line-up originel, des compositions décomplexées, et d'incessantes tournées. Ces dernières assurant un rythme de croisière confortable à un groupe juché sur un nombre de tubes considérable ("Carry On Wayward Son", "Dust In The Wind", …), on était en droit de ne plus jamais escompter de nouvel album.

 

Et voici qu'arrive The Prelude Implicit, en forme de prise de risque évidente.

"With This Heart", le single, ouvre le bal en annonçant la couleur : ces messieurs d'outre-Atlantique savent encore composer des mélodies soignées et entêtantes. Le nouveau vocaliste Ronnie Platt a du cœur et du coffre, et le montre sans excès de zèle. Jusque là, tout va bien.

Vient "Visibility Zero". Et boum. Tout prend sens, fait sens. Les arrangements sont subtils, le riffing incisif, les placements chirurgicaux, la production (Zak Rizvi, Phil Ehart, Richard Williams) à la hauteur de l'ambition. On sent d'emblée qu'a minima, on va avoir affaire à un très bon album de Kansas, soit le premier depuis… fort longtemps. Le violon-signature de David Ragsdale perpétue l'esprit des parties de son prédécesseur Robby Steinhardt, tantôt bavard à bon escient ("Summer"), tantôt soldat dévoué venant soutenir des riffs de guitare d'une efficacité proverbiale ("Rhythm In The Spirit"). De bout en bout, Platt fait un travail de maître-artisan : jamais exubérant, toujours appliqué, faisant très exactement ce que l'on attend de lui. C'est sans doute le meilleur positionnement possible lorsque l'on doit passer derrière Steve Walsh. En temps voulu, des chœurs d'une intelligence musicale habituelle chez le groupe viennent le soutenir ("Refugee"). Au compte-gouttes, sans alourdir le discours.

Le souffle épique n'est jamais loin dans les compositions de Kansas ; le quasi-instrumental "The Voyage Of Eight Eighteen" est l'occasion de le démontrer. Il est prétexte à une prise de parole successive des solistes du groupe, soutenus par une section rythmique qui frappe fort et juste. Platt conclue la pièce, tout comme il s'y prête sur "Camouflage" par exemple, par des inflexions mélodiques dont certains ignoraient (ou avaient oublié) qu'elles n'étaient pas l'invention de certains revivalistes contemporains, Åkerfeldt en tête, qui s'en acquittent, on s'en rend compte ici si toutefois on en doutait, bien moins bien que leurs aînés.

 

Alors non, l'album n'est pas parfait. La production des cordes et sa réverbe parfois outrancière, les quelques infimes sautes d'inspiration sur tel passage ou tel autre, l'absence de plusieurs hits imparables sur l'album, une dernière piste instrumentale ("Section 60") tirée par les cheveux, ne permettent pas de le hisser à la hauteur des premiers albums du groupe. Mais on n'en demandait pas tant. À vrai dire, on se serait sans doute satisfait de moins. De fait, le pari est gagné, et haut la main.

le 18/10/2016

6 COMMENTAIRES

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 18/10/2016 à 09:12:25

Première salve: Kansas = Gageure +1 ^^

R.Savary

R.Savary le 18/10/2016 à 09:39:46

Super une chronique de Kansas sur CoreandCo !

Xuaterc

Xuaterc le 18/10/2016 à 11:23:21

Un nouveau! Bienvenu Loïc!

cglaume

cglaume le 18/10/2016 à 12:24:27

Ne comptez pas sur moi pour lui demander s'il connait un William matinal, ça serait lourd et puis on lui a déjà faite celle-là... (Bienvenue !)

pidji

pidji le 18/10/2016 à 13:51:27

Pas un nouveau, juste une contribution très sympa ;)

Loïc Leymerégie

Loïc Leymerégie le 18/10/2016 à 17:13:40

Merci pour l'accueil Messieurs !
De fait, comme le souligne pidji, je ne fais que passer... Mais merci pour les joyeux commentaires !

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