Loudblast - Cross the Threshold

Chronique CD album (29:11)

chronique Loudblast - Cross the Threshold

Ah les roublards! Evidemment, avec une pochette pareille…

 

Non, c’est vrai: à une époque et un âge auxquels je ne pouvais acquérir qu’un nombre vraiment restreint d’albums, le choix du prochain achat était chaque fois un cruel dilemme. Et très honnêtement, c’est autant l’excellence de Sublime Dementia que cet étalage de chairs généreuses qui m’ont convaincu d’investir à nouveau mon argent de poche dans une production de la maison Loudblast. Que voulez-vous: lorsque l’on subit les impulsives montées de sève d’une adolescence impatiente, une grosse partie des processus synaptiques se retrouve délocalisée sous l’élastique du slip kangourou.

 

… Et les Lillois connaissent bien leur public, les filous!

 

Heureusement, l’œuvre de Bolek Budzyn utilisée pour Cross The Thresholds n’est pas qu’un emballage-miroir aux alouettes destiné à compenser la vacuité d’un CD artistiquement frigide. Car cet EP peut être vu comme la version Metal du café gourmand avec, dans l’assiette:

  • une réactualisation incroyablement fructueuse d’un vieux titre
  • 2 morceaux nouveaux
  • une reprise de Slayer
  • 2 morceaux extraits de l’album précédent

 

... Miam!

 

Le titre qui se voit offrir un gros lifting est également celui en charge du lever de rideau: il s'agit de « Malignant Growth », initialement sorti sur Sensorial Treatment. Gros lâcher de lest au niveau de l’intro, conservation d’une bonne partie de l’abrasivité Thrash/Death du couplet, violent coup de frein et superbe emmélodification du refrain: le morceau en ressort comme neuf, propulsé au niveau de qualité de ce que le groupe propose depuis qu’il joue en première division.

Puis, du haut de son statut de nouveauté toute fraîche, « No Tears To Share » se permet de démarrer les hostilités en procurant une grosse sueur froide aux amateurs de sensations fortes, le titre démarrant sur des torpeurs mélodiques assez peu compatibles avec les plaisirs simples du démembrement de chaton à mains nues. Paresse, solennité, pesanteur: on craint le pire, malgré une belle approche mélodique. Heureusement, aux alentours de la barre des 3:00, le regard se fait enfin plus fier, le cap est mis sur l’horizon, et du milieu de cette ambiance virant à l'épique jaillissent des saccades déterminées et un chant lyrique féminin pour une fois parfaitement intégré (… contrairement au relatif loupé de « About Solitude »). Gros carton, confirmé par l’autre nouvelle compo, « Cross The Threshold », dont le groove sensuel culmine sur des "choeurs" féminins polyorgasmiques qui invitent à observer la pochette de l’objet plus avant, sopalin en main.

 

Maintenant, le petit diablotin juché sur l'épaule de tout critique cherchant à ne pas trop se laisser aveugler par les lumières de la nostalgie heureuse me rappelle que la reprise de « Mandatory Suicide » est très fidèle à l’original, bien qu’un peu plus musclée. L’intérêt artistique de l’exercice n’est donc pas forcément évident, d’autant que ce morceau est l’un des plus rampants, des moins foudroyants que les Américains aient écrit. Du coup le ressenti est plus proche du « OK » que du « Youpi! ». Et le diablotin de rajouter que si « Sublime Dementia » et « Subject to Spirit » sont sans doute parmi les tous meilleurs morceaux de Sublime Dementia, ils ne bénéficient ici de quasiment aucun coup de boost – rien du tout pour « Sublime Dementia », et rien de très sensible non plus pour « Subject to Spirit », bien que ce soit à présent Colin Richardson le responsable de la « mise en son ».

 

Bref, l’intérêt de 50% du présent EP peut faire débat. Et c’est ce qui tempérera (relativement) ma note, ça et la roublardise certaine que l’utilisation d’une telle pochette dénote. D’ailleurs cette grosse ficelle sera à nouveau utilisée pour Fragments, cette fois sans que les gironds attributs offerts à notre regards ne permettent de faire abstraction d’un certain manque de substance…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: constitué à 50% de compos soit nouvelles et inspirées, soit expertement réhabilitées, et à 50% de morceaux sympas mais pas forcément indispensables, Cross The Thresholds est un EP roublard qui marquera presque autant les esprits par son artwork « généreux » que par son contenu musical. Un honorable point final pour ce qui reste – à mes yeux – le pic de la carrière du groupe (Disincarnate / Sublime Dementia / Cross The Thresholds).

 

photo de Cglaume
le 10/09/2017

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