DIRGE - Interview du 02/11/2007

DIRGE (interview)
 
Allez, on va démarrer par la question de base : comment présenteriez-vous DIRGE à quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de vous ?
Alain : DIRGE existe depuis 1994 et a été crée par Marc T. Le groupe a évolué jusqu'à 1999 en passant de deux à trois membres avec une musique basé sur un guitare/basse/chant et le reste tournant sur des machines synchronisé avec des images pendant les concerts. Le tout dans un style plutôt « métal-indus ». En 1999 je suis arrivé à la batterie et Christophe [ Zomb ] D. aux samples. Une évolution s’est mise en marche naturellement. Avec beaucoup moins de machines dans notre musique, on se retrouvait du même coup sans contrainte de tempo ou de temps à respecter ce qui nous a permis de développer, toujours dans le même esprit, quelque chose de différent et de laisser libre court à l’impro. Aujourd’hui nous sommes cinq musiciens sur scène : Marc T. à la guitare et au chant, Christophe [ Zomb ] D. aux samples, Stéphane L. à la guitare, Christian M. à la basse et moi-même Alain B. à la batterie.

3 ans se sont écoulés depuis la sortie de « And Shall the Sky Descent », et on doit dire que vous vous êtes fait assez discrets durant ce laps de temps; pas beaucoup de dates (hormis une sur Paris avec CULT OF LUNA), peu de news... Est-ce que vous n'avez pas réussi à accorder vos agendas où vous étiez déjà plongés dans l'écriture du prochain?
Alain : Disons que l’on a du faire une quinzaine de dates pour la promo de « And Shall The Sky Descend ». Nous aurions bien aimé tourner un peu plus, mais comme à l’époque nous étions complètement en autonomie, on n’avait pas de tourneur, pas de label, pas beaucoup de moyens, on a fait que ce que l’on a pu !
Stéphane : Peut-être aussi que les programmateurs de concerts étaient un peu frileux vis à vis de notre style de musique, ou ne savait jamais vraiment avec qui nous placer sur une date. Aujourd'hui les choses semblent avoir un peu changé. J'espère pour une fois qu'on en tirera les bénéfices en tournant plus, car c'est sur scène que la musique de Dirge prend sa pleine dimension. Ou plutôt, une dimension différente de celle des l'album.


A propos de « Wings of Lead Over Dormant Seas », qui est encore une fois très réussi, vous poussez encore l'expérimentation en y incorporant de multiples instruments comme du violon ou d'autres nappes synthétiques, est-ce que c'est quelque chose qui vous vient au gré de sessions avec des musiciens divers ou vous aviez déjà tout en tête avant de mettre ça en boîte ?
Alain : En fait l'enregistrement de l’album s’est fait en deux temps. Nous avons commencé par aller en Suisse au Studio:Mécanique (à La Chaux De Fonds) pendant une semaine. Le corps de l'album ( batterie/guitares/basse ) y a été enregistré dans des conditions « live ». Une fois revenus en France, c'est dans le home studio de Marc T. que s'est déroulé la suite du processus d'enregistrement. On a placé les samples, fait les voix, les guitares acoustiques… Puis nous nous sommes intéressés aux participations extérieures au groupe. Certains comme la violoniste (Eliane) ou le trompettiste (David) se sont largement inspirés des parties que nous avions nous mêmes composé à leur intention. Mais pour le reste, en particulier les voix d'Hichem et de Nicolas, carte blanche leur a été laissée. Nous sommes comblés du résultat.

La nature même de vos compositions et les titres des morceaux qui figurent sur vos derniers albums donnent un aspect « contemplatif » à votre musique et en même temps « introspectif » (dans notre rapport à notre terre, ce qui nous entoure et ce à quoi nous appartenons en même temps). Est-ce que tu peux comprendre que vos compos puissent amener à ce type de sentiment, de réflexion ou alors laissez-vous suffisamment de flou pour permettre une interprétation plus libre de ce que vous proposez ?
Stéphane : La musique parle toute seule et véhicules des émotions, des impressions, des paysages que l'auditeur est libre d'appréhender, d'analyser et de ressentir comme il l'entend. Exactement comme les textes ou nos artworks : chacun est libre d'y trouver (ou pas) une signification, de s'approprier notre univers. « Contemplative», « Introspective », notre musique l'est, à mon sens du moins. C'est comme cela que je l'imagine. Et entendre, lire ces même termes dans la bouche ou dans les écrits d'une personne extérieure comme toi, prouve qu'un certain contact, qu'un certain échange s'établie entre le monde extérieur et nous. C'est une belle impression.

Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur le 2e CD qui se trouve dans « Wings of Lead Over Dormant Seas » et qui se trouve être un seul et même titre. Avez-vous un peu plus laissé libre cours à l'improvisation ?
Alain : Disons qu’en rentrant en studio, le morceau était déjà bien structuré, on avait une idée assez précise de son développement global. Ensuite on a laissé volontairement d'importantes plages destinées à l'improvisation pour avoir quelque chose d’assez spontané. Et au final le morceau a été enregistré en très peu de prises.
Stéphane : En fait, nous savions depuis longtemps que ce disque serait un double album et que le CD2 serait entièrement dévolu au seul titre « Wings Of Lead... ». Tout le travail effectué en amont dans le studio de Marc, ainsi que l'enregistrement final et ses segments entiers improvisés ont finalement abouti à ce titre très long. C'est une pièce fleuve qui n'est absolument pas un exercice de style, mais plutôt le résultat d'une expérimentation extrême, une plongée dans le champs des possibles qu'offrait la quasi absence de limite temporelle.


Quand on vous a déjà vu sur scène on sait qu'il manque, sur CD, la dimension visuelle qui a une place prépondérante dans votre set, comment se passe le montage qui servira de toile de fond à vos concerts? Est-ce déjà dans vos têtes durant l'enregistrement des pistes ?
Stéphane : / Il m'arrive parfois de penser aux images que peuvent m'inspirer certains passages lorsque je glisse dans une écoute plus « passive » des nouveaux titres en cours de composition. Mais globalement, le travail sur le film ne commence qu'une fois les morceaux terminés, voire enregistrés. La musique et les images, si elles sont en étroite relation lors des concerts, ne se pensent pas de la même manière et surtout pas au même moment en terme d'élaboration. Nous ne faisons pas de la musique de film, nous posons des images sur notre musique. C'est un processus très différent. En fait, je commence le montage des images avec la musique en arrière fond, mais sans réel soucis de synchronisation, attendu que, ne jouant pas au click sur scène, la musique et le film ne peuvent se caler précisément et que nous n'avons pour l'instant pas deVJ. Le contenu du film lui, est composé d'éléments venant de multiples sources : archives historiques, documentaires, films etc… auxquels je rajoute parfois certains traitements visuels (compositions, déstructurations, distorsions d'images etc..).

Pour continuer sur ce sujet, vous n’avez pas eu l’envie de réaliser un DVD qui aurait accompagné votre nouvel album pour justement amplifier ce côté visuel ?
Alain : Pour l’instant pour des raisons financières ce n’était pas d’actualité. De plus, le fait que ce soit déjà un double album, ne nous a pas incités à rajouter un DVD en plus. Peut-être une piste pour le prochain album ?

Et pour revenir aux concerts, une tournée est-elle prévue pour bientôt ? Car vos dates sont vraiment très rares…
Alain : Nous devrions tourner à partir de Janvier 2008 en Europe.

La dimension cinématographique de votre musique devient encore plus évidente lorsqu'on se penche sur le titre qui compose le 2e CD de « WOLODS », est-ce que l'expérience de composition d'une véritable B.O pour un film est une chose qui vous attirerait? Vous l'a-t-on déjà proposé ?
Alain : Nous n’avons jamais eu ce genre de proposition pour l’instant, et je crois que l’on n’y a jamais vraiment pensé.
Stéphane : Je trouve que ce serait un truc très intéressant à faire, un challenge assez exaltant car totalement nouveau pour nous. Mais il faudrait qu'on nous propose quelque chose dans lequel on se retrouve vraiment, quelque chose qui soit dans une sphère un minimum similaire à la nôtre.


Vous avez récemment signé chez Equilibre Music pour la sortie de « WOLODS », c'est un label qui a un catalogue très éclectique et qui signe des artistes en dehors des étiquettes (SLEEPYTIME GORILLA MUSEUM, les feu-CARNIVAL IN COAL), comment s'est passé le contact avec eux? Sont-ils venus spontanément vers vous ?
Alain : Disons que pour la sortie de l’album précédent « And Shall The Sky Descend » nous avions déjà failli signer avec Osmose, mais pour diverses raisons cela ne s’était pas fait. Puis fin 2006 le contact a été repris avec Nicolas d’Equilibre Music (un sous label d’Osmose) et après quelques discussions, la signature s'est concrétisée, car au final nous partageons un état d’esprit relativement similaire. Et plus que tout, ils nous laissent complètement libres au niveau créatif. A l'heure d'aujourd’hui nous sommes très contents d’avoir signé avec eux.

Question assez habituelle chez nous, Est-ce que vous vous intéressez à la littérature? Est-ce qu'il y a des auteurs ou des livres qui vous inspirent dans les paroles ou l'atmosphère de vos chansons ?
Stéphane : Nous ne sommes pas franchement orientés littérature. Personnellement je ne lis plus beaucoup, je ne vois donc pas du tout d'influences à ce niveau là. Tout au plus, doit il me rester dans l'écriture quelques restes d'œuvres qui m'ont marqué à l'adolescence comme Les Chants De Maldoror ou Les Fleurs Du Mal/Spleen & Ideal. Mais à bien y réfléchir, je pense que les écrits et les visions hallucinés d'un Lautréamont continuent, sans que je m'en rende forcément compte à nourrire certains textes. En partie du moins.

Merci à vous pour votre temps… Un dernier mot à ajouter ?
Stéphane : Merci beaucoup pour ton soutien.
photo de Mat(taw)
le 05/11/2007

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