Royal Headache - High

Chronique Vinyle 12" (28:45)

chronique Royal Headache - High

Eloïse vit son rêve australien à pleins tubes. En 2011, El Gep (lui) nous avait laissé une jeune femme au bord de la débauche, assise et langoureuse côté passager, le premier album de Royal Headache en fond sonore (ici). Heureuse et amante l’Eloïse, autant conquise par l’ambiance punk nostalgique et passionnée émanant du disque que par le charme indécent du Gep. Depuis 2011, Eloïse grandit, vit et s’épanouit.

 

Quatre années ont passé, cinq depuis la sortie du premier disque éponyme, avant que les Australiens livrent le second épisode. Dans le fond, High ne chamboule pas leurs acquis : deux ou trois riffs, une culture du punk ricain façon Wipers, une énergie constamment motivée par une bonne vieille déprime - quelque chose dans le genre. C’est gris, c’est beau, c’est touchant, c’est extatique. Dans la forme en revanche, High fait tout mieux. A l’image de "My Own Fantasy", premier titre absolument splendide, de ceux que l’encyclopédie punk pourrait ranger aux côtés d’un "Over The Edge" (toujours les Wipers), l’album compile tube après tube. Une demi-heure de mélodrame punk-pop-garage-bluesy (oui oui, cette âme-là groove), entre la rage juvénile d’un gratteux expéditif et parfaitement binaire, et le désespoir trop adulte d’un chanteur déjà amer ; une amertume qui relève du domaine du délice. Crooner atypique, séducteur ensorcelant, parfait Casanova, Shogun (c’est lui, le chanteur) mène la barque là où bon lui semble, vers la soul et la new wave - un peu aux origines du punk, aussi. Il chante, rit et pleure ses amours sur des textes d’une simplicité déroutante, communique une magnifique nostalgie. Heureux d’être triste ou l’inverse, il nous touche. On ne chiale pas, parce qu’en réalité, on danse, on saute sur place et on renverse une bière. Emotion et explosion. Bref, on écoute du punk, celui-là même qui, il y a une éternité, pouvait transformer un concert post-punk ou new-wave en baston générale.

Enfin, comprenez-moi, plus que jamais je fais la grève de l’exercice des références et influences : une musique aussi évidente transcende dès la première écoute, ou jamais. Les dix titres de High exposent dix nuances de gris. La fluidité est déconcertante. L’urgence gratuite et désespérée du premier album fait place à celle de musiciens devenus sûrs de leur son. En l’enregistrant il y a 30 ans, Royal Headache aurait probablement sorti un album devenu classique trente ans plus tard. Fascinant.

 

Voilà quatre ans qu’Eloïse a abandonné El Gep au bord du lac, devant ses disques rayés et son combi à patchs Minor Threat, Undertones, MC5 et Buzzcocks. Eloïse a vécu l’explosivité, a savouré l’abondance et la liberté. Elle a connu les amours véritables et les déceptions. Parce qu’elle a d’abord osé, parce qu’elle a appris, parce qu’elle a écouté, Eloïse sait. Elle connaît ses limites, elle sait apaiser ses nuits et pimenter ses envies. Sa vie est équilibrée. Il n’y a ni erreurs ni regrets, que des expériences. Elle ne se protège plus, elle est femme. Passionnée, royale. 

photo de Alexis
le 31/08/2016

7 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 31/08/2016 à 11:59:38

M'est avis que ça n'est pas le punk qui fait vibrer le caleçon de l'ami Cromy... :D
Bel hommage à El Gep par contre !

pearly

pearly le 31/08/2016 à 12:01:13

Aucune idée.
Je ne me serai pas permis de causer des calbutes des autres.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 31/08/2016 à 18:25:07

Pearly/Alexis, z'êtes combien dans ta tête ? Perso 3.

Xuaterc

Xuaterc le 31/08/2016 à 19:04:00

Je suis tout seul dans ma tête moi, et nous le vivons plutôt bien...

pearly

pearly le 31/08/2016 à 20:19:19

Deux, ça me suffit.

y a des surnoms qui te colleront à la peau à vie, que tu le veuilles ou non :)

el gep

el gep le 01/09/2016 à 20:42:46

Je suis touché et ému (dans mon caleçon).
Je ne sais pas si je pourrai écouter ce nouveau disque sans pleurer.

pearly

pearly le 01/09/2016 à 22:50:46

Bisous

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