Møl (mol) - Jord

Chronique CD album (41:00)

chronique Møl (mol) - Jord

On peut s'imaginer beaucoup de choses en regardant simplement une photo.

 

"Attention les gars, on va faire une photo de groupe ici, avec la porte rouillée ça va faire classe, mais faites gaffe, y'a des merdes de chien partout !"

 

Photo d'une réunion de sosies : de gauche à droite 

N'importe quel mec qui bosse dans l'informatique, Thom Yorke, Joseph Gordon-Levitt, Matt Damon, Aiden Gillen


Quand la prof va choisir quelqu'un pour aller au tableau.


On peut aussi se demander à quoi ressemble Møl quand on voit la gueule des T-shirts que portent les danois : Sonic Youth, Swans et un truc illisible (sans doute) de black. 
Ce goubli-boulga textile est décontenancant voire flippant. Pas pour Cristina Cordula, qui regrettera un manque de couleur, soulignera l'absence d'originalité tout en avouant que le groupe est bien "dans le thème groupe de metal".

 


Non, au-delà de ces basses considérations vestimentaires, il y a de quoi s'interroger sur le contenu du disque d'un groupe affichant une telle pluralité.

Une découverte qui s'accompagne d'un roulement des yeux à la lecture du dossier de presse : encore du blackened shoegaze !
La lassitude guette chez les fans "ouverts" de black qui voient une multitude de bandes tenter de se faire un nom aux côtés des populaires Deafheaven et Alcest.
Sauf que là, c'est un peu différent : Møl a quelque chose de particulier à offrir.
Un patronyme qui permet de faire des jeux de mots, certes, mais bien que la tentation soit forte, on ne s'y abaissera pas*.

Non, ce que Mol a de plus emballant, c'est une orientation musicale bien affirmée. 
Pas de demi-mesure : tout y est parfaitement assumé ce qui permet d'adhérer (ou pas) au propos dès le premier morceau.
La rencontre avec le son de ce disque est ainsi à double-tranchant : les danois ont fait le choix d'une production glaciale à l'instar de Solstafir, mais sans le côté brumeux. 
La netteté quasi-clinique du son donne l'impression d'un groupe qui sait parfaitement où il va. De ce point de vue, la prod n'est qu'un emballage, mais elle fait honneur aux compos...

...et au genre.
Le grand écart entre le black metal direct, dur, criard et le post-rock-shoegaze est parfaitement géré par ce son froid.
Le chant, extrêmement classique (et quelque peu limité) pour le genre bénéficie d'une légère réverbération que l'on peut percevoir sur la guitare lorsqu'elle joue un post-rock qui rappelle les envolées de Mono ("Vakuum").
Ce goût pour le post-rock, on le retrouve sur la piste muetteet classieuse "Lambda", un instant qui permet de relâcher la tension au milieu de l'album. Ce titre est également un signal fort sur l'aisance qu'a le groupe à passer d'un genre à l'autre : tout devient alors une affaire d'équilibre.

Si l'on adhère au genre et l'univers de Møl, demeure la question de trouver ce disque et ses compositions digestes.

Le moment inévitable est donc venu de comparer ce disque avec la base : Sunbather de Deafheaven.

Sunbather avait amorcé une révolution musicale. Jord ne fait finalement que lui emboîter le pas avec quelques années de retard. Néanmoins, ce disque n'en est pas la pâle copie.
Certes, les sonorités parlent d'elles-même : Møl est l'héritier de Deafheaven, c'est indéniable, mais les compositions danoises marquent par leur concision, leur variété, leur accessibilité et leur émotivité.

On ne se perd pas dans les méandres d'écriture du groupe : c'est certes riche, mais l'impression est rapide. Les riffs touchent en plein coeur, le chant, bien qu'hurlant est déchirant ne devient jamais geignard.
Alors que Deafheaven se perd (parfois) dans des actes qui durent 10-15 minutes, l'énergie de Møl se concentre sur 6 à 7 minutes grand maximum. 
Cela permet au groupe de conserver une certaine intensité sans la rendre monotone (ou faire des allers-retours automatiques) grâce aux enchaînements aériens.
Enfin, Møl est une machine à émotions. Un peu grossière, turbinant à plein régime, au risque de déplaire puisque la partition jouée par chacun est faite pour tirer sur les nerfs lacrymaux...

Dans cette logique, pour le peu que l'on accroche à un morceau, on accroche à tous. Sans faire dans la surenchère, en s'efforçant d'être fin tout en intégrant des passages plus bas-de-front ("Bruma", "Virga"), Møl dégage un jeu en symbiose et une maîtrise d'écriture époustouflante pour un premier LP.
Møl a peut-être même involontairement joué avec les poncifs d'un genre que l'on pensait, à tort, déjà figé.

 

*Non, on ne fera pas de jeux de Møl-laids.
Cet album m'en donne plus qu'une demi-Møl.

Le groupe a pensé à tout, c'est du Møl-art.
On s'en prend plein les dents, ces petits jeunes de Møl ne manquent pas d'air...

Bonus hors-sujet : Quand il fait chaud, le groupe se met sous un énorme parasol, c'est la Møl-tonnelle.

T'en penses quoi Jean Roucas ?

photo de Tookie
le 01/06/2018

4 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 01/06/2018 à 09:23:52

Cette chro :D
Sinon, j'avoue ne pas avoir trop accroché à ce disque, pourtant j'ai essayé, mais rien à faire.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 01/06/2018 à 10:21:56

Chro énorme, album pénible.

cglaume

cglaume le 01/06/2018 à 10:48:25

Ha ha, c'est bon quand un chroniqueur se fait plaisir :D

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 01/06/2018 à 11:43:30

J'ai un jeu de mot en réserve mais je le garde sous le coude, pour la chro de GLORIOR BELLI.

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