Sideblast - Cocoon

Chronique CD album (38:57)

chronique Sideblast - Cocoon

Singulier groupe que Sideblast. Et je ne dis pas ça parce que les niçois sont les dignes porte-étendard d'un metal extrême pluriel. Non, cette remarque résulte du fait qu'en 2008, il aura fallu une chronique élogieuse dans un webzine teuton – l’excellent voicesfromthedarkside en l'occurence –, pour me faire découvrir Flight of a Moth, 1er album de ce groupe français alors encore inconnu au bataillon hexagonal. Et du fait que tout juste sortis de nulle part (ou de ses proches environs), ils décrochent un deal hors de nos frontières chez Cyclone Empire, le label qui monte qui monte. Et enfin du fait qu’à peine leurs premiers balbutiements discographiques lâchés à la face du monde, nos loustics possèdent déjà leur patte, leur style – leurs tics même, faudrait-il dire, pour rimer avec loustics.

 

OK, le groupe n’a pas exactement inventé un nouveau son ni une nouvelle approche du metal, mais leur melting pot de l'extrême – qui compile ce qui se fait de mieux en terme de musiques qui giflent et blastent – est particulièrement savoureux. Promus à leurs débuts comme un mix de Behemoth, Strapping Young Lad et Immortal, le groupe alliait alors la froideur et la grandeur de la vision black metal avec la monolithique efficacité des entreprises de démolition polonaises, le tout agrémenté de quelques bidouillages épars, d'une grosse couche de groove coreux et de samples extraits de séries Z aussi nazes que fun. Arrivé au tournant du 2nd album, le groupe a su évoluer dans la continuité. Primo: les influences black ont été mises en retrait. Deuzio: de la Pologne ne reste quasiment plus que le son, forcément made in Hertz Studio. Tertio: le paquet a été mis sur le groove in your face et la blast-attitude que-même-qu’on-pense-beaucoup-à-Benighted. Et quarto (j’vais m’gêner!): application d'un double couche de peinture cyber, avec saucissonnage riffé façon ateliers Justin Bridou, pour un rendu froid comme du Fear Factory, mastoc comme du Strapping Young Lad et tranchant comme le « Spheres of Madness » de Decapitated. Mais c’est quand même plus particulièrement SYL dont l’ombre plane ici, jugez plutôt: ces nappes de clavier mélodiques et discrètes en support d'un mitraillage clinique et hyper intensif, ces passages grandioses (l’ouverture de « The Shape », la montée héroïque mais heurtée, à 3:08 sur « Barbarians », et surtout l’extraordinaire « The Fall »), et ces trips « happy farfadets united » (les Nanana! typiquement Townsendiens de « Cocoon » et « Insomnia ») parlent d’eux-mêmes.

 

Le bonheur, c’est que cette tambouille de cyber brutal groove, bien qu'homogène et éreintante, est touillée avec constance, vigueur et savoir-faire afin que la sauce ne se fige pas et que l'attention reste vive. Et dans ce domaine Sideblast sait y faire, notamment grâce à un sens aigu de la relance. A ce titre la rythmique joue un rôle majeur (bravo à Sebb, le matraqueur de service), les coups pleuvant toujours avec à propos, les variations de tempo et de fréquence intervenant toujours à point nommé pour relancer la machine. L’alternance growl / éructations coreuses – ces dernières s'aventurant de temps à autres vers le black – contribuent également pour beaucoup à la « fraîcheur » de l’ensemble, tout en renforçant le parallèle avec Benighted (ainsi qu'avec Scarve, notamment sur « The Shape »). Les interludes poilantes, autrefois abondantes, ont quant à elles été franchement réduites en nombre, les divers samples extraits de films ayant cette fois été intégrés avec plus de finesse dans la trame musicale – règle à laquelle il existe cependant deux exceptions notables en la présence des chouettes bouffonneries situées en fin du morceau « Cocoon » (un extrait de « Last Action Hero ») et au sein de « Barbarians » ("J'avoue qu'il y a de quoi se la prendre et se la mordre"). Car le groupe garde effectivement le sourire en coin, et colle sur « Dirge » un break à l’harmonium que n’aurait pas renié Charlie Oleg, ainsi que quelques bruitages barrés – Zboïïngs et autres nawakeries – sur « My Perverse Disguise » et « Dirge » notamment.

 

Côté accroche et qualité de la composition, on reste dans des standards aussi élevés que sur Flight of a Moth – voire un cran plus haut encore –, le groupe nous réservant de grands moments, en particulier sur les très bons « Cocoon », « Barbarians », « The Fall » ou encore « Ashes ». Et si l’ensemble n’est pas toujours d’un niveau constant (une fois retirées les zouaveries, « Dirge » est un peu maigre, et « Demigod » est relativement quelconque), la tracklist est intelligemment construite en conséquence, avec notamment 3 gros parpaings bien massifs pour ouvrir efficacement les hostilités en même temps que notre arcade sourcilière, puis une belle doublette « The Fall » / « Insomnia » qui souffle sur les braises ... Et conduit naturellement à un final franchement top – même si « My Perverse Disguise » est peut-être un peu trop proche de « Ashes ».

 

Finissons vite, finissons bien: sur Cocoon, Sideblast confirme largement le potentiel qu’on pouvait voir en lui dès Flight of a Moth, et propose de quoi ravir les fans de Benighted et SYL qui mourraient d’envie de voir leurs idoles copuler pour donner naissance à un nouveau monstre de puissance. En tout cas une chose est sûre: le cocooning version Sideblast n'a rien d'une séance de pantouflage pépère ...

photo de Cglaume
le 07/03/2011

2 COMMENTAIRES

sepulturastaman

sepulturastaman le 07/03/2011 à 12:45:20

Très très bon disque.

Le metal français commence très bien l'année et la suite s'annonce pas mal non plus.

Kurton

Kurton le 07/03/2011 à 17:31:23

Ben ca a l'air interessant tout ca!

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