Morbid Angel - Kingdoms Disdained

Chronique CD album (47:43)

chronique Morbid Angel - Kingdoms Disdained

Bon, ce fameux Illud Divinum Insanus de Morbid Angel, on en reparle ? Non ? Vous êtes sûrs ? Vraiment ? Très bien alors. Après tout, gardons de bons rapports : évitons de parler de choses qui fâchent. C'est d'ailleurs pile poil ce que nous fait Trey Azagthoth avec Kingdoms Disdained. Le retour de David Vincent sur album a mis le feu aux poudres ? Fort bien, on le vire ! On souhaite un bon retour à Steve Tucker et on reprend les choses là où on les avait laissé avec Heretic (2003), comme si de rien n'était. Au moins comme ça, tout le monde est content.

 

Et franchement, sur le coup, ce petit retour aux sources m'a fait plaisir à entendre – même si de mon côté, je n'avais rien contre son décrié prédécesseur, même s'il aurait sans doute mérité d'être estampillé sous un autre nom que Morbid Angel afin d'être réellement mis en valeur sans trop de railleries – et nul doute qu'il aurait récolté une note plus haute si j'avais rédigé cette chronique peu de temps après l'avoir reçu dans ma boîte aux lettres. C'est qu'on a affaire là à du Morbid Angel pur jus tel qu'on l'aime, prenant autant accroche durant la première ère Steve Tucker, avec une volonté de revenir aux fondamentaux des premiers opus, ne serait-ce que pour cette production « moderne à l'ancienne ».

 

Mais voilà, maintenant, je l'avoue : plus le recul fait son effet, plus je déchante. Et même si la qualité n'est pas foncièrement des plus mauvaises, on en arrive davantage à un postulat de déception. Au final, j'écoute Kingdoms Disdained, le réécoute, encore et encore, histoire d'amortir l'investissement. Les dernières notes de « The Fall Of Idols » tombent justement comme ces fameuses idoles, lourdement et abruptement et finalement qu'en ai-je retenu de cette galette ? Pas forcément grand-chose en vérité... Morbid Angel a beau revenir sous les latitudes auxquelles tous les deatheux l'attendaient au pied levé, j'ai davantage l'impression d'avoir affaire à une sorte de demande de rédemption consensuelle et fainéante. Chaque composition a beau respecter scrupuleusement le cahier des charges du combo, rien n'en ressort, hormis un cruel constat d'automatisme peu inspiré. Même si, fort heureusement, on n'atteint pas non plus ici l'auto-parodique. Et de cette monture reposant sur le duo Azagthoth/Tucker et mercenaires de studio, on en retiendra surtout le récent revenant qui semble être motivé à bloc – c'est la triplette de titres (« The Righteous Voice », « From The Hand Of Kings » et « For No Master ») qu'il a composés qui retient le plus l'attention d'ailleurs – ainsi que la frappe de Scott Fuller, variée qui blastouille bien bien, derrière les fûts en studio. Quand bien même la mise en son ne met pas la batterie sous son meilleur jour.

 

La production, pourtant signée par Erik Rutan (Hate Eternal / ex-Morbid Angel), est également un point qui me chagrine de plus en plus au fil des écoutes. Retrouver cette étincelle old-school est une chose, encore faut-il que ce soit du neo-retro de bon goût. Et à ce niveau, j'aurais plutôt tendance à voir ce genre de traitement davantage sur du black metal moyen de gamme plutôt que sur le death haut de gamme auquel prétend un groupe comme Morbid Angel. Et surtout mis en boîte par un producteur au CV loin d'être dégueulasse et qui faisait partie de la maison il fut un temps. Bref, si les productions des premiers opus passent plutôt bien le cap du temps, c'est moche de devoir se coltiner une batterie qui surplombe tout et une guitare qui se noie complètement, y compris dans certains soli (« The Fall Of Idols », « Garden Of Disdain »). Après, on lui reconnaîtra toutefois qu'elle participe pleinement à retrouver l'esprit Morbid Angel originel en terme de bestialité crue et dérangeante mais à ce niveau, il semble y avoir quelques petites choses à revoir en terme d'équilibrage de mix afin de rendre pleinement honneur à chacun.

 

Et ça, c'est d'autant plus dommage qu'il y ait un loupé sur ce point car ça aurait peut-être permis à Kingdoms Disdained de se hisser à la catégorie supérieure et asseoir d'autant plus sa place au milieu de tous ces jeunes loups se contentant de singer ce que Morbid Angel a lui-même institué, parfois avec une fougue et qualité insolentes supérieures à cette galette d'ailleurs. Car un meilleur rendu de cette atmosphère si unique aurait pu partiellement pallier au fait qu'on n'ira pas relever ici du riff qui tue et qui marque, comme des Altars Of Madness (1989), Blessed Are The Sick (1991), Domination (1995), voire même certains moments Formulas Fatal To The Flesh (1998) si l'on tient à se référer à l'ère Tucker. Et au final, que nous reste-t-il de ce Kingdoms Disdained ? Du Morbid Angel pure souche certes mais dans sa qualité banalement moyenne. Bref, pas du grand Morbid Angel quoi...

photo de Margoth
le 15/03/2018

5 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 15/03/2018 à 08:30:32

Illud Divinum Insanus défonçait. Il avait de la personnalité et de la gueule.
Celui-ci est très cool...mais je suis tout à fait d'accord avec toi : c'est banal. Bon mais banal. Dommage, j'aime bien quand Morbid Angel se triture la nouille pour sortir quelque chose "à part".

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 15/03/2018 à 11:31:15

Un hamac, un mojito, du Soleil et le dernier Morbid Angel....

cglaume

cglaume le 15/03/2018 à 13:20:13

Je ne l'ai même pas essayé, vu l'"enthousiasme général"...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 15/03/2018 à 18:15:41

Coupe toi les ongles des pieds, c'est plus intéressant.

Margoth

Margoth le 15/03/2018 à 18:34:10

Continue de t'émoustiller sur le live de Dirty Shirt, c'est mieux ;)

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