Blessed By A Broken Heart - Pedal To The Metal
Chronique CD album (49:35)

- Style
Glam Metalcore FM même pas parodique... - Label(s)
Century Media - Sortie
2008 - Lieu d'enregistrement Farm Studio
écouter "Move Your Body"
Dès les premières minutes de l’intro, nos soupçons se trouvent confirmés: les Blessed By A Broken Heart vivent dans une dimension parallèle restée figée dans les 80s, quand Veronique et Davina excitaient encore quelques libidos adolescentes, que « synthé » signifiait autant « clavier » que « synthétique », que les prod’ pop corn faisaient rêver d’Amérique… Et que le ridicule ne tuait pas! Cette mise en bouche nous ressert en effet toute la grandiloquence naïve et les chromes (en plastique!) désuets d’un « Ghostbusters », ou si ça vous parles plus, du « Thriller » de Mickael Jackson. En même temps, quand on intitule son album Pedal To The Metal, qu’on colle en accroche visuelle un bolide qui fait la jonction entre « Shérif fait moi peur », « Retour Vers le Futur » et Afterburner de ZZ-Top, et qu’on arbore fièrement un look piochant aussi bien dans la sobriété du Mötley Crüe des débuts que dans le bon goût à la mode Bullet For My Sevenfold, on ne peut pas dire que le public n’est pas prévenu…
D’ailleurs, pour tout dire, lors de la réception du 2 titres promo Move your Body / Show Me What You Got, cet excès de kitch écœurant m’avait poussé à me demander si ces gars là ne donnaient pas purement et simplement dans un 2nd degré narquois (à la Nanowar, mais en avançant camouflés). D’autant que les 2 titres proposés – repris sur Pedal To The Metal, « Move Your Body » gagnant malheureusement un peu en « centre-commercialité » – étaient à la fois à fond dans le cliché jusqu’au-boutiste (cf. la crétinerie teenagers des « Move your body, Move move your body, School’s out and it’s time to party »), mélangeaient tout ce qui énerve l’allergique à MTV (permanente glam, trend metalcore…) et en rajoutaient même en incluant une boucle dance sur « Move Your Body ». Et puis merde quoi, on avait envie d’y croire, histoire de décomplexer par rapport au plaisir pris à l’écoute de morceaux mélangeant le meilleur (si si, ça existe) du vénèrecore US – l’agressivité, les mosh parts – et de la scène hair metal – ses mélodies Hollywoodiennes pour virées en décapotable rose Malabar – dans une recette rehaussée d’une énergie festive digne d’Andrew W.K.
Malheureusement, le constat est accablant: nos canadiens semblent bel et bien à fond dans le trip, leur approche de la musique faisant preuve d’un recul similaire à celui de l’abonné à la tribune Boulogne au moment de mimer le singe pour saluer son footballer bronzé préféré…
En même temps, soyons honnêtes: tout cela n’enlève rien à l’aptitude qu’ont ces sales mômes à écrire des hymnes hyper accrocheurs (Putassiers? Sans doute, mais ça marche!) pleins de néons flashy et de grosses cylindrées qui font Vroum Vroum… « Move your Body », « Show Me What You Got », « She’s Dangerous », « Don’t Stop » ou le plus metalcore / modern-In Flames « Carry On » sont la preuve d'une capacité certaine à pondre de la petite bombinette qui fait mouche. Et qui plus est, les gratteux balancent du solo et des leads en veux-tu-en-voilà, le plus souvent avec à propos et brio. Clap Clap serait-on donc tentés de faire avec nos mimines, pour marquer notre approbation tout en séchant le vernis…
Sauf que le groupe noie ce bon fond « Fusion Hard Rock rutilant / Metalcore mèchu » dans une mélasse indigeste faite de synthé pompeux et gonflant (entre le « Jump » de Van Halen et le pire de Europe), de « Whou-oh-oooooh » et de « Na-na-naaaaa » insupportables, et de textes donnant envie de claquer de l’adolescent boutonneux au kilomètre. A cela vous ajoutez les titres mielleux de circonstance – la nostalgie lycéenne chamallow de « To Be Young », le Walt Disney ending de « Ride Into The Night » – qui enfoncent encore un peu plus le clou de l’exaspération dans la croix du supplice chroniquatoire. OK le son est énorme, l’accroche est maousse, le public potentiel doit exister, mais comment peut-on interpréter ça aussi sérieusement? Un élément de réponse se trouve probablement dans les thanx list individuelles où figurent en tête de classement « My lord and saviour, Jesus Christ » et « God »…
En gros, si vous aimez la coupable sensation du renoncement à vos valeurs artistiques les plus fondamentales, si vous vous marrez devant « Secret Story » en vous remémorant les dernières blagues d’Arthur et de Lagaf’, et si vous n’hésitez pas une seconde entre le plaisir pris à l’écoute de Blood Stain Child ou Scar Simmetry et le dégoût provoqué par tant de ridicule et de gras, allez-y, c’est du tout bon. Sinon tenez-vous à bonne distance de ce dangereusement séduisant mètre étalon du premier degré métallique…
La chronique, version courte: un mélange abominablement ultime de hard FM / glam à gros synthé insupportable et de metalcore à mosh parts mèchues. Abominable par son premier degré crasse et son archétypale superficialité trendy, mais aussi par sa capacité à hypnotiser et à emporter l’adhésion. Vade retro…
5 COMMENTAIRES
Crom -Cruach le 05/04/2012 à 22:40:02
Très bonne kro même s'il est hors de question que je porte une oreille sur un truc pareil !!
cglaume le 06/04/2012 à 00:22:08
Merci !
Essaie quand même d'écouter le titre "Move your body" (dans le player, à la droite de la chro), pour le fun - et l'intérêt musico-sociologique :)))))
Geoff FaTbaStArD le 06/04/2012 à 11:31:27
les mots me manquent O.O
Lord Orgazmo le 06/04/2012 à 11:41:23
Je me suis beaucoup posé la question de savoir si ils sont dans la parodie, un peu beaucoup ou pas du tout. Au final je n'en sais rien mais qu'importe moi je le prends comme une parodie et cette musique kitschouille accompagnée de paroles fantastiquement kitschouilles c'est absolument tripant.
Les passages metalcore sont pas folichons mais peuvent aussi s'avérer occasionnellement droles.
Bref cet album est un formidable péché mignon, une folie décadente (même si c'est une stupidité immanente pour les auteurs)
Par contre celui qu'ils ont sorti récemment est une bouse molle, sans énergie et sans grain de folie.
cglaume le 06/04/2012 à 12:47:48
@Lord: Le doute m'avait également assailli lors e la réception du 2 titres promo. Mais mes doutes se sont envolés à l'écoute de cet opus. Mais je te rejoins sur le fait que l'album puisse constituer un sympathique plaisir honteux à savourer enfermé dans les WCs, pour que les autres ne sâchent pas :)))))
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