Mortuary + Warkult le 16/11/2019, El Camino, CAEN (14)

Mortuary + Warkult (report)

En ce 16 novembre, j'accueillais le traditionnel repos dominical avec un très grand enthousiasme. C'est qu'entre mes déplacements consécutifs sur Rennes, le taf, le webzine et la vie sociale, ces trois dernières semaines ne m'ont pas laissé de répit. A vrai dire, ce dimanche allait être celui du repos et de la fainéantise pour (enfin recharger les batteries). Mais voilà, encore remontée comme un coucou suisse suite aux bonnes vibes death encaissées quelques jours avant avec Entombed A.D. et Aborted, il était fort difficile de laisser en suspens l'invitation à aller au El Camino pour s'en reprendre une couche. C'est que lorsqu'on te promet un groupe d'anciens béton de chez béton – que je ne connaissais que de nom sans que je n'ai jamais pris le temps d'en écouter le moindre titre – et des pintes aussi racoleuses et réconfortantes, le tout ne demandant pas spécialement d'effort logistique, le programme donne quand même bien envie. Quand, de plus, les étoiles s'alignent tellement bien pour que le boulot te libère plus tôt que prévu, c'est un signe qui ne trompe pas : quoi de mieux pour débuter un moment de repos du guerrier bien mérité que se farcir une nouvelle soirée placée sous le signe des concerts. Histoire d'ajouter un nouveau report et une nouvelle chronique d'album à écrire dans une « to do list » déjà bien fournie. Bref, entre les impressionnantes sorties de disque depuis la rentrée et les affiches alléchantes de concert, la fin 2019 est vraiment dure avec nous, nous autres webzineurs. Tant pis, on aura amplement assez de temps pour se reposer quand on sera mort...

 

Bon, je disais que le boulot m'avait lâché plus tôt que dans les horaires théoriques, ça n'empêche pas d'arriver sur les lieux peu après la fin du set des Rouennais de StabWounD qui ouvraient les hostilités. Mais bon, on ne va pas faire la fine bouche : c'est toujours mieux d'en avoir deux complets plutôt qu'un et demi (voire aucun si le karma en avait décidé autrement) comme cela aurait dû être. Le temps de s'équiper de sa mousse et de garder gentiment quelques minutes le tiroir caisse – la confiance règne avec l'organisateur – et nous voici en train de descendre dans les tréfonds du El Camino pour se faire accueillir par les Normands de WarKult. Sans la mise en jambes précédente, le choc s'opère maintenant : après s'être farci trois dates de pros avec une vraie scène et tout le tatouin, il faut bien quelques minutes pour se réhabituer à revenir dans un contexte de plus petite envergure. Un peu comme ce choc rétinien lorsque vous rallumez une Megadrive après des années à n'avoir joué qu'à la PS4. Ce qui ne veut pas dire que ce genre de contexte est moins intéressant pour autant : au contraire, c'est revenir à plus de simplicité et d'authenticité. Difficile de faire jouer un sens de la scénographie particulier lorsqu'on est déjà bien tassé dans son petit recoin de salle sans estrade et trois spots de light. Bref, pas de chichis et de poudre aux yeux, il n'y a aucun moyen de tricher. Et en cela, WarKult a su marquer des points avec son thrash/death mâtiné de relents black qui ne réinvente certes pas la roue mais sait se montrer efficace. Malgré un certain handicap d'un point de vue sonore : une caisse claire aux abonnés absents dans le mix (on notera toutefois qu'en dehors de cela, le son s'avère correct, on a vu bien pire dans ce même sous-sol) fait que la musique manque quelque peu de mordant. Malgré tout, le groupe ne s'en débine pas pour autant étant donné que les mecs sont vraiment à fond dans leur truc et ne cachent pas leur plaisir d'être là. Avec peut-être une petite pointe de fierté d'ouvrir pour un combo de bonne réputation au sein de la scène hexagonale (à défaut d'avoir pu monter les échelons en terme de visibilité) qui était peut-être même déjà en activité alors qu'ils n'étaient pas encore nés. Bref, ça vient du cœur et c'est bien fait, ce qui est amplement suffisant pour passer un bon moment, à l'image de tous ces briscards, jeunes loups comme vieux piliers (agréable de voir une telle disparité générationnelle d'ailleurs) qui ne se font pas prier à terminer leur échauffement physique avant la tête d'affiche.

