Lysistrata - Breathe In/Out

Chronique CD album (50:09)

chronique Lysistrata - Breathe In/Out

J'adore la presse. J'pourrais passer des heures à la lire, la décortiquer, m'y intéresser et dans l'idéal, être payé pour ça. 
Etant fonctionnaire, y'aura toujours un mec de droite qui finira par dire : "Comme t'as que ça à foutre, c'est un peu le cas non ? Avec mes impôts en plus, enc*** !" (le mec de droite est souvent vulgaire)
Bref, il est rare que ce dont on parle, ici, dans ce webzine confidentiel, pour un public de niche (rien à voir avec les chiens), écrit par des amateurs passionnés (et parfois éclairés) trouve le même écho dans la presse spécialisée (mais plus populaire) voire même généraliste (rien à voir avec le médecin).
En dehors du Hellfest, et des gros groupes ricains, tout le monde ignore notre bon goût.
Mais pour Lysistrata, ce fut la surprise en 2017. Libé, Télérama et quelques autres se sont aussi branlés sur ce trio, qui, avec The thread, a rappelé qu'en France on ne fait pas que du rap-variété ou de la variété-nunuche.
Alors certes, c'est de la presse pour les bobos-gauchos-bouffeursdegrainesdechia dans mon genre, mais passer à côté d'eux en 2017 c'était faire une sacrée connerie quand on voulait écouter et parler rock.

Ben faudra pas faire la même erreur en 2019. 

Ok, l'effet de surprise est passé : les amoureux de musique saturée bien informés (notamment les habitués de chez nous) ont gardé un oeil sur Saintes (Charente-Maritime) un des nombreux trous du cul de la France pour ne rien louper de la suite de The Thread...et c'est tant mieux.
On sait où regarder, mais on sait aussi un peu ce que l'on va entendre. Il y a chez Lysistrata, un "feeling", une patate, un "truc", pas très définissable d'ailleurs, quelque part entre l'énergie et l'inspiration qui font que, pour Breathe In/Out, on n'a réellement aucune surprise musicale, mais on se prend quand même une tarte.

Comme pour le précédent, le groupe a choisi l'enregistrement "live", pour donner un côté brut et naturel à son travail. On sent la transpi sur le disque au point que l'on finisse grâce au concept de sudation empathique (que je viens de breveter), à avoir aussi des auréoles aux aisselles.
[Petite parenthèse supplémentaire (j'fais ce que je veux, c'est mon article) : pitié, ne dites pas "sous les aisselles". Les aisselles, sont sous les bras [appelées logiquement par la populasse : "les d'ssous d'bras"] mais sous les aisselles c'est le vide, y'a rien, c'est de l'air, t'as pigé ?)]
Le batteur / chanteur est toujours admirable en gérant ainsi sur les deux tableaux alors que le duo de compères aux instruments à cordes a également tout mon respect pour sa participation aux choeurs. Moi qui n'arrive pas à faire de crawl en raison d'un manque de coordination bras / jambes / respiration, je suis toujours épaté par ce genre de perf' qui ne sent clairement pas la retenue durant l'enregistrement. Et puis ce type d'enregistrement permet de connaître le résultat en concert et ça tient tout aussi bien la route.
Plus déglingo encore : ce qu'ils jouent est super agréable à entendre. J'imagine que cette info t'importe plus que mes résultats de natation, alors je l'ai soulignée.
 

Pour son premier album, j'avais dit tout un tas de trucs qui me semblent encore juste aujourd'hui dans cette fabuleuse chronique et qui sont encore bien valables pour ce disque-ci.
Dans le fond, il n'y a donc pas de grand chamboulement dans les compos du groupe : ça garde la même force, la même envie furieuse de faire du rock et ça pue toujours autant le plaisir de jouer, de le partager. Ce n'est pas vraiment définissable (ou alors je manque juste de vocabulaire), c'est un ressenti un peu "brut" (je radote hein ?), toujours à l'image du son de ce disque.
S'il fallait comparer avec le précédent album, on pourrait s'efforcer d'en dégager un peu plus de travail mélodique...mais c'est là le menu détail d'un disque juste bien foutu, à l'instar de l'enchantant The thread. Des temps forts (aucun de faible), des pauses, des arpèges et un riffing furieux, des refrains bons à reprendre en live, des couplets et une interprétation qui prennent aux tripes, des montées, des passages explosifs, de la vitesse, des ralentissements soudains (et parfois nécessaires) : voilà un ensemble d'éléments absolument pas parlants dans une chronique, tristement banals, mais bien emballants. Tout cela n'a rien d'original, et des groupes comme Lysistrata qui restent confidentiels, y'en a eu une flopée depuis 20 ans. Pour une raison inexplicable, qui dépasse leur indéniable talent, pour eux ça marche et c'est tant mieux.  

Des oreilles peut-être plus affûtées que les miennes, des analystes qui pousseront un peu plus loin leur critique s'efforceront de pointer des évolutions minimes et sauront peut-être justifier ce qui les distingue des autres bandes moins populaires depuis deux décennies dans le style, mais ce qu'il faut définitivement retenir, c'est qu'avec Breathe In/OutLysistrata est fidèle à lui-même, à son ADN et à son post-At-the-drive-in (post) math-rock des 90's terriblement contemporain et qu'il ne fait aucun doute qu'en live ce sera encore phénoménal.
Aucune autre affirmation ne devrait être nécessaire pour te convaincre d'en écouter plus.

photo de Tookie
le 15/10/2019

2 COMMENTAIRES

Martial

Martial le 16/10/2019 à 23:29:03

En parlant de presse : groupe découvert il y a quelques semaines en couverture de New Noise. Hâte de les voir en concert maintenant !

pidji

pidji le 17/10/2019 à 07:08:45

Très bon disque, même si pour le moment j'avoue un peu moins accrocher à celui-ci qu'au précédent. Mais ça reste de la haute qualité !

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