Nesseria - Cette érosion de nous-mêmes

Chronique CD album (47:20)

chronique Nesseria - Cette érosion de nous-mêmes

« Transversalité et désespoir cru pour seul leitmotiv! ». Putain on dirait un bandeau publicitaire, c'est désespérément con comme entrée en matière ! On a sûrement les entrées en matière qu'on mérite... Et pourtant, c'est peut être la tournure de phrase qui définirait pour le meilleur ou pour le pire le parcours et le dernier assaut Hyper-saillant des Orléanais de Nesseria. Leur dernier coup de sang est en effet à l'image de leur trajectoire : Fuyant et transversal. Fuyant car ne pouvant être assigné à telle ou telle catégorie. Transversal car capable de proposer des ambiances et des techniques casse gueule à agencer de manière harmonieuse et cohérente. En effet, depuis 2004 date de sa formation, Nesseria distille à nos écoutilles usées par de Maso larsens une musique à l'assise Hardcore, mais qui a su s'inspirer en fonction des époques, de styles à géométrie variable. Sur Cette érosion de nous-même, ça frôle vraiment l'insolence. Intérêts majeurs du groupe donc : Son Feeling hyper inspiré, sa fraîcheur et sa faculté régénératrice.

 

Avec Cette érosion de nous même, Nesseria casse littéralement la baraque et anéantit l'espoir ambiant dans lequel aiment à se satisfaire les occupants d'un espace pourri par d'illusoires commodités. Solitude, Souffrance et Intox sont le lot quotidien de millions de nos congénères face à la catastrophe généralisée. L'objectif pour Nesseria, si contrariant soit-il pour l’optimisme des catégories sociales les plus intégrées : dévoiler et retranscrire à grand renfort d'ambiances aussi atmosphériques que corrosives une réalité âpre et lugubre. Deuxième intérêt du combo donc : Son honnêteté esthétique par rapport à la triste réalité qui nous entoure et l'humilité de sa démarche. Car si lucide soient-ils, les membres de Nesseria n'ont pas la prétention de se penser au dessus ou en dehors du monde social, mais reconnaissent volontiers être aussi en proie à des forces sordides agissantes. Pour conclure sur la dimension politique de cet Opus, le « nous » de Cette érosion de nous-même renvoie également à l'idée d'horizontalité, concept qui commande dés son origine, l'action et la philosophie Punk-Hardcore. Que dire de plus sur les orientations politiques de cet Opus ? Pas grand chose ! Le « nous-même » et les thématiques abordées sur ce brûlot Post-Hardcore en disent assez long. Aïe !!Outch !! La catégorie est lancée. En effet, c'est la tendance qui se dessine sur Cette érosion de nous-même, mais il est difficile de se formaliser avec Nesseria. Cette érosion de nous-même est une œuvre globale et transcendante.

On passe très vite sur le plan technique, les musiciens de Nesseria ont du skill, ça s'entend, et mobilisent une palanquée de techniques empruntées de-ci de-là. A l'aise dans pas mal de domaines, ils peuvent compter sur leur énergie et agressivité Punko-Crusty « On prendra l'habitude », sur leur endurance Black « Dans l'ombre et sans visage », sur leur dextérité et leur frénésie Metalcore empruntent d'une chaotique fougue « Forteresse » enfin sur un sens mélodique qui fait mouche sur chaque titre. Calme toi Freaks !! Les idées s'articulent très bien entre elles, l'équilibre est parfait, les loulous se connaissent bien, chacun est à sa place et donne le meilleur de lui même ou pas d'ailleurs ; car ce qui frappe au sens littéral et figuré du terme sur Cette érosion de nous-même, c'est l'aisance avec laquelle les membres de Nesseria captent l'essence même des idées (pullulantes) qu'ils souhaitent exprimer. L'atmosphère pesante, sombre et délétère de cet LP est sur le plan strictement formel très juste, crédible et toujours composée à partir d'idées relativement simples. Prenez par exemple le final de « Saint-Pétersbourg », isolez la Lead un instant, vous y verrez peut être comme moi un premier cycle guitare en train de répéter/lutter sur une gamme plutôt poussive. Et pourtant ça marche...

 

Bref ! Passons aux morceaux...

