Septicflesh - The Great Mass

Chronique CD album (43:43)

chronique Septicflesh - The Great Mass

Après la méchante tartignole que nous avait mise le mammouthesque Communion – sa démesure orchestrale, ses gros bras death metal, son trip mythico-mystico-mythologique – forcément, à l’idée d’un successeur, on avait le palpitant qui tapait-sur-des-bambous-et-c’est-numéro-1. On espérait très fort – lettre au Père Noël à l’appui – retrouver les mêmes sensations, la même chair de poule, tout en croisant les doigts pour que les grecs ne lâchent pas trop la bride à cette composante gothico-sucrée, certes mineure mais bien présente sur l’album de 2008, qui risquerait de tout gâcher en quantité trop abondante.

 

Mais trêve de vaines spéculations, finies les messes basses: The Great Mass est enfin entre nos mains et oreilles. Alors, album symphonico-chamallow pour kerMesse municipale ou Messile à tête nucléaire?

 

Eh bien disons que Septicflesh ne s’est pas aventuré bien loin des terres où il avait commencé le chantier Communion. La bande à Spiros continue donc l’édification de sa cathédrale musicale sur les mêmes fondations, mêlant intimement une épaisse couche de blast’n’growl et de grandioses orchestrations – ces dernières étant cette fois encore assurées par l’orchestre philharmonique de Prague, que l’on croise décidément bien souvent depuis le Lingua Mortis de Rage. Tous les éléments caractéristiques qui nous avaient mis en émoi lors des épisodes précédents sont bien là: chœurs solennels, pilonnage rythmique, envolées lyriques majestueuses, vocalises rocailleuses de grizzly… Ainsi que les écarts mélodiques plus « faciles », généralement accompagnés d’un chant clair qui s’aventure malheureusement un peu plus loin encore dans des tonalités nasales assez pénibles. Et allez, puisqu’on vient d’y tremper le bout des orteils, continuons donc de nous mouiller dans ce qui – à mon sens – constitue le maillon faible de la chaîne The Great Mass. Tiens, prenez « Pyramid Gods »: tranchant violemment d’avec un « A Great Mass of Death » complexe, turbulent et imposant, ce morceau déroule un épais tapis sucré de mélodies simplettes et mignonnes, comme pour s’excuser pour le dérangement (heureusement, il reprend le bon cap à partir de la barre des 3 minutes). Sur « The Undead Keep Dreaming », malgré la poudre aux yeux blastée par Fotis, le groupe s’embourbe dans un morceau lancinant et peu convainquant qui ne donne qu’une envie, dire à Sotiris d’arrêter avec ses satanés « Drea-ming ». Et le groupe d’enfoncer le clou sur un « Rising » bien lisse, bien mélo, bien inoffensif. Enfin, histoire de conclure sur un peu de mauvaise foi – parce qu’en fait, chut, ne le répétez pas, ce morceau conclut parfaitement l’album –, le groupe nous achève avec un « Therianthropy » limite commercial, au démarrage flirtant avec la gothico-new wave, au chant clair plus nasillard que jamais, et aux faux airs de « Sunlight Moonlight » (rappelez-vous, formidââââble).

 

M’enfin bon, on ne vous la fait pas: vous avez vu la note là-haut, et elle ne colle pas trop à la débauche de beurk-pouah-gloups ci-dessus. En effet. Car tout comme sur Communion, si le groupe aime parfois un peu trop le rose bonbon qui colle aux dents, le gros de ce qu’il nous offre est quand même essentiellement composé d’une musique ambitieuse, impressionnante – que dis-je: monumentale. C’est dès le passage de la 1ere lame « The Vampire From Nazareth » qu’on se fait trancher le poil de manière au moins aussi efficace qu'avec « Lovecraft’s Death ». Le vertige ne va dès lors plus cesser, alimenté par un growleur et un batteur aussi impeccables qu'implacables, une exubérance B.O.esque de tous les instants, ainsi que par une artillerie lourde qui balance du riff saccadé dévastateur (cf. le démarrage de « Five-Pointed Star », ou encore la fin de « Apocalypse ») – continuant en cela sur la lancée d'un « Sangreal » qui en son temps déjà hachait les tympans menu-menu. L’apothéose sera atteinte sur « Oceans Of Grey », majestueux et grand, symbiose totale entre les genres où pureté et légèreté voguent sur un impétueux et puissant vaisseau, et sur « Mad Architect », œuvre complexe, dramatique et tendue, dont la délicate architecture a dû requérir tout le savoir-faire de Christos Antoniou pour bénéficier d'une assise aussi solide. Et cerise sur le pompon bonus, Septicflesh nous adresse un vibrant adieu en la présence de « Therianthropy » qui – malgré les reproches formulés un peu plus haut par ce schizophrène de chroniqueur – n'est rien de moins qu'un tube hyper accrocheur et mélodique alliant puissance et capacité certaine à créer ce petit pincement au cœur qui nous pousse à vite nous repasser l’album.

 

Bref, si The Great Mass ne gomme pas les menues imperfections de Communion, il s’impose comme une nouvelle pierre angulaire de la discographie des grecs. De manière complètement subjective, je continue cependant de préférer l’album précédent à ce nouveau chapitre, ces vieux pots étant à mes yeux plus dangereux, plus fous, plus abrupts – bref plus à même de produire les meilleures soupes. A ça se rajoute le fait que le cru Septicflesh 2011 souffre du syndrome "de l’épisode 2" – la surprise n’est plus au rendez-vous – ainsi que de la proximité avec la sortie du II de Xerath – dans un registre certes différent, mais offrant lui aussi du frisson symphonique et du riff saccadé en quantités orgasmiques. Je ne réserverai donc pas à The Great Mass l’accueil dithyrambique classiquement d'usage pour le retour du fils prodigue. Il n’empêche que cette nouvelle sortie est un nouvel ajout de poids dans le catalogue Season of Mist, et qu’il figurera en bonne place dans les classements de fin d’année, soyez en sûrs!

 

 

 

La chronique, version courte: la suite logique de Communion, mais un micro-poil en dessous.   

 

photo de Cglaume
le 22/07/2011

4 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 24/07/2011 à 19:32:24

Au risque de poster un commentaire inutile : Je suis en total accord avec la chronique.

cglaume

cglaume le 24/07/2011 à 20:29:39

Risque mesuré quand même ... :)

Tookie

Tookie le 25/07/2011 à 08:32:31

Courageux mais pas téméraire.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 03/11/2011 à 21:25:58

Très bon mais préfère "Summerian"

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