Antropofago - A Propensity for Violence... Cruelty Enslavement

Chronique CD album (04:18)

chronique Antropofago - A Propensity for Violence... Cruelty Enslavement

Antropofago existe depuis 2010 et c’est la première chronique à laquelle ils ont le droit sur votre webzine musical préféré. En bon Musical Justice Warrior, je vais de ce pas mettre un terme à cet affront, à cette invisibilité médiatique déraisonnable, pas plus méritée qu’explicable.

Une petite présentation s’impose donc: Antropofago, c’est du death technique de Montpellier exécuté d’une main agile et rapide par 5 tortionnaires de la musique. Leur dernier album A propensity for violence..Cruelty Enslavement est un 6 titres un peu particulier car il s’agit d’un ré-enregistrement des 6 titres de leur précédent EP (A propensity For Violence) auquel 4 nouveaux morceaux viennent se greffer. De plus, on y trouve 2 chanteurs: Eris (Beneath An Obsidian Sky), le nouveau, sur les morceaux "Horror Prevails" et "Misanthropic Whispers", et Loïc, l’ancien, sur les autres.



Du death technique en 2020, ça veut dire tout, son contraire et même parfois l’inverse, et en plus vous êtes pressés. Alors, ne retenez que cela : si Antropofago sort du lot et mérite une certaine considération, c’est pour trois aspects:

- réussir à faire du death technique qui n’est ni nombriliste (“et là, on ajoute le 72ème plan du morceau en sweep...”) ni chiant (“...sur une gamme diminuée avec ajout d’un bémol sur la sus-dominante pour ajouter une tension et laisser la basse assurer la résolution du morceau”)

- proposer un album de death technique qui ne sonne pas comme s’il avait été édité à la machette.

- avoir son est à la frontière entre old-school et modernes: vous n’avez ni la frustration du côte “rikiki” du premier, ni le côté fatiguant “loudness war” du deuxième (bravo donc à Onyx Studio (mix) et Paradise Strudio (mastering)



Trois aspects qui font la différence, ou au moins la différence d’Antropofago. Pour le reste, c’est très classique, certes mais qu’est ce que c’est bon! Très bon même, du death technique, lourd mais catchy, oui madame! Propreté, rapidité, violence musicale. Pour ceux qui aiment la tartinade et ont déjà sorti les blinis, vous allez pouvoir préparer pas mal de canapés pour l’apéritif entre les plans de basse absolument insensés qui nous rappellent Cannibal Corpse, les guitares qui font le TAF (Technical As Fuck), te sweepent la tronche en long, en large, en travers et même par derrière, la batterie qui double kick, double snare et double absolument tout, une voix qui growle, grunte, pigsqueale avec une gestion du souffle dans l’interprétation assez hallucinante ("Horror Prevails"). Mais attention, ici, pas d’égo de la taille du biceps gauche de Petrucci, le groupe mise sur le savoir-faire plus que sur le faire-savoir.



Mention spéciale pour "Antinferno" qui ouvre magnifiquement le bal, l’intro en pleine gueule bien construite, son solo néo-classique harmonisé avec la basse, suivi de ce plan en tapping pendant que la basse sweepe (rohhlalala plaissssirrr ultime) conférant au morceau ce bon petit goût de death technique.

Mention madeleine de Proust pour la reprise de "Davidian" de Machine Head. Je fais partie de ces rares personnes qui trouvent que Machine Head a autant d’intérêt qu’un examen colorectal un lendemain de cassoulet et le seul morceau que je trouve bien de ce groupe référence ultime pour le métalleux AOP est..."Davidian". Sauf que le côté néo-nu-truc du morceau disparait au profit d’une interprétation lourde et puissante. Désormais, je ne dirais plus “tiens, je vais me faire "Davidian" de Machine Head” mais “tiens, je vais me faire Davidian d’Antropofago”.

Mention d’honneur pour le morceau “Descent” avec cette guitare en arpège, ces orchestrations de qualité, cette basse plus soliste et en avant et...une batterie qui progressivement se met à faire du développé pas du tout couché en mode octopussy. Le mélange est parfaitement improbable. On a l’impression de musiciens qui ne se sont pas mis d’accord sur l’ambiance à donner aux morceaux mais dont l’interprétation simultanée est parfaite. Comme si chacun cherchait à troller les autres sans jamais ni réussir à troller, ni se faire troller lui-même.

Un point bonus sur l’artwork qui arrive sans peine à être horrible mais plus avec classe qu’avec dégueulasse. Un très joli travail de Frank Ghibaudo de Don-G Creations avec qui le groupe a déjà travaillé par le passé.



Avec cet EP, que l’on pourrait qualifier de “transition”, proposé avec un nouveau line-up et dans un contexte particulier (surtout quand on est auto-produit), Antropofago valide sa nouvelle mouture. Espérons qu’ils gagneront encore plus de cette reconnaissance qu’ils méritent au sein de la scène technical death et que cela leur ouvrira encore plus de portes. En tout cas, les miennes le sont et une de mes résolutions pour la nouvelle année sera de m’atteler à chroniquer leurs précédents albums et EP.



 



On aime: du technical death pas chiant, pas fatiguant, pas rikiki, pas nombriliste et pourtant très bon, une reprise de Machine Head qui fait oublier Machine Head

On aime pas: on attend un prochain album avec uniquement des nouveaux morceaux pour passer au 10/10!


photo de 8oris
le 12/01/2021

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 12/01/2021 à 09:44:05

Essayé et approuvé (... même si une unique écoute de l'album ne m'amène pas à une note aussi généreuse. Mais ces choses demandent à être ruminées longuement pour en extraire tout le sel)

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