Barren Womb - Chemical Tardigrade

Chronique CD album (37:31)

chronique Barren Womb - Chemical Tardigrade

Si on m’avait demandé il y a quelques semaines : "Et, au fait, Barren Womb? Tu connais?", j’aurais répondu, légèrement enjoué: "Ah oui! J’ai chroniqué leur album Lizard Lounge, c’était plutôt cool…de mémoire". Désormais, je répondrais "Barren Womb?!! Mais carrément que je connais, ça déglingue”, parce que si ma chronique d’il y a 3 ans manquait peut-être un peu d’assurance, celle-ci se devrait d'être pleine de louanges parce que ce nouvel album est diablement bon.

 

Ca commence avec le titre et la pochette. Un tardigrade (l’insecte increvable) avec un couteau, un bon gros "brad" et qui..lévite...au milieu de...champipix sur...fond rose! Tu parles que ça me parles Charles. On m’aurait dit que c’était un album de Hentaï Corporation que j’y aurais cru. Mais non, chez Barren Womb aussi, on fait dans la chéper pochette chuper chouette.

 

Pour ceux qui n’auraient pas suivi depuis 2012, Barren Womb est un duo suédois qui fait dans le noise-rock-punk-hardcore-et-bien-plus-encore. Je vais citer un confrère lointain qui s’est frotté au duo et le décrit parfaitement "C’est à dire qu’il s’agit de de rythmiques épileptiques, de chant braillé et de mise en œuvre faussement approximative...".

Détaillons car là où Lizard Lounge présentait un groupe qui mangeait à tous les râteliers quitte à perdre un peu l’auditeur dans une intention stylistique sans limites, ici, il y a une unité entre les morceaux qui s’il ne ressemblent pas, bénéficie de la même énergie, et pour certain d’une approche plus folk, plus mélodique, plus prenante, plus "radio friendly", plus intenses que précédemment.

On y retrouve notamment cette guitare acoustique qui seconde très souvent la guitare saturée et rajoute des couleurs mélodiques, rythmiques ("Squat Walker"), un pari (peut-être) osé pour un groupe qui a fait de l'aspect "noisy" un de ses gimmicks.

N’empêche que ça fonctionne comme ce "Campfire Chemist", sorte de balade punk ou "Dung Lung" qui clôture l’album et qui m’aura fait penser, dans l'esprit, à du Neurosis mais joué deux fois plus vite tout en étant empreint de cette même lourdeur un peu cradouillou mais au teint fin et non feint. Et que dire du superbe "Keep It R’lyeh", de ses harmonies vocales bien vues (et faussement approximatives comme évoqué plus haut) sur fond d'accentuations faussement tristounettes, ‘fin du tristounet mais à fond la caisse. Et c’est ça qui est bien: les gaillards restent braillards et n’ont pas adouci le propos, le chant reste tantôt écorché, tantôt énervé mais toujours juste. Barren Womb réussit donc à conserver son empreinte noise/rock/punk/hardcore mais en lui ajoutant une lichette subtile d’émotion un peu folk.

 

Et puis, ils ont, dans cet album en tout cas, cette capacité à s'inspirer de styles qui, si vous ne les aimez pas, s’expriment ici dans des déclinaisons autres et qui pourraient vous plaire. Si vous trouvez que le hardcore est trop hardcore, que le stoner est trop stone, que le punk est trop crétin, que la noise fait trop de bruit, alors Barren Womb vous délivrera un peu de tout cela sans que vous vous en aperceviez.

 

La prod est parfaite, ça ronronne de partout, ça régale à tous les étages. Elle rend parfaitement compte de la proximité, de l'intimité, de la synergie même que l'on devine entre les deux musiciens (qui ont l'habitude de jouer face a face pendant leur effervescente prestations live). Le son de guitare est dingue. De la belle saturation à l’ancienne, rougie à la lampe. Pas toujours vraiment saturax, pas toujours vraiment fuzzy, juste un son qui tord joliment à base de Telecaster bien clinquante et qui chauffe.

Côté batterie, c’est la tartinade de l'envolée de grooves, une batterie généreuse et gourmande, pas technique, pas du pète-sec plus haut que son cul, du kick efficace à coup de godasse. Le zig n'a pas besoin de trig et flottent dans l’espace rythmique au milieu de cymbales usées pleine balle, de roulements rentre-dedans, le tout avec un son bien mat, bien flappy-flap-flap de la batte et c’est parfait, on n’en entend que mieux l’intention de ce futé des fûts qui ne m'a pas déçu.

 

 

Difficile de trouver à redire, à part un morceau d'ouverture un peu en deça et qui ne présage pas de la suite, Barren Womb lâche ici un formidable pavé dans un style bien à eux qui nous entraîne dans une noise-rock toujours punk hardcore mais qui se drape subtilement d'apparats folk. Moins WTF que sa pochette, c'est une galette qui se doit de tourner tant elle retourne, d'ailleurs j'y retourne...

 

 

On aime bien: un recueil de tubes de punk-rawk noisy, les lignes vocales

On aime moins: moins perché que sa pochette

photo de 8oris
le 29/03/2024

8 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 29/03/2024 à 08:51:46

Gros gros coup de coeur pour celui-ci, alors que le précédent ne m'avait pas plus parlé que ça !

Tookie

Tookie le 29/03/2024 à 08:55:17

Il est déjà en bonne position pour finir dans le top perso de l'année 2024 ! 

el gep

el gep le 29/03/2024 à 09:24:27

''rougiE à la lampe'', rougie, c''est un adjectif.
C'est tout ce que j'ai à dire, au revoir.

(j'suis trop sympa, hein)

sepulturastaman

sepulturastaman le 29/03/2024 à 10:55:15

Oui sauf que verdit à la lampe ça passe aussi, et que verdit bah verdir bah verbe quoi, et je pense que 8oris veut évoquer la couleur  rouge des lampes des amplificateurs à lampe : "De la belle saturation à l’ancienne, rougeoyait à la lampe".
La classe à laquelle j' appartiens n'a pas besoin de moi pour être niquée.

el gep

el gep le 29/03/2024 à 11:43:37

Non c'est pas ça mais c'est pas grave.

On a la classe ou on ne l'a pas, perso je suis plutôt déclassé.

cglaume

cglaume le 29/03/2024 à 12:05:32

Hentaï Corporation, belle référence 🤘🤘

sepulturastaman

sepulturastaman le 29/03/2024 à 12:27:59

Bah je te présente mes 'excuses d'avoir mis ton français en doute.

Moland

Moland le 03/04/2024 à 04:43:23

Et  une entrée dans mon top2024 évolutif, une !

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