Xenosis - Devour and Birth

Chronique CD album (40:27)

chronique Xenosis - Devour and Birth

Pas Butchered at Birth, non: Devour and Birth… Bah oui mais c’est pas dans le même ordre! Xenosis mange d’abord, se lave les dents si ça se trouve, puis seulement après, accouche. Plus mante-religieuse que zombie pédophage, donc. Autrement dit mieux élevé que Cannibal Corpse, bien que tout aussi létal. Mais dans un style nettement plus « bombe à neutrons sous l’oreiller » que « massue dans les maxillaires » par contre. Car ces Américains ne font pas dans la tâche de mucus incrustée et la poudre de fémur broyé. S’ils pratiquent également le Death metal supertanker et le growl de grizzli (plus des pointes shrieky), ils ne font pas que pédaler dans la choucroute intestinale, loin de là. Non: Xenosis s’éclate bien plus à sauter d’une rythmique à l’autre, d’un riff à son contraire, à laisser respirer la basse, à tricoter puis détricoter, de préférence en déversant sur le manche une fine pluie de doigts fiévreusement omniprésents.

 

Alors rien d’étonnant à ce que, par flashs (à 1:23, dans les vapeurs de « Night Hag », au début de « Concave », lors du flamboiement guitaristique qui éclot à 2:54 sur le morceau-titre…) on pense au Death de Human, voire à Atheist. D’autant que la chose est convenablement arrosée de mélodie, et qu’en général (allez: sur une grosse moitié des morceaux) un souci de cohérence globale permet au groupe de nous offrir des morceaux joliment ficelés et raisonnablement digestes.

 

Par contre – et là Xenosis n’est pas le seul concerné – coup de gueule: il faut arrêter avec le qualificatif « progressif » accolé à tout bout de champ au style d’un groupe dès lors qu’il propose des compositions à la structure plus chiadée qu’un hit des Beatles. Pour suggérer la sophistication réelle de certains titres, le préfixe « Tech- » (ou « Techno- » si vous êtes un vieux de la vioque) suffit amplement. Ça fait partie du package. Pas besoin d’essayer de tromper le chaland en lui faisant miroiter des morceaux épiques à tiroir, de subtiles successions de tableaux, de la dentelle et du kirch: on n’est pas chez Opeth ici! Cet usage dévoyé de l’adjectif « progressif » sert de plus en plus à racoler large – ou bien, option possible en ce qui concerne Devour and Birth, à faire passer la pilule d’un enrobage « moderne » que certains ne semblent pas vouloir assumer de peur d’effrayer les réfractaires au Djent. Soyons clair: Xenosis ne joue pas du « Death progressif et technique » mais un « Modern Tech-Death » qui part régulièrement dans la télégraphie tranchante et le décalage rythmique propice à l’entorse lombaire. Eh oui, les loustics ne sont sans doute pas insensibles aux charmes des Meshuggah et autres Gojira, d’où les patterns biscornus de « Concave » et les lourdes saccades pleines de contrepieds de « Ominous Pus ».

 

Notez que ça ne me dérange pas du tout, les notions de « pureté », « style des origines », « respect des codes » brandies par certains trves n’étant pas – à mon humble avis – une hérésie qu’en politique, mais également en matière de musique. Ce qui me gêne plus par contre, c’est une poignée de solos autistes pas vraiment soucieux de la trame narrative, ainsi qu’une deuxième moitié d’album moins alléchante (« The Projector » exclus) – dont un morceau-titre un peu décevant vu son rôle de porte-étendard. Par contre si Devour and Birth est ce genre d’album qui ne se laisse apprivoiser qu’au cours d’écoutes attentives, il faut reconnaître qu’une fois l’effort fait, il offre de délicieux moments. Notamment en ses 2 extrémités, « Night Hag » étant délicieusement alambiqué (avec une superbe séance de ping-pong tarabiscoté à 3:07), et le chien de faïence « The Projector » proposant une fin massive autant que majestueuse (avec cette fois encore de délicieuses coquetteries, comme ce break hachuré à 0:51, ou ce beau déploiement insectoïde à 3:18).

 

On l’a déjà rabâché maintes fois en ces pages: l’appréciation d’un album de Death technique alambiqué est toujours quelque-chose de très personnel. Dès que les structures se complexifient et que la trame emprunte de nombreux virages et voies sans issue, tout dépend si votre GPS auriculaire est capable de vous donner une carte suffisamment lisible des lieux pour que vous puissiez y gambader sans vous cogner partout. En ce qui me concerne, il reste quelques zones d’ombre et de flou qui m’empêchent de profiter de ce 3e album de Xenosis à fond les ballons, les Ray-Bans sur le nez et la capote redressée. Mais il faut reconnaître qu’en l’état on y voit déjà de bien jolis paysages.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: vous aimez les challenges et abhorrez le prêt-à-porter death-métallique? Devour and Birth est fait pour vous! Alambiqué mais néanmoins mélodique, sophistiqué mais sévèrement couillu, et par ailleurs pas hermétique aux galipettes en vente sur le stand Meshuggah, Xenosis propose un 3e album complexe, qui exige de l’attention, mais qui garantit sur contrat de vrais beaux morceaux de plaisir auriculaire pour les courageux persévérants.

photo de Cglaume
le 08/10/2018

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