BLKSMIITH - blank

Chronique CD album (28:17)

chronique BLKSMIITH - blank

Le pan tout public du breakcore, en théorie vous en connaissez les fondamentaux ; quand ce n’est pas Cglaume qui vous chronique l’intégrale d’Igorrr ou feu Margoth qui vous glisse un mot sur Ruby My Dear, Gautier Serre vous en met de toute manière plein les esgourdes et les mirettes dans une pléthore de festivals de metal, sans que personne n’aie toujours compris comment il s’y est retrouvé parachuté.

 

Mais en connaissez-vous la face cachée ? Ce petit recoin obscur du parterre de pâquerettes où le serial killer du quartier vous a planté les quelques morceaux de membres arrachés qui n’ont pas fini dans sa marmite pour voir s’il n’arriverait pas à se faire pousser un petit frère ? Ces tréfonds obscurs des abîmes musicaux dominés par Goreshit, Sewerslvt ou Nero’s Day At Diseyland – pour n’en citer que les plus accessibles –, que quasi seule la harsh noise parvient à concurrencer en termes de boucherie auditive pour les oreilles non averties ?

 

Pour faire très simple, disons que son matraquage tout trouillomètre-à-zéro dehors d’échantillonnages foutraques, de kicks distordus aux frontières de la dépersonnalisation et de moult breaks abêtissants (eh, d’où croyez-vous que le genre tire son nom ?) ne manquent guère d’occasions de destoper les oreilles les moins rompues à leur exercice. Igorrr vous faisait déjà vomir le cerveau par les orteils (si si, c’est bien possible avec la bonne dose d’imagination et de kétamine dans le sang) ? Ayez donc la dose d’abnégation nécessaire envers votre cortex cérébro-spinal pour ne pas laisser la curiosité vous emporter vers le reste du roaster le moins insupportable.

 

Pour les autres, laissez-moi vous présenter le breakcore fuligineusement shoegazé de l’énigmatique blksmiith et de sa trogne soigneusement dissimulée au commun des mortels depuis le début de ses frasques musicales. Son logo viteuf designé à la mode black metal old school, son proverbial mépris du moindre emploi cohérent de la majuscule dans ses tracklists, son inénarrable goût pour la drum’n’bass dans ses frasques ambient les plus nébuleuses. blank justifiera en effet difficilement d’accroche plus metallisées que ses quelques riffs aux consonnances acoustiques (« angel numbers ») ; celles-ci contribuent malgré tout d’autant mieux à cette sensation d’atmosphérisation aussi glauque qu’arythmée jusqu’à la nausée cérébrale libératrice (« translucent »).

 

Pour autant, l’aréopage de beats aussi edgies que gratifiants de variations modales (nappages doom éthérés sur « MQ-9 Reaper », confinant au drone sur les mélodies sirupeuses en arrière-plan de « you talk like someone else ») parcourant le skeud l’émaille d’autant de points d’ancrage à la mesure de sa richesse expérimentale. blank se parcourt tel la Coulée Verte squatée une nuit de pluie galopante par une bande de crackeux : à pleine vitesse, malgré la poésie ambiante. Tu te prends ainsi à déguster son paysage sonore avec l’empressement nécessaire pour ne pas te laisser happer par son danger environnant, qu’il repose sur le mixage mélodique défaillant d’« encrypted » ou les harmonisations faussement instrumentales balisant « without suffering ». Les tracks de blksmiith se dégustent à la mesure de la polyrythmie animant ses compositions, alternant nappes atmosphériques pures et beats jungle ultrarapides à t’en faire headbanguer Beep-Beep (« MK II »).

 

blksmiith s’illustre avec blank, comme à son habitude dans la qualité du choix de ses samples, se payant le luxe de chiper du Goreshit pour égayer son premier morceau (nan désolé « unknown - sped up » ça n’a aucun sens comme titre, je me refuse à le citer). Dont le savant mélange se synthétise en un brouillard ambient ultradense aux orchestrations émotionnelles aussi labyrinthiques que déroutantes dans leurs compositions respectives. Peut-être la porte d’entrée idéale pour les réfractaires au genre adeptes de doom et autres chiantissimes sous-catégorisations de metal lentes à en mater se décomposer des escargots ; pour les autres, laissez-vous a minima tenter par la poésie lautréamontesque de l’expérience.

photo de Aldorus Berthier
le 20/12/2024

8 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 20/12/2024 à 09:10:26

C'est quoi le breakcore ?

cglaume

cglaume le 20/12/2024 à 11:14:55

Faut lire la chronique 😝
Ou les chroniques d'Igorrr et Ruby My Dear
Bref : c'est un courant de l'Electro 🙂

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 20/12/2024 à 11:18:13

Jesus Fucking Christ !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 20/12/2024 à 11:21:38

De l'électro qui regarde ses pompes : pas pour moi donc.

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 20/12/2024 à 11:55:50

Yes, enfin du breakcore autre que les deuxdits loustics sur CoreAndCo ; grande victoire pour moi ! 😃

zaaab

zaaab le 05/01/2025 à 13:06:30

désolé mais grosse déception il n'y a quasiment rien de breakcore la dedans, au mieux de la jungle pour les titres les plus énervé et sinon de la drum'n'bass basique...un peu comme si on me vendait du death qui tache et que je me retrouve avec un album d'anthrax...

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 28/01/2025 à 14:37:54

@zaaab Ah bah j'sais pas ce qu'il vous faut :'(
... P't'être attendre la chro du prochain Bong-Ra qu'arrivera bientôt !

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 28/01/2025 à 15:28:36

(Au passage maintenant que je relis cette chronique et que j'ai relancé sa section com' ; personne n'a de nouvelles de ladite Margoth ou même de Freaks tant qu'on y est ? Ca fait quand même bientôt un an que j'vous impose ma présence mais aucune trace d'eux, c'est bien dommage attendu que R.Savary et Marc eux ont bien fini par se remanifester :/)

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