 

Mortuary el camino caen

 

Un certain Mortuary très attendu devant une bonne centaine de personnes. Un gros nom de la scène extrême hexagonale de la fin des années 80/début 90, parfois même hissé au panthéon du Big Four du death français par certains aux côtés de combos comme Loudblast, Agressor ou Massacra. Malheureusement , contrairement à ces derniers qui ont réussi à gravir les échelons (ou devenir cultes, à défaut que la vie ne se décide à perdurer), Mortuary est toujours resté cantonné dans l'ombre de l'underground sans être parvenu à obtenir plus de visibilité alors qu'il n'a jamais réellement lâché le morceau depuis sa naissance. Ce qui explique pourquoi je pars en totale découverte alors que les Nancéiens fêtent pourtant cette année ses trente ans de carrière. Mon âge quoi... C'est qu'il y a un début à tout comme on dit. Enfin bon, la mousse, la papote et la clope ont beau avoir fait loupé les premières minutes, il n'y a pas à jouer les vierges effarouchées bien longtemps : on sent dès avoir passé la porte que les mecs n'ont pas bidonné leur CV. L'expérience est là, elle est palpable et ils ne sont clairement pas venus là pour enfiler des perles. Et effectivement, même sans connaître, on se demande bien pourquoi ils sont encore à jouer dans un petit bar devant une centaine de pèlerins alors qu'ils ont amplement la prestance de tenir une scène et affluence autrement plus grandes. Parfois la vie peut être bien facétieuse, même si pour le côté du public, on se sent quand même privilégié d'assister à une telle déferlante dans un contexte aussi petit et intimiste. Histoire que l'on puisse faire la bagarre plus près les uns des autres. Parce que niveau fosse, une fois les premiers titres « bonjour, voilà, on se présente, ravi de faire votre connaissance » passés, la tension monte de façon exponentielle. C'est bien simple, je pense avoir rarement vu un tel chaos dans ce El Camino : ça se bouscule, ça s'énerve même parfois contre les esprits les plus alcoolisés histoire de conserver une ambiance bon enfant et fraternelle, les verres plus ou moins plein tombent de manière plus ou moins heureuses. Et si le plastique des gobelets n'est pas très rancunier, le sol carrelé l'est un peu plus et montre bien vite son animosité en arborant un côté très « patinoire », ne rendant les choses que plus amusantes. Bref, c'était le bordel mais c'était cool. Vraiment. Le groupe lui-même n'en revenait pas, même s'il n'est pas resté longtemps très stupéfait : c'était d'un point de vue des énergies, ce qu'on pourrait appeler de la bonne vide écolo. Le groupe donne à un public qui reçoit au taquet afin de mieux leur rendre. Intestable en terme de recyclage. Et le tout, sans oser nous coller la moindre taxe. Non, au contraire, niveau musique, ça envoie plutôt que d'encaisser. C'est la foire à la brutalité death à l'ancienne (mais sans jamais sonner décrépi) d'une intensité folle, groovy bien comme il faut, avec des nuances piochées à droite et à gauche au sein de la scène extrême (du thrash, du black, y a qu'à faire son marché), histoire qu'on ne se fasse jamais chier à baigner dans une trop grande homogénéité et en plus, la mise en son est aux petits oignons avec le retour en force de la caisse claire. C'est que Mortuary, si c'est béton scéniquement, ça l'est tout autant niveau répertoire. En un mot : jouissif ! Et une fois le show décapant envoyé, le selfie groupe/public pris avec un éclairage discutable dans la boîte, la petite session merch' pour récupérer le petit dernier, The Autphagous Reign, fraîchement sorti de presse s'impose. Pour sûr, vous en verrez la chronique plus tard dans ces colonnes. En attendant, un grand merci pour cette folle soirée. Et joyeux trente ans bien sûr !

photo de Margoth
le 27/11/2019

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