Alcoholator - Escape from Reality

Chronique CD album (39:16)

chronique Alcoholator - Escape from Reality

Sur album, s’il y a bien 2 endroits qu’un groupe doit mitonner aux petits oignons pour 1) que l’auditeur occasionnel ne se barre pas en baillant au bout de 30 secondes 2) que le fan reste sur une bonne impression, voire qu’il ait envie de replonger sans attendre, ce sont – vous l’aurez compris – les 2 extrémités de la tracklist. Alors c'est vrai que du côté de la révérence conclusive, il n’est pas rare que les plus futés des mercenaires de studio arrivent à concocter un beau petit bouquet final au cours duquel, si la chose est réellement effectuée avec talent, l’amateur lâchera quelques « Oh la belle bleue! Oh la belle rouge! » devant la fastueuse débauche de riffs et de double pédale. Par contre l’entrée en matière n’est pas toujours aussi réussie, le travers le plus fréquent étant l'introduction ambiancée – quand ce n'est pas carrément ampoulée en mode "Hollywood, by Bontempi" – en décalage complet avec la purée décibélique servie dans la foulée – non plus par l’orchestre militaire du pharaon Grattelepubis III, mais par la guitare de Marcel Suffokatör et la batterie de Michel « Satanic Goat » Duchemin.

 

Eh bien si les québécois d’Alcoholator ont l’air encore bien jeunes, ils ont par contre déjà parfaitement compris l’importance de réussir leur entrée en matière en évitant l’esbroufe stérile. Du coup la simplement mais justement intitulée « Intro » est ce qu’on fait de mieux en la matière: en moins de 2 minutes, ces joyeux énervés parcourent à fond de train la piste d’un thrash instrumental, faisant crisser les pneus dans les virages et vrombir le moteur de contentement furieux. Arf, après un tel apéro c'est qu'on pourrait s'enfourner toute la discographie du Big 4 of Thrash sans l'aide du moindre trou normand! Et ce qu’il y a d’autant plus malin avec ce démarrage ébouriffant – mais là je suis salaud parce que je tempère direct’ ce début de chro' enthousiaste par un petit tacle vachard – c’est qu’il retarde l’arrivée de Matt Butcher, dont le chant à gros sabots n’est clairement pas l'atout majeur de ce 2nd album. Vous aurez par ailleurs tilté en lisant le patronyme du gugusse – parce que votre culture thrash est encyclopédique, si si – qu’il y a là référence à Destruction. Et celle-ci n’est pas vaine, la musique de nos amis n’étant pas, contrairement à ce que pourraient laisser penser le nom du groupe et la pochette d’Escape From Reality, un tribute band à Tankard, mais plutôt un condensé d’agression fonceuse à mi-chemin de l’Europe et des US, quelque-part entre Exodus et le groupe de Schmier ci-avant évoqué.

 

Ça y est: je vous ai balancé tout plein d’infos sans vraiment d’ordre ni de cohérence, et du coup je ne sais plus où j’en suis… Faudrait pas vieillir, tiens! Bon, pour retomber sur nos papattes, on va faire dans le facile mais informatif en vous donnant un petit aperçu topographique de la galette. Suivez le guide...

 

De manière assez cohérente avec son intro fulgurante et un dernier morceau plus classique – pas mauvais, hein, mais collant un peu trop aux basques de Metallica (Perso’ j’ai envie de beugler « C’mon! Jump in da fire! » en entendant le riff initial) – Escape From Reality offre une 1e partie bien musclée, suivie d’une 2nd moitié plus inégale. A ce titre « Fuck Your Skull » fait partie des titres les moins bandants de cette queue de peloton, entre un démarrage thrash’n’roll grassouillet, une pause atmo-électro-acoustique centrale et un final tout en tortillons Voivodiens que-même-que-mouaif. Sauf qu’on trouve quand même sur cette 2e mi-temps un « Human » doté de quelques passages bien fonceurs (...même s’il lui manque un bon solo) ainsi qu’un « Plastic Surgery » certes pas révolutionnaire mais réservant à 3:17 un putain de riff qui dégage une énergie haineuse et old school rappelant le fiel du « Blasphemer » de Sodom. De l’autre côté du mezzotracklisto, c’est l’orgie métallique en partant à reculons d'un « Out of Control » qui D-beat du Crossover de bûcheron, un « The Bleeder » sacrément intense (et lorgnant fort vers Exodus) ou encore un « Dictator » semblant vouloir un temps capitaliser sur le riff à 4 notes du « Infernal Death » de Death (vers 1:54). Mouaaargh: si l'on s’écoutait on irait pogoter contre les voisins d’open space tiens! Ah et puis n’oublions pas de signaler aux amateurs de featurings et de prouesses techniques que Dominic "Forest" Lapointe (Atheretic, Augury, Beyond Creation, Quo Vadis) passe faire un petit coucou le temps d’un morceau... M’enfin pas non plus de quoi changer la couleur de l’opus hein!

 

Escape From Reality est donc un bon petit album de thrash classique, certes assez « facile » mais carrément sympa, proposé par un groupe qui brille dans les sprints et de rares et pertinents soli, mais qui s’avère moins pertinent dans les mid tempos et des refrains manquant de « finesse ». Pour vous la faire courte, ce genre de matos est typiquement ce qu’il faut pour accompagner la bière fraîche d'un tout début de fest’…

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: les 11 brulots thrash lovés sur les sillons de ce 2e album d’Alcoholator ont moins à voir avec le Beer metal de Tankard qu’avec l’énergie et l’abrasivité d’un mélange entre la véloce noirceur d’Exodus et la teutonic touch de Destruction. Malheureusement, tout ça est moins folichon lors des « refrains » et des mid tempos. Du coup on headbangue et on sourit grassement, mais sans non plus souiller nos sous-vêtements.

photo de Cglaume
le 18/06/2015

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