Nailbomb - Point Blank

Chronique CD album (1:02:33)

chronique Nailbomb - Point Blank

Les super-groupes? Des aimants à fans trépanés. Du buzz facile. Des stickers en pagaille collés sur les CDs par des labels à la communication hystérique. Des grenouilles qui se prétendent plus grosses que les bœufs…

Les side projects? Des plaisirs égoïstes d’artistes en vue persuadés que le moindre de leurs pets va passionner les foules. L’officialisation sournoise que « peut-être bien que c’est d’la merde mais j’ai le droit, je suis en dehors de mon champ de compétence »…

 

Raccourcis? Caricatures? Un peu, évidemment: ce n’est pas toujours si noir. M’enfin d’expérience, ce genre de formations gonflées au pipeau, ça reste quand même souvent dans les gris sombres…

 

Sauf qu’il existe des exceptions fameuses: S.O.D., Bloodbath, Lock Up, Fantomas, Infectious Grooves, ou plus près de nous – géographiquement parlant – Empalot, Phazm ou encore Step In Fluid. Encore un nom peut-être? Madame? Nailbomb? Madame ne manque pas d’à-propos!

 

L’histoire de Nailbomb, il y a de bonnes chances que vous la connaissiez déjà, mais on ne peut y couper: le petit Kevin est peut-être parmi nous, et il faut bien que quelqu’un l'éduque! Il s’agit donc d’une collaboration ponctuelle (de 1994 à 1995 seulement) entre Max Cavalera (Sepultura, Soulfly) et Alex Newport (Fudge Tunnel). Ce duo plus choc que chic n’enregistra qu’un album – par élimination, donc? Point Blank, bien vu! – auquel participèrent quelques invités de marque: Igor Cavalera et Andreas Kisser de la Sepulmafia, ainsi que Dino Cazared de Fear Factory.

 

Côté musique, l’objet du délit est un pavé qui brûle les doigts au Molotov et crame les esgourdes avec un chalumeau Thrash/Indus/Punk. Le genre de bouquet de décibels qui donne envie d’aller se frotter aux milices d’une dictature sud-américaine. Point Blank propose la poussière et les bourrasques d’Arise mêlés à la puissance aveugle et mécanique d’un Ministry enmadmaxisé. Plus une rage, une sauvage simplicité, un discours même, clairement issus du Punk – ce n’est pas un hasard si le duo reprend du Doom (« Exploitation », surboosté à partir de 1:31!) et invite D.H. Peligro des Dead Kennedys sur scène. C’est raw, implacable, à la fois froid et groovy, doté d’une basse vrombissante maquillée au fil de fer barbelé. Et ça donne envie de faire manger des pierres à des représentants des forces de l’ordre!

 

Point Blank, ce sont quelques incontournables: la grosse tarte introductive « Wasting Away », le Punk metal joyeusement mauvais de « Blind & Lost » qui cavale en ricanant dans les favelas, la roquette sexy « For Fuck’s Sake » (qui me fait systématiquement penser à « Louison Bobet » des Ludwig Von 88 – écoutez voir à 2:14 tiens), le tube mid tempo hypnotique « World of Sit » (Hate is reality, Don’t you know God hates?), et surtout la tuerie absolue « Religious Cancer », avec son couple de grattes-scies-circulaires qui jouent au ping-pong et les ricochets excessifs de grattes retouchées à la mode Igorrr / Whourkr (Vlan, à 1:28). A cela il faut ajouter une dose d’atmosphères sombres au contraste judicieux (« Sum of Your Achievements », qui fait un peu le même effet qu’un « Contemptuous » ou un « Morale » chez Napalm Death). Mais c’est en fait toute la tracklist qui a atteint aujourd’hui un statut véritablement culte.

 

Je vais néanmoins me permettre d’égratigner un peu la légende à la marge. Parce que « Cockroaches » a la fesse un peu lourde des lendemains d’agapes. Parce que « For Fuck’s Sake » nous fait poireauter plus d’une minute dans le noir d’un hangar en fin d’activité industrielle avant de lâcher les chiens. Et parce que la fin d’album est plutôt casse-bonbons, entre l’interlude « Shit Piñata » inutile et brouillon, et un « Sick Life » artificiellement étendu à presque 18 minutes (mais sans titre bonus en fin de course) ne proposant rien de bien excitant.

 

C’est pourquoi Point Blank ne récolte « que » 8,75/10. Vous imaginez un peu le carnage si l'on zappe les 2 dernières pistes? Inutile de préciser que l’album est indispensable!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: quand Max Cavalera et Alex Newport décident de jouer aux billes ensemble, c’est un peu comme si le Sepultura pas encore tribal de Arise / Beneath The Remains se mettait à l’Indus des grandes friches industrielles abandonnées où zonent des hordes de punks vindicatifs. C’est du concentré d’agression froidement groovy et méchamment revendicatrice… Et surtout: c’est un beau petit brin de bout de légende!

photo de Cglaume
le 02/09/2018

8 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 02/09/2018 à 09:22:59

Un indispensable!
SI l'album est "un pavé qui brûle les doigts au Molotov et crame les esgourdes avec un chalumeau", le live est une "avalanche impromptue de bombes au phosphore en sortant du bain".

cglaume

cglaume le 02/09/2018 à 09:24:45

Offre toi la chronologie du live alors !! ;)

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 02/09/2018 à 10:06:34

Pochette traumatisante, compos brutalisantes: CULTE

sepulturastaman

sepulturastaman le 02/09/2018 à 11:33:28

A la grande époque de la road des années nonante, on était beau et jeune ne nous reste plus que la beauté et des disques....

Xuaterc

Xuaterc le 02/09/2018 à 11:41:05

Par contre, la Road...
Cyril, je crois que j'ai déjà trop de chro oldies en base

sepulturastaman

sepulturastaman le 02/09/2018 à 11:58:14

Tu peux pas dire ça c'était quand même jusqu'en 97-98 une chouette écurie.

Xuaterc

Xuaterc le 02/09/2018 à 13:08:22

Oui, après ces dates, on l'a perdue corps et âme, c'était le sens de ma remarque
je crois qu'on a déjà eu cette discussion Sep' ;-)

cglaume

cglaume le 02/09/2018 à 13:33:47

Nickelback a tout gâché...

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