Atomic Ape - Swarm

Chronique CD album (44:01)

chronique Atomic Ape - Swarm

Le plus compliqué avec Atomic Ape, c’est de créer la page groupe. Autant la discographie du groupe est loin d’être pléthorique (2 albums au compteur en incluant celui dont il est question ici), autant le casting est hallucinant. Pas loin de 27 bonhommes sont derrière cet album. Peut-on encore parler de groupe ou de projet collectif ? On est à la limite de l’orchestre et c’est presque ça car derrière la direction artistique d’Atomic Ape se cache le génial sinon très prolifique Jason Schimmel (Secret Chiefs 3, Estradasphere). Ce dernier a rassemblé d’anciens comparses de ces autres projets (Trey Spruance, Mike Lockwood, Ryan Parrish pour les plus connus et du beau monde de L.A.: Will Wulfeck au saxo, Luke Bergman à la batterie, j’en passe et des très bons) pour leur faire jouer un savant (dans le sens de "musique savante") et savoureux mélange instrumental de jazz-rock funky-ethnico-balkanique.

 

Comme dirait le seul avis que l'on trouve sur RateYourMusic: "Encore un groupe de klezmer/desert jazz/swing/surf rock/circus/avant/prog"...Bah ouais, Jean-Michel Blasé, tu as tout dit! Les fans de Secret Chiefs 3 seront aux anges sans être surpris par le style qui, s’il n’est plus très original en 2022, est pratiqué ici avec une maîtrise sans égal me semble-t-il sauf à aller fureter dans les groupes de jazz-fusion aussi géniaux que perdus dans un style de niche qui a atteint depuis longtemps sa masse critique. Ceci explique peut-être la sortie peu remarquée de Swarm en 2014.

Pourtant point de fusion jazz/rock intellectualisée, trop barbante et exagérément démonstrative. Ici, ça taquine niveau skill mais sans faire le kéké qui se la raconte. On imagine des pistoleros de L.A, ces seconds couteaux qui multiplient les sessions comme d'autres les pains, connus dans le milieu et qui se sont retrouvés pour s’éclater artistiquement autour de la vision cartoonesque du jazz que propose Schimmel.

 

Et ça commence dès la première piste, un "Red Tide" qui plante le décor directement: on est dans de la bande son fumée de la tronche, plus pêchue que Madame Michu, qui te fait croire qu’elle tourne en rond pour te détourner pour pas un rond, une poudre plus dynamique que l'Ovomaltine et qu’on aurait envie de sniffer par les oreilles. Ca continue de la même manière pendant 10 pistes et 44 minutes. Quelques pistes sont plus calmes histoires de s'ambiancer façon fumerie d'opium mais Swarm est plus propice au réveil qu'à la sieste.

Ce côté donc hyper mélodique des morceaux fait que l’oreille est toujours très sollicitée et pourra fatiguer sur la fin. Ajoutez à cela des rythmiques pas toujours très naturelles comme cet intéressant 7/8 dans le super "Nerve Agent" (pour lequel on aurait aimé que la version album soit un peu plus rapide comme elle est jouée en live).

Qui fait quoi? Qui joue quoi? Difficile à dire tant il y a une volonté des musiciens de dépasser le simple cadre musical offert par leur instrument. D’autant plus quand sont mélangés des instruments tempérés avec d’autres qui ne le sont pas, le résultat dépend encore plus de l’interprétation, de ce que le musicien a à raconter et là, on devine que les cahiers de partitions ont été truffés de quelques pages de Mad Magazine. Du coup, l'interprétation est parfaite, ceux qui apprécient les instruments traditionnels abordés de manière non traditionnelle reconnaîtront l'effort.

Le mixage hyper chaleureux, très analo, feutré mais bien vivant a le mérite d’éviter de fatiguer encore plus l’auditeur déjà bien occupé par une musique dense. J'ai trouvé les percussions un peu trop relegué au fond à gauche après les toilettes, un peu dommage car elles complètent intelligemment la batterie.

 

Quelques mots sur l’artwork que je trouve mortel, façon Dookie de Green Day version…euh..propre! Impossible de trouver qui est derrière mais cette pochette est finalement assez représentative de la musique de Swarm: les tons sépias pour le côté joliment suranné du jazz pratiqué, les nombreux détails cachés qui se révèlent au fil du temps de la même manière que se révèlent les détails musicaux (bien) cachés, les personnages représentés qui sont normaux de loin mais claqués au sol vus de près comme l'est la musique: on peut l'écouter d'une oreille et elle se fera objet de distraction ou on peut l'écouter attentivement et elle se fera objet d'étude.

 

Alors, oui, le style est vu, revu, entendu et convenu, même il y a 8 ans à l’époque de sa sortie mais ce n’est pas parce que c’est facile de faire des cookies que c’est facile de les réussir parfaitement. Même s’il y a quelques biscuits trop cuits dans la fournée (le planplan "Telesto"), même si la musique sonne parfois trop "bande original" (comme le très bon "Rhythm Future" ou "Penumbra"), même si le côté "oriental" est un peu décliné à toutes les sauces, la brigade qui a concocté Swarm est sans conteste très talentueuse et cet album pourra faire office de bande-son fort agréable sur la route des vacances (plutôt dans le Sud, si vous partez en Islande, adressez vous à Seisachtheion ou Xuartec).

 

 

On aime: le niveau d’écriture absolument dingue, le côté cartoonesque, bien exécuté par des musiciens qui s'éclatent mais…

On aime moins : …pas nouveau, un peu dense, les connaisseurs apprécieront, certains diront "one more or no more" et les autres passeront.

photo de 8oris
le 15/10/2022

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 15/10/2022 à 09:11:20

Content que tu l’aies chroniqué 8o8o !! J’avais essayé, mais je l’avais trouvé à la fois trop peu Metal et trop peu catchy. Ça mérite que je lui laisse à nouveau sa chance !

8oris

8oris le 15/10/2022 à 13:33:58

Trop peu metal, je suis complètement d'accord. D'ailleurs, j'ai hésité.
Trop peu catchy: ca dépend vraiment des morceaux mais c'est un disque qui passe bien à l'occasion! ;)

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