 

Un début à l'ancienne « On prendra l'habitude » pour débuter la rencontre entre le Freaks et Nesseria. Le ton est donné, ça devrait être intense. Séché direct par une entame de match qui laisse présager une partie déséquilibrée, douloureuse et violente. On enchaîne avec « La chasse aux écureuils », titre ouvert, en trois actes Svp. Un couple basse/batterie hyper classique sur « Les ruines » mais qui fonctionne très bien. Titre qui débute sur une rythmique de basse hyper-dynamique à l'emballage presque Rock. Un dynamisme plutôt éphémère qui s'achève, ou plutôt qui s’effondre l'espace d'un accord massif sur une ambiance très Post-hardcore qui n'est pas sans rappeler le meilleur de ce que pouvais donner (A regret sans Julie Christmas) Cult of Luna. Le deuxième volet de « Sur les ruines » est, comme sur beaucoup d'autres morceaux d'ailleurs « La chasse aux écureuils », « Saint-Pétersbourg », « Dans l'ombre et sans visage » très maîtrisé dans sa progression, aussi subtil qu'équilibré, aussi profond qu'épuré. C'est très simple avec Nesseria, soit c'est irrespirable dans les moments les plus denses et nerveux, soit au contraire son jeu se veut beaucoup plus aéré, sensible et putain c'que c'est mélodique. J'en chialerai comme le jour ou j'ai appris que Michel Onfray était philosophe libertaire et pas vedette télé. Quel tartuffe celui-là aussi. Arrête Michel !!! ça devient hyper gênant...

Petit reproche de rien du tout sur l'interlude Folk « A l'usure », elle me fait beaucoup trop penser à Turned Black de Nostromo mais en plus fauchée. Pourtant, mis à part le fait qu'elle partage une tonalité et quelques accords en commun, on est assez loin du plagiat. Restons honnête et ne cherchons pas la contrariété, elle a quand même de la gueule, ne serait-ce que pour le chant de Désiré (Ouai j'fais genre on est intime avec le chanteur de Nesseria, c'est pour obtenir la validation de mes pairs). Pas une grosse technique ce Frontman, un Scream atonal mais une vrai force brute. Il partage avec le chanteur/Back de Death Mercedez ( du moins sur Sans éclat) ce même style et cette même niaque, surtout lorsqu'il chafouine avec des aiguës carrément poignants. « Saint-Pétersbourg ». Tout pour nous/me plaire donc...

« Dans l'ombre et sans visage », Outch ! Ce titre est peut être le plus Dark et Creepy du Skeud. On atteint avec cette piste aux allures d'Horror Tracks le point paroxysmique de cet LP. Suffocation, pourrissement suivi d'une mort lente (très lente) nous attendent... ne nous détournons pas de l'horreur, aucune échappatoire n'est possible, nous sommes déjà un peu mort, c'est criant de vérité sur « Dans l'ombre et sans visage ». Terminons sur les notes introductives de « Cette érosion de nous-même » qui ne sont pas sans me rappeler l'ambiance minimaliste et mélancolique développée par Taniuchi Hideki sur l'Ost du devenu culte manga Death note. Ces quelques arpèges, très Fall Efrafa aussi, à la porté de n'importe quel deuxième cycle sorti fraîchement certifié du conservatoire à Papa sont, de part leur sensibilité toute feutrée, magnifiques. La ligne mélodique de ces arpèges reprend très bien à son compte la tonalité générale de cet Opus. Content d'être arrivé jusque l'Outro, on se dit pour finir que le plus dure est derrière nous. La tension, la colère, l'horreur et le désespoir enduré/dégusté jusque là retombent pour laisser place à une atmosphère finale, funeste, propice à l'apaisement et au recueillement. Et pourtant, la tournure esthétique que devait prendre « cette érosion de nous-même », à savoir fatalement désespérante, est radicalement remise en cause en milieu de piste par les quelques surprenantes et lumineuses Spaces-notes. Bonne idée, quoique un peu casse gueule, que d'inclure en Outro des effets célestes un peu datés dans une œuvre aussi sombre et abyssale. C'est donc sur ce dernier souffle froid que s'achève cet LP aux allures de purge cathartique. Un peu d'espoir donc pour conclure ? Pas vraiment, le seul espoir que l'on puisse ressentir à l'écoute de cette séquence Cosmo-cool repose (peut être) dans l'idée que tout a une fin, une fin triste et glaçante mais libératrice.

De part leur esthétique Hyper-dark et leur franchise contestataire, Sentinels de Nine Eleven et l'érosion de nous-même de Nesseria sont pour le moment et pour moi les tannées Hardcore Hexagonale de cette année 2017. Peut être un Top Must à la cool en perspective ? En attendant, je vais me réécouter Fun,Fun,Fun des Beach Boys histoire de regagner quelques points de « santé mentale positive ». Et puis merde ! Crève la psychiatrie ! Crève son bonheur en gélule ! N'en déplaise à son Hygiènisme politique et à ses illusions médicales, je vais me repasser jusqu'à l'usure  cette érosion de nous-même. Ça en vaut vraiment la peine !

 

P'tit Big Up de fin d'chronique... Big Up Nesseria ! pour l’œuvre épique que vous venez de pondre.  Big Up Papa !! Tu n'aurais rien compris à ce groupe. La culture en boîte nous a séparée, les riffs funestes de Nesseria rassemblés... Basta !

photo de Freaks
le 09/10/2017

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