Radius System - Architects Of Yesterday

Chronique CD album (43:36)

chronique Radius System - Architects Of Yesterday

 

Et si "Architects of yesterday" était un "album de gare" ?

Loin d'être un reproche artistique lancé par un critique insatisfait d'un succès populaire comme pour un roman, la réponse se trouve dans la froideur du Quai n°1 balayé par de sérieuses bourrasques.

 

J'attends le TER qui doit me ramener. Mon voisin de quai tente désespérément de tenir une flamme sur son briquet quasi-vide. Le vent me pousse à détourner le regard de l'autre côté.

Une nuée d'anonymes s'active dans le hall, puis semble ralentir lorsqu' "Autopilot" ouvre ce "Architects of yesterday".

On ressent encore plus le froid ambiant avec le choix de la production de cet album. Voix glaciale avec une légère résonnance, guitares lointaines : tous les moyens sont bons pour embrumés l'esprit et le coeur de l'auditeur en plus des variations de rythmes, des reprises qui vous prennent au corps ("Air leaks" est un modèle du genre).

 

Mais revenons-en à ces individus mobiles dans la gare. Chaque piste semble correspondre aux actions de l'un d'entre eux.

Le train aura un retard de 10 min. le temps de prolonger ce voyage statique avec "Parallel notebook" interlude mené par un piano dans une ambiance qui collerait si bien à l'adolescente qui vient de vivre un amour déçu il y a quelques minutes.

 

Le chant de Gregory Hoepffner, désormais unique tête d'un projet qui en comptait deux, est plus tendre et également torturé que jamais. S'il sait se taire c'est pour laisser parler des instruments sur "Architects of yesterday". Un morceau de 7 minutes qui semble retracer tout les tourments vécus par l'homme assis, seul sur un banc, le regard dans le vide. Riche, puissant, ce titre éponyme annonce un "Funeral" d'une bonne minute, court, mais aux sonorités lourdes de sens.

"Picture goodbye" colle si bien au couple qui se sépare pour une durée indéterminée lorsque le TGV les éloignera à grande vitesse. La dernière minute, paroxysme d'intensité entre des guitares acérées et des coups secs donnés sur des toms déjà usés par certains passages nous laisse imaginer leurs pensées de l'instant.

 

Radius System évolue encore et pousse les limites de son post-rock en continuant d'y intégrer des mélodies accessibles sans tomber dans le cercle vicieux de la composition facile et redondante. Le projet trouve son chemin en empruntant quelques aspects à de grands noms tels que Dredg (quand ils étaient bons...), Sigur ros ("Vacant before") ou Jesu pour ce chant et cette ambiance shoegaze au milieu de fracas finaux (comme avec "Siberian Winter"). Mais même le fracas est préparé, réfléchi puisqu'on entendait sur la 4e piste des larsens lointains avant qu'ils ne nous éclatent en pleine face.

Parfois amenées par une batterie un peu nerveuse, les accélérations et explosions se font parfois lourdes grâce aux effets apportés sur la guitare qui font de cet album autre chose qu'une banale galette de post-rock ou shoegaze.

C'est fouillé, intelligent.

 

Avant de monter dans le train je vois une lectrice absorbée par l'épilogue sans doute palpitant de son roman de gare.

Mon album de gare a lui 10 histoires déroutantes et autant de conclusions bouleversantes...

photo de Tookie
le 19/07/2011

3 COMMENTAIRES

Pidji

Pidji le 19/07/2011 à 09:21:31

Très bon disque, mais difficile à appréhender au départ je trouve. Il faut un peu persévérer pour entrer pleinement dedans !

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 19/07/2011 à 18:23:46

En tout cas, essai réussi... ça donne bien envie de l'écouter cet album

Sam

Sam le 20/07/2011 à 08:58:28

j'aime bien, mais je le trouve moins prenant que les excellents Almost Nothing et surtout Escape / Restart

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements