Godsticks - Inescapable

Chronique CD album (50:17)

chronique Godsticks - Inescapable

"Un groupe plein de personnalité et techniquement très aguerri qui propose un mélange moderne de Prog, de Heavy Rock et de Metal alternatif."

→ Mais bien sûr que je connais: il s’agit de Moon Tooth, groupe qui a sorti le superbe Crux en 2019... Non?

"A l’occasion de son 5e album, cette force montante de la scène prétend toucher l’auditeur toujours plus profondément en trempant son inspiration dans les eaux noires des démons intérieurs de son leader, ainsi qu'en faisant preuve de plus de retenue et de plus de sobriété technique."

→ Euh, Pitfalls est le 6e, pas le 5e album de Leprous, non?

"Le groupe en question ne crache pas sur les contre-pieds ni, de temps à autre, sur le hachage menu-menu à la mode Djent – d’ailleurs son premier single (« Denigrate », pour le clip duquel il a été procédé à un honteux gaspillage de bouffe) voit Daniel Tompkins (TesseracT) jouer les guests de luxe, tandis qu’à l’autre bout de la tracklist on a l’impression que c’est Tosin Abasi (Animals As Leaders) qui se charge d’ouvrir « Resist »."

→ Alors là je ne vois plus trop du coup. Unprocessed?

 

Vous qui avez accès au « titre » de la chronique, vous connaissiez la réponse depuis le tout début. Il s’agit de Godsticks, groupe gallois formé en 2008 dont les hauts faits comprennent des premières parties pour Textures et The Pineapple Thief, ainsi que la présence de James Loughrey, producteur de Skindred, Manic Street Preachers et de Def Leppard, derrière les manettes de ses derniers albums. Là, vous en savez à peu près autant que moi à présent.

 

Alors, Inescapable offre-t-il vraiment le meilleur de Moon Tooth et Leprous?

 

Oh là Jolly Jumper, oh là, tout doux: ne nous emballons pas. C’est vrai que Godsticks a cette classe, cette sophistication modeste, cet art du dosage qui caractérise également les deux références avec lesquelles on joue ici au jeu des 7 erreurs. D’ailleurs, pour imager un peu plus ce début de présentation du groupe, si celui-ci devait être une arme, il serait un pistolet de sac à main avec silencieux. Efficace, discret, sans tomber dans le concours de celui qui a le plus gros calibre ou les plus beaux solos. Sur ce 5e album, celui-ci est quand même plus Leprous que Moon Tooth, car très à fleur de peau, à la fois sombre et délicat, sans trop forcer sur la dimension Metal. Ecoutez « Victim », c’est assez frappant. On pense également à un Vola parfois rongé par le spleen, ou au Klone de ces dernières années. La belle basse de Dan Nelson apporte de plus à l’ensemble une certaine rondeur qui évite de trop noyer le propos dans les questions existentielles que se pose Darran Charles, le guitariste / chanteur / leader. Et l’on se laisse séduire par le refrain tardif mais poignant de « Victim », par les saccades canailles de « Relief », par les chœurs de « Resist » (« I Wan You To Kno-ow, o-ow »), par les contrastes de « Time », et par-dessus tout par le sublime « Breathe » – excessivement fragile, mais vrai, pur, méritant presque à lui tout seul l’acquisition de l’album.

 

Là où ça coince par contre, c’est que cet album est trop « safe », trop gentil. Si l’on devait illustrer les styles imaginaires « Scout Metal » ou « Gendre Idéal Metal », nombre des titres d'Inescapable viendraient naturellement à l’esprit. Et puis la dynamique générale est malheureusement un peu trop souvent à la complainte molle, à la larmichette morose. D'ailleurs dans le genre c’est « Surrender » qui remporte le pompon, le morceau étant à mi-chemin entre une version léthargique du « Black Hole Sun » de Soundgarden et un Leprous tout-nu-tout-frêle.

 

N’empêche, malgré les clairs obscurs et les chauds/froids, on garde plutôt une bonne image d’Inescapable. Et l'on se dit que bien que Leprous gère mieux ses excès de délicatesse que les Gallois, ces derniers feraient néanmoins une première partie très valable pour le groupe norvégien. Bref: vous devriez songer à vous enfourner le bâton divin également dans l’oreille, pour des plaisirs cette fois plus auriculaires...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: coussins épais, états d’âme, classe Prog et musculature modeste mais moderne, le 5e album de Godsticks parlera aux fans de Leprous, Klone et à ceux que réjouit la perspective d’un Moon Tooth assombri.

 

photo de Cglaume
le 04/02/2020

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