Vodun - Ascend

Chronique CD album (40:51)

chronique Vodun - Ascend

Le trio londonien de Vodun a été ma petite découverte coup de cœur du Hellfest 2017. Alors, me direz-vous, pourquoi n'ai-je pas, à l'issue du report, chroniqué Possession, son premier album sorti l'année précédente ? J'y avais bien pensé figurez-vous. Sauf qu'il s'avère que ce premier essai ne s'est pas révélé très représentatif du groupe que j'avais découvert sur les planches de la Valley. L'album en soi était loin d'être mauvais – le single « Mawu » reste un putain de hit qui montre une Oya au micro au taquet de chez taquet – mais restait bien trop timide dans son désir de métissage vaudou/tribal sous fond de heavy rock, se contentant simplement quelques structures rythmiques un peu bigarrées rappelant celles que l'on retrouve dans la musique traditionnelle africaine. Alors que le groupe avait réussi, sur les planches, à vraiment dégager une forte aura et énergie avec ces mêmes morceaux qui paraissaient un brin fadasses dans leur version studio. D'où le fait que j'ai préféré passer outre et patienter tant j'avais décelé un potentiel qui ne demandait qu'à pleinement s'éveiller.

 

Il n'aura pas fallu attendre longtemps puisque Ascend, sorti à la rentrée histoire d'amener un peu de moiteur exotique dans cette morne période de reprise de train-train quotidien, nous rectifie le tir. Et pas qu'un peu. Même Lapin, chargé de le chroniquer pour le compte de New Noise Mag, reconnaît que cette deuxième galette lui fait plein de guili-guili dans bidou alors qu'il n'est pourtant pas friand des répertoires heavy rock/stoner à la base. Il n'y a beau avoir eu que deux ans d'écart entre Possession et ce petit dernier, Vodun semble avoir assez gagné en confiance pour se lâcher bien plus dans ses délires vaudous. Certes, la base heavy rock est là, toujours aussi bonne et maîtrisée sur le fait de proposer de la simplicité, variété et efficacité redoutables qui ne faillissent pas. Notamment grâce à de la grosse accroche mélodique et vocale. Parce qu'Oya impressionne toujours avec sa voix puissante rappelant celle de The Gossip, version black gourou. En revanche, par-dessus, on retrouve de belles louchées tribales de très bon goût, apportant bien plus de richesses au propos sans qu'il n'en perde jamais de son accroche tubesque immédiate.

 

Prenons la vitrine « Spirits Past » en ouverture d'album. Nul doute qu'en live, ces « clac clac clac » frénétiques de cloche agogo (ou autre je ne sais quel instrument traditionnel au timbre semblable), inciteront direct à enlever les chausses et danser pieds nus en se contorsionnant bizarrement le corps tout en se brisant les cervicales autour d'un feu de camp imaginaire, une toque indigène sur la tête et deux poulets morts attachés sur la ceinture, les vapoteurs fumant leur calumet électronique réglé en mode locomotive à vapeur à côté pour apporter un peu de fumeux cérémoniel dans l'air. Et c'est un peu ce qui caractérise cet album : le gros du tribal se propage par la distillation de quelques sonorités percussives traditionnelles de manière plus ou moins subtile et ponctuelle selon les cas. Ce qui suffit amplement pour amener une atmosphère afro à cette base heavy rock/stoner somme toute classique et calibré. Vodun amène principalement son métissage avec sobriété et parcimonie, ce qui n'est pas forcément un mal en soi étant donné que ce « peu » amène un résultat aussi probant en terme d'ambiance, tout en parvenant à toujours rester très naturel. On est très loin des musiques qui en font trop des vieux Disney sur les images de tribus aborigènes à têtes de singes qui tapent sur des tamtams en attendant que Mickey ait fini de bouillir dans la marmite.

 

Le trio n'en oublie pas pour autant de se permettre quelques petites folies. Que l'on se prend avec énormément de bonheur. Comme ce petit chœur traditionnel africain, très ritualiste, qui ne manque pas de filer quelques frissons bien sentis derrière l'échine à la fin de « Ascend ». Ou ce petit break bien senti sur « Ogoun's Fight » à mi-chemin entre musique traditionnelle et jazz qui rappelle la Nouvelle-Orléans où la religion vaudou est très présente, même encore aujourd'hui. Des passages peut-être un peu trop rares sur ce deuxième méfait. Mais qui montre que Vodun a toutes les capacités d'aller encore plus loin dans sa démarche. Et franchement, on ne demande que ça pour le futur. En attendant, vite, préparez les plumes, le maquillages et les poulets !

photo de Margoth
le 27/09/2018

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 27/09/2018 à 10:13:33

Je ne me prononcerai pas sur l’album en entier, j'ai lâché l'affaire après trois titres.

cglaume

cglaume le 27/09/2018 à 12:02:16

C'est du miel !!!!

cglaume

cglaume le 27/09/2018 à 12:03:55

Par contre je ne me rappelle pas avoir évoqué "bidou" ?... :D

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