Palehørse - Palehørse

Chronique CD album (39:52)

chronique Palehørse - Palehørse

Changer de patronyme en cours de route, voilà qui pourra sembler saugrenu pour certains, d'autant plus lorsqu'il n'y a aucun véritable bouleversement de personnel. Et pourtant, même sans changer particulièrement de ligne directrice, on aura pu observer par le passé que ça a bien réussi à un certain Legion Of The Damned qui s'est octroyé pas mal de succès d'estime dans sa niche et ce, dès son premier jet sous ce patronyme, après des années à trimer vainement dans un sentier de boue sous le nom d'Occult. Et il y en a d'autres qui décident de changer d'appellation afin de justifier le fait de faire évoluer son propos. C'est le cas des Finlandais de Palehørse, nouveau poulain d'Indie Recordings, qui nous exhibe son premier album éponyme au travers des cendres d'Amendfoil.

 

Y a-t-il un intérêt à une telle manœuvre alors que certains gros noms se permettent des virages vertigineux ont l'audace de conserver leur patronyme originel envers et contre toutes les railleries des fans de la première heure ? Citons pêle-mêle des Opeth, l'escapade annexe de Metallica avec Lou Reed sur « l'étrange » (merdique ?) Lulu, Anathema, Paradise Lost ou encore ce fameux Illud Divinum Insanus de Morbid Angel extrêmement controversé (qui aurait peut-être bénéficié de la reconnaissance qu'il méritait s'il était sorti sous un autre nom). Surtout dans un cas où le groupe initial jouit d'une popularité toute relative comme Amendfoil. Bref, qu'importe, ça n'empêche que le présent opus dépasse son répertoire initial des pieds à la tête et ce, sans non plus bouder les bases metal alternatif qu'il a développé auparavant. Juste que les mecs ont dû découvrir une tornade suisse nommée The Erkonauts, par ailleurs signée chez la même écurie, et que ça a bouleversé tout leur programme et approche créative.

 

Enfin, si Palehørse ne connaît pas le groupe sus-cité, le chamboulement de registre serait une sacrée et heureuse coïncidence tant il y a de points communs entre la musique des Helvètes et des Finlandais. On se retrouve là avec cette même approche du progressif pas spécialement orientée technique branle-manche mais plutôt par le souci de construction de titres multi-facettes, tant en terme de styles, ambiances et tessitures. Ça joue donc la carte du fourre-tout sans jamais avoir l'impression de perdre en cohésion. Et surtout d'accessibilité de par un petit côté pop/rock qui est là sans forcément être trop là afin d'amener de l'efficacité hyper accrocheuse. Niveau comparaison avec The Erkonauts, on pourra aussi citer le même genre de lignes de chants, mises en valeur de manière plutôt similaires, notamment dans les effets dans les superpositions plus ou moins saturées (« The Passenger », l'un des cas les plus évidents).

 

Malgré tout, il serait dommage de les reléguer en simple « copie de ». Car clairement, si l'on reconnaît des approches et volontés artistiques communes, Palehørse parvient malgré tout de même à proposer une ration toute personnelle. Dans le plus évident, on citera le timbre très particulier de son chanteur qui risque de s'attirer autant de foudres que de passion que son compatriote Kärtsy Hatakka (Waltari). Même s'il est loin de se montrer aussi caméléonesque que ce dernier, il faut admettre que la variété de registres vocaux est au rendez-vous ici également et se montre impressionnante dans la maîtrise. Et en dehors de toute considération de gosier, la toile de fond musicale se veut également un brin différente de celle de The Erkonauts. On a beau retrouver une base 'n roll grassouillette, Palehørse s'avère tout de même bien plus metallique. Plus sauvage également tant les premières écoutes montrent un visage autrement plus imprévisible. Jetez une oreille à l'intro jubilatoire de « Carthasis » qui s'enchaîne sans temps mort par rapport à l'interlude acoustique précédente, véritable cavalcade presque death'n roll qui vire d'un seul coup d'un seul vers du black le temps de quelques secondes avant de s'adoucir sans transition, il y a de quoi rouler des yeux ronds comme des billes la première fois. Ou encore cette sorte de réminiscence des Norvégiens de Shining (nor) dans l'urgence quasi-indus' dans le riff principal de « Darken Waters ». Du metallique qui n'est jamais à l'abri de se faire lisser à tout bout de champ par un côté un peu pop/dance typiquement scandinave tel qu'on peut l'entendre sur l'imparable « Dead Wrong ». Ou se trouver des feelings très garage rock poppisant sur « Pale Horse », voire copain-punkisant sur « The Passenger ».

 

Ajoutez à cela une prod' béton et sans faille et vous pouvez vous procurer sans hésiter ce Palehørse qui maîtrise aussi bien son propos que The Erkonauts. Certes, les Finlandais n'inventent pas la poudre comme les Suisses ont pu le faire. En revanche, ils se réapproprient la recette en lui amenant de nombreuses subtilités supplémentaires qui leur permettent d'avoir une véritable personnalité. Un signe qu'on voit comme une sorte de sous-chapelle naître véritablement ? Peut-être bien et avec un tel niveau de qualité, ce n'est pas pour nous déplaire...

photo de Margoth
le 12/07/2019

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