Visigoth - Conqueror's Oath

Chronique CD album (42:21)

chronique Visigoth - Conqueror's Oath

Le chroniqueur n’est sur ce point en aucun cas une exception: placé en dehors de sa zone de confort, il se sent comme la jeune tête de bite fraîchement diplômée de Sup de Co’ St Trop’ à un festival Anarcho-Grind dans le 9-3. Pas franchement à son aise, sur ses gardes, prêt à ce que les coups se mettent à pleuvoir à tout moment. C’est entre autre pour cette raison que vous me verrez rarement vous causer de Heavy. Pour ça, c’est le rayon d’en face: demandez Papy Cyril. Sauf que comme il fut un temps où le genre me procura de doux frissons parfumés à la testostérone, quand je vois que soudainement la Toile s’enflamme pour une nouveauté et que le promo dudit album passe à proximité, Bam, il m’arrive de ressortir ma trousse, mon taille-crayon et mon cahier à grands carreaux, et de replonger.

 

D’où, par exemple, la chronique du Journey Into Fear de Deaf Dealer.

D’où – on y arrive enfin – ce papier consacré au Conqueror’s Oath de Visigoth.

 

Alors soyons francs: les premières écoutes de ce 2e album des Américains ont été plutôt rudes. Venant d’un groupe récent, je n’étais pas vraiment prêt à cette esthétique sonore « Cotte de Mailles & vieilles dentelles » assez datée. Et puis quand arrive le chant de Jake Rogers sur « Steel and Silver », Ouch ‘de dieu!, ça râpe! Pas que le garçon nous brise les crystal balls sur des contre-uts de Castafiore, mais que son registre soit un peu maniéré, exagérément pompier, et plein de ces fiers trémolos expulsés le menton levé, le sabre en bois à la main, le cœur offert aux Dieux du Metal en Carton. Bref, j’avais cette sensation désagréable d’être perdu, une bière éventée à la main, devant la reformation live d’une vieille gloire de 2e division du Heavy Hexagonal des 80s – je ne vous donne pas de nom, Papy risquerait de se fâcher. M’enfin vous voyez le genre: ambiance quart de finale régional des Chiffres et des Lettres, les vestes à patches en plus.

 

Sauf qu’on n’effraie pas un lapin jaune aussi facilement. Père Sévérance est mon daron, Obsti ma nation et opiniâtreté mon nom: bref, j’ai insisté. Et à raison. Car derrière les brouettes de vieux gimmicks sépia et les bravades fiérotes un peu ringardes, c’est l’orgie de mélodies conquérantes, les cheveux au vent, à cheval sur des twins tricoteuses! Dans le genre, Conqueror’s Oath ne nous sert que du premier choix – voire même que du tube, avec refrain de compète. A vrai dire il n’y a que le morceau-titre, qui clôt l’aventure, qui déçoive un peu, le groupe finissant sur un tempo lourd et déprimant, les bottes manifestement lestées par le manque d’enthousiasme des jours sans. D’ailleurs qu’elle drôle d’idée de garder dans son jeu une carte aussi maussade pour la sortir en toute fin de partie!??

 

Mais ne nous attardons pas sur ces au revoir quelque peu foirés: les 7 premiers titres rattrapent largement ce loupé. Par contre, avant de vous en dire plus, présentons rapido les p’tits gars de Salt Lake City. Leur but? Rendre hommage à ces vieilles gloires qui les ont fait kiffer en leurs tendres (et pas si éloignées que ça) années. De qui parle-t-on? De Manowar (tiens, sur « Hammerforged ») et Blind Guardian (hop, la fin de « Warrior Queen »), si l’on en croit ces attitudes victorieuses, ces chœurs de fond de régiment et ces roulements de biscotos sous l’armure. Des défenseurs du Hard Rock tout de cuir et de chrome vêtus (cf. le début de « Warrior Queen » et l’hymne « Salt City »). Des hérauts du Heavy Speed teutons, un peu, aussi (« Outlive Them All »). Mais aussi et surtout (cette basse, cette voix, ces twins!): de sa Majesté Iron Maiden. Et cette fiévreuse passion multi-chapelles d'aboutir à de vraies réussites comme « Steel And Silver » (son début claironnant, son refrain tout en fiers chœurs), la cavalcade « Outlive Them All », la poursuite en Formules 1 médiévales « Blades In The Night », l’épique et excellemment too much « Traitor’s Gate », le très Rock’n’Roll « Salt City ». Etsé se taira, Etsé se taira – comme dirait le fils de la voisine.

 

Je ne vous refais pas un dessin, le tableau ci-dessus est encore tout plein de croquis: pour aimer Conqueror’s Oath il ne faut pas avoir peur de la poussière et des toiles d’araignée des vieilles malles trainant dans le grenier de Papy, et il faut tolérer les vocalistes à vibrato gramophonesque. Mais une fois passé ce premier obstacle, l’album vous fournira de quoi aiguiser votre glaive et nourrir votre monture afin de repartir de plus belle sur les mâles sentiers du Heavy glorieux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: il en va de Conqueror’s Oath comme de la Science Fantaisy. Pour cette dernière, si vous acceptez de gober que des elfes de l’espace dézinguent des Sorciers vénusiens avec leurs arcs laser, vous arriverez à dégoter quelques très bons romans dans le genre. Pour le 2e album de Visigoth, c’est idem: si vous passez outre la couche de poussière sonore, le chant ultra-typé et les gimmicks des papys du Heavy, vous pourrez vous gaver de beaux hymnes fiers et chatoyants.

photo de Cglaume
le 04/07/2018

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