The Ocean - Phanerozoic I: Palaeozoic

Chronique CD album (48:00)

chronique The Ocean - Phanerozoic I: Palaeozoic

Anecdote inintéressante : (je préfère prévenir pour que tu ne sois pas déçu)


J'te plante le décor. Nous sommes en 2007. À l'époque je n'avais ni femme, ni enfant et donc une vie. J'organisais des concerts et j'avais eu le plaisir d'inviter sur l'une de mes dates The Ocean.
Le collectif, à géométrie très variable à l'époque, partageait une mini-tournée avec un groupe français qui jouissait (et jouit encore aujourd'hui) d'une belle popularité dans le milieu. J'avais néanmoins pu vérifier que l'ambiance entre les deux formations n'était pas au beau fixe.

La soirée terminée, je prends le temps de partager une bière avec Robin Staps et d'échanger avec mon anglais déplorable quelques mots, notamment sur une plaisanterie un peu vacharde.
Le collectif avait récupéré l'affiche du groupe français et noté en dessous de l'indication "EN TOURNEE" un moqueur : "(seulement le weekend)".

Robin ne concevait pas que l'on ne se lance pas à corps perdu dans un projet si l'on y croit vraiment. Pour la beauté de geste, pour la beauté de l'art.
Quelques minutes plus tard, j'échangeais avec deux de ses musiciens de passage, un Suisse et un Français qui avaient été marqués par la manière dont se démenait Robin pour faire vivre The Ocean.


J'ai organisé des concerts pendant 8 ans. Robin Staps est le musicien (et peut-être même la personne) la plus passionnée que j'ai pu rencontrer.
Sa productivité, son travail autour de Pelagic Records font de lui un personnage de premier plan pour nos musiques énervées.

Pourtant...nous n'avons jamais parlé de The Ocean sur le zine. La raison est simple : le groupe est devenu assez classique. Aussi bien pour la démarche humaine (la formation tend à se fixer dans le temps depuis 10 ans) qu'artistique (depuis Aeolian qui avait marqué les esprits en 2005, le post-hardcore du groupe se "perd" un peu)...

 

Ce n'est pourtant pas faute de se lancer dans des projets ambitieux et conceptuels.
Depuis 2007, le groupe revisite les grands ères géologiques de notre planète. Une démarche quelque peu abstraite et qui a eu des difficultés à trouver sens musicalement sur les précédents albums.

Phanerozoic I: Palaeozoic tend à remettre "le clocher au milieu du village" comme on dit chez les bouseux / chez moi.
Les précédents albums incluaient allègrement et assez lourdement des cordes : piano, violons, violoncelles pour un résultat mitigé. Les titres en longueur manquaient finalement de cohérence, se perdant dans des méandres créatifs peu excitants.
Celui-ci n'est pas dénué de défauts, le plus gros étant sa densité. 

 

Avec des titres à rallonge (jusqu'à 11 minutes), The Ocean prend des risques, se met en danger mais parvient à limiter les dégâts. Malgré toute sa bonne volonté, en dépit de très bons moments, de passages bien marquants, de séries de bons riffs, le groupe s'empêtre dans ses compositions.
Tantôt trop classique, tantôt sans entrain, ou trop ceci, pas assez cela, utilisant des ressorts usés du "post-hardcore" (chant clair, chant méchant) : chaque piste prise individuellement fait bander mou. 

Ce n'est pas pour autant que l'on s'ennuie, car, presque paradoxalement, dans son ensemble, l'album est assez facile à défiler. Peut-être parce qu'on ressent toute l'envie de donner vie au groupe derrière le micro. Robin est convaincu par ce qu'il chante, par ses riffs...et ça se sent !
The Ocean continue aussi d'opérer dans son style Post-hardcore progressif, sans s'encombrer de fioritures (hormis un ou deux passages courts avec des sections de cordes). La recherche mélodique est d'ailleurs un point positif à ajouter au son massif mais clair de la prod'.

Demeure tout de même une sensation un peu floue sur l'ensemble du disque (qui se ressent sans doute à la lecture de cette chronique partagée) : c'est sympa, hyper bien foutu mais il manque un truc, une accroche, le moyen de marquer durablement les esprits, de faire vibrer une fois le disque terminé. Mais non, une fois la galette arrêtée, on passe à un autre album, comme si rien (ou si peu de choses) ne s'étai(en)t passé(es)...


The Ocean s'est lancé dans une entreprise colossale : offrir une BO à des temps géologiques qui ont vu apparaître et s'éteindre des milliers d'espèces marines et terrestres...Cela se veut sans doute une allégorie à la prochaine disparition de l'humanité avant que la planète n'entame un nouveau cycle de vie (ouais, j'suis du genre "pess-optimiste").
Une aventure artistique forcément casse-gueule et dans laquelle Staps et ses copains se sont quelque peu englués...

photo de Tookie
le 26/11/2018

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