Chien Bernard - Felindra

Chronique CD album (34:11)

chronique Chien Bernard - Felindra

Chien Bernard est le seul groupe de musique capable de vous proposer du (math)rock instrumental capable tout en vous expliquant en même temps ce qu'est une blennorragie. Je commence cette chronique par la fin, la faute à cet album qui m'aura plus retourné plus d'une fois la tétête... à moins que ce soit le culcul.

 

Ce sympathique trio qui nous vient de Lyon et qui débute dans le game a décidé de lâcher les chiens dès leur premier album mais pas des chiens de n'importe quelle race. Exit le Pit hargneux prêt à vous transformer en viande pour kebab, à la niche le bichon pour mémé choucroutée, à la fourrière le labrador, ce top model canin et ennuyeux digne d'une pub pour Ragoutoutou. Chez Chien Bernard, on fait plutôt dans le bâtard affectueux, intelligent, qui ne traîne aucune maladie congénitale et nous rappelle que la nature, comme le chroniqueur qui vous sert ici, aime le métissage. Et comme dans la nature, c'est du métissage que naissent les plus belles choses.

Chien Bernard propose donc 34 minutes de rock instrumental qui n'arrêtent pas de s'amuser à farfouiller l'humus bien tourbé de ses influences. Et vas y que ça déterre un tibia math-rock à la moelle bien tendre par ici, et vas y que ça dégotte un fémur punk aux arrêtes acérées par là, et vas y que ça nous rapporte fièrement tout cela en remuant joyeusement la queue. Et tel le cynophile heureux, on ne rechigne jamais à partir promener ce sympathique cabot tant la balade se révélera pleine de trésors: riffs rock/punk qui donnent envie d'aller chercher la baballe même quand il n'y a pas de baballe, arpèges plus légers pour une séance plus cool de coucouche panier papatte en rond, structures alambiquées pour faire oublier les éternelles muselières musicales, grooves rafraîchis au Dentastix, bref du rock instrumental qui grogne sympathique, jappe allègrement, bavouille avec charme, qui ne sent jamais le vieux chien mouillé pas plus qu'il ne frôle l'hic. Et si la basse vous semble un peu trop coincée dans sa niche, c'est normal, chez Chien Bernard, il n'y en a pas. Parfois, cela manque mais le son des guitares est suffisamment plein et rond pour globalement palier cela.

 

Mais Chien Bernard, c'est aussi, et on serait presque tenté d'écrire surtout, une utilisation de samples qui frôle le génie. Pas du sample qu'a ni goût, ni saveurs, du sample dont la médiocrité nanardesque se transforme en gimmick drôlatique. Entre les "Écoutez, les gros tracteurs Renault arrivent", la session de kinésithérapie, l'hommage à Jean-Vincent Placé, on a même pas le temps de lever la jambe, de chercher LE poteau parfait: on se pisse dessus et avec plaisir. A tel point que je ne vais pas spoiler les autres pépites que le groupe a choisi pour le pas vous gâcher le plaisir de leur découverte. L'incorporation était risquée mais effectuée ici, bizarrement, sans aucune fausse note. C'est con, potache mais c'est drôle et ça fonctionne. Dans tous les cas, les fans des messages à caractères informatifs et autres grands détournements seront aux anges.

 

Servi par un son léché entre les pattes arrières, la pâtée de ce Felindra est juteuse, pleine d'une sauce nappée de vrais morceaux de viandes et au fumet qui donne faim, . Les guitares et la batterie sont particulièrement à l'honneur et le travail du toiletteur est digne d'un concours canin de renommé, la longe de la basse est parfois un peu courte malheureusement, on aurait aimé qu'elle griffe un peu plus.

 

 

Si vous êtes perdus dans l'avalanche des groupes de math/rock/punk instrumental, Chien Bernard est là pour vous en sauver et vous réchauffer avec son petit tonneau d'eau (pleine) de vie en vous regardant de ses grands yeux pleins d'un amour inébranlable avant de lâcher un de ces horribles pets qui puent la mort mais qui vous fera automatiquement marrer.

 

 

On aime bien: une musique qui a du chien, barré mais complètement accessible, le son des guitares et de la batterie, les samples complètement fumés mais qui participent et s'inscrivent parfaitement dans les instrumentations

On aime moins : une basse dont l'absence se fait parfois sentir malgré tout

photo de 8oris
le 29/03/2022

7 COMMENTAIRES

Pingouins

Pingouins le 29/03/2022 à 09:33:48

Une chronique à s'en lécher les babines !

cglaume

cglaume le 29/03/2022 à 13:55:18

« pas plus qu'il ne frôle l'hic. »

Non mais ho, haha :)

Du grand art, signé 8oris.

Barto

Barto le 29/03/2022 à 21:19:54

Au poil ta chronique ! merci beaucoup ;)

8oris

8oris le 29/03/2022 à 23:06:45

@Cglaume: il y avait aussi le "Pas du sample qu'a ni goût" dans le même esprit!

cglaume

cglaume le 30/03/2022 à 06:32:55

Damned, je l’avais loupé !

Pas de Royal Canin quand même si ? :D

8oris

8oris le 30/03/2022 à 10:55:34

Zut, je l'ai oublié celui là! :D

Moyann

Moyann le 30/03/2022 à 22:10:03

Croc-nique pourléchée ayant du chien. De la force pour les kho toutous baveux pomponnés sans laisses musicales ça fait plaisir ! Top moumoute @8oris pour dire la vérité.

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