Blue Haired Girl - Dérive

Dans le monde de l'édition, certains y vont de leurs collections autour d'une thématique ou d'un auteur. Mine de rien, cette démarche un peu précieuse correspond plutôt bien à Martial, le boss des Disques Normal. Si la thématique principale est une pop fracturée, les auteurs, eux ont très souvent l'envie de travailler avec précision et en prennent le temps.

Dans le monde de l'autotune où les lignes de basse sont reproduites à l'infini où les morceaux doivent faire 2'40'' et où les labels et promoteurs passent plus de temps à faire des relances plutôt que de dire pourquoi ceux qu'ils défendent sont – bien - ; c'est plus qu'appréciable.

Avec un Disque Normal, vous n'aurez jamais de mauvaise surprise. Et si la préciosité propre aux productions vous laisse de marbre, vous pouvez trouver des valeurs sûres et impérissables.

Blue Haired Girl, 10 ans après le bien nommé l'éloignement, revient avec un nouvel opus qui répond à tous ces critères établis. Le titre d'ouverture se nomme « Explorateurs », sans le moindre hasard.

Blue Haired Girl est un trio qui aime s'entourer. Les gens, les bruits, les silences, et probablement une poignée de disques qui n'ont pas vus le jour dans les années 2000. On pourrait citer l'excellente compilation Musiques faciles pour gens difficiles (Labels – 1998), dédiée au Post-Rock en mode fourre-tout. Shrink, 4e album des Allemands de The Notwist (