Revok - Bunt auf Grau

Chronique Vinyle 12" (40:13)

chronique Revok - Bunt auf Grau

10 ans. Cela fait 10 ans révolus que Revok a pris possession dans l'univers des musiques énervées. Et lorsque l'on parle de possession, pour les franciliens, le terme est loin d'être galvaudé. Revok est Possession.

En reprenant le sacerdoce des Portobello Bones ; des compositions intenses, une créativité vraiment novatrice et un gros manque de reconnaissance, Revok est devenu énorme en terme de référence. Les gens passionnés et sérieux qui s'intéressent aux musiques actuelles n'ont plus qu'à acquiescer. La sortie de Bunt auf Grau ne devrait tolérer aucune nuance à ce sujet.

 

Grief is my new moniker (2011) venait mettre un terme à leur roadbook entamé en 2005 par la sortie de leur carte de visite Biocarbon Amalgmate. Revok est né dans le sang comme nous tous ; pour eux, cela s'avère encore plus vrai compte tenu du chemin parcouru.
Après ce cri primal, l'enragé Program medics and cathod clinics marquait au fer un hardcore moderne évolutif s'engouffrant dans le noir. MicHell, le batteur, a beau parler de préhistoire du rock concernant leur musique, le tendu et retenu Bad books and empty pasts fit figure de référence dans le rock malsain avec des intentions proches d'un Psalm 69 (pour prendre mesure sur le mètre étalon du genre) mais avec une expression toute différente. Le livre se fermait en apothéose, sur une des grandes plaques de ces dernières années, rayon marave et autisme condescendant.

Dire que l'on attendait cette sortie est un euphémisme.

 

Ça commence comme d'habitude depuis « Akinesy » par une mandale dans le foie, « Old Marrow » que cela s'appelle. C'est peut-être dû aux heures d’entraînement, mais cela ne fait pas le même effet que d'habitude. Sans doute que pour un novice, ça cogne dur, mais pour qui pratique un peu le combo, l'esquive est assez facile. Mais on repère déjà un thème qui devrait faire son chemin tout au long du disque. Thème qui resurgit dans « Polluted ideas », titre onirique, puissant qui nous embarque loin. On aime Revok lorsqu'il nous vide de tout. Un frisson parcoure l'échine. « Eroded mind » est là pour poser le propos.
Souvenez-vous, Revok fait partie de ces groupes qui jouent avec le temps, avec les temps même au sein de leurs propres morceaux. Les torgnoles, ça va un temps mais ce n'est pas l'essentiel. À 3'20'', on imagine bien Fab contemplant son auditoire, la jambe gauche qui trépigne avant d'envoyer.
La rage déboule, la bouche ne sang, dans « Dear worker », là le malsain laisse place aux seuls coups de boule. Nous en sommes à bout de souffle.

 

« Old Marrow part 2 » marque le début d'un nouvel espace de contusions, Le thème obsédant est de retour, pour un vrai aboutissement. Là, tu la manges la mandale, les pieds dans la boue, dans le bayou. La vieille sorcière te jette un sort. « Not weird » rappelle à nouveau le format de prédilection de composition du groupes, des pièces qui s'assemblent davantage que des formats couplets-refrain, l'efficacité est redoutable. Les couches se superposent ou se substituent, le titre est dense, imparable.

La voix est y traitée comme un instrument, histoire que le bulbe s'imprègne bien.
Il leur fallait, leur main event, « Perfection is a sin » remplit ce rôle à merveille. Lorsque l'on évoquait la place essentielle de la basse dans les créations du groupes, les ghost notes ou les tempérances, on en a une des belles réalisations.
« Bunt auf Grau » s'offre en terminus et l'idée de possession évoquée en début de cette littérature se fait pleinement ressentir. Pour dégager de telles émotions, il faut pouvoir maîtriser les maux à l'âme autant que les flux nerveux. Revok est l'antidote ultime à l'apathie ; le titre renvois au plus proche de l'univers des Portobello Bones. Un clin d'oeil bienvenu.

 

En proposant des variations tons sur tons, Revok peint une toile abstraite, presque absurde sur notre condition humaine. L'état d'Homme, proie facile autant que serial-killer inné, tout dédié à sa propre suprématie. Ça les fait bien marrer les gaillards...

 

photo de Eric D-Toorop
le 12/03/2015

3 COMMENTAIRES

Jull

Jull le 12/03/2015 à 09:22:01

Toujours tres bon Revok... Mais Gameness manque un peu quand meme!

pidji

pidji le 12/03/2015 à 09:25:58

'tin j'ai même pas eu le temps de l'écouter encore !!!

R.Savary

R.Savary le 12/03/2015 à 16:09:23

nom du label mal orthographié je crois

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