And So I Watch You From Afar - Megafauna

And so I watch you from afar.

Voilà. Il me suffit d'écrire leur nom pour avoir des petits papillons dans le ventre.

Joie, bonheur et bonne humeur : le sautillant quartet irlandais est de retour avec son inimitable math-rock !

Inimitable et insaisissable.

Deux ans après Jettison (chef d'oeuvre "à part" dans la discographie du groupe de l'aveu même de Rory Friers, un des deux guitaristes) mais surtout 7 ans (déjà !) après The endless shimmering (excellent album après un Heirs plus caricatural et trop bavard*), on retrouve la bande qui a décidé de camper au sommet de son art.

Enfermé dans son mutisme**, ASIWYFA a toujours eu cette incroyable capacité à faire sortir 1000 émotions par la voix de ses instruments. Megafauna semble pourtant évoluer dans une autre division.

Sans jamais faire d'écart à sa personnalité, le groupe parvient encore une fois, à mêler toutes ses facettes et continuer à en explorer de nouvelles.

Ainsi, "North Coast Megafauna" et "Do Mór" nous mettent dans les meilleures dispositions avec ces titres typiques d'ASIWYFA. Les Irlandais font toujours parler lourdement les guitares, rebondir la section rythmique. Ils jouent avec l'auditeur, l'hameçonne et l'accroche pour le reste de l'album. Il en va de même quelques pistes plus loin, avec "Years ago", trahissant dès son patronyme aux accents nostalgiques, le contenu remuant du titre.

Le groupe déroule son math-rock multi-influencé et incorpore toutes sortes de sonorités ("Gallery of honour", l'excellent "Mother Belfast Part 2") sans nous en gaver, trouvant constamment équilibre et fluidité.

Les cas de "Gallery of honour" et "Any Joy" (marqué par l'inclusion de cordes comme en clôture de "Button days"), jouissent de l'influence cinématographique déjà palpable sur créations de Jettison.

Il arrive bien que le rythme de l'album retombe mais sans jamais patauger : les 43 minutes défilent si vite que l'on ne sombre pas dans l'ennui.

Megafauna n'est pas qu'une réussite artistique. Enregistré en dix jours et mixé près deux ans avant sa sortie (septembre - novembre 2022) l'album garde sa fraîcheur des premiers albums avec l'expérience des six qui le précèdent.

Enfin, comme toujours, il y a quelque chose qui sonne "vrai". Expression totalement floue et abstraite, propre à chacun selon les multiples curseurs de valeur qu'on veut lui donner, mais qui a son importance pour celui qui l'affirme.***

Plus objectivement, And so I watch you from afar hypnotise l'auditeur par l'irrésistible qualité des morceaux, au point que l'on se retrouve obligé de remuer du popotin, entraîné par des mecs qui ont 20 ans d'expérience en la matière.

On lit trop souvent un "Jouissif !" bien ronflant sur l'affiche d'un film finalement moyen. Mais s'il y a bien une occasion de l'utiliser à bon escient c'est bien pour cet album. Je t'invite à télécharger la magnifique image de ma création ci-dessous, l'imprimer sur du papier autocollant (du papier normal avec un point de colle stick UHU conviendra) et le coller sur votre CD / LP de ce très bon investissement "plaisir pour esgourdes" qu'est Megafauna. 

*unpopularopinion que je maintiens au péril de ma streetcred (facile, elle est inexistante) voire de ma vie (pas compliqué, elle est insignifiante).

**à l'exception, ici, du titre d'ouverture durant quelques secondes.

***J'écris ce que je veux, je suis bénévole et pas journaliste.

Tookie

le 16/08/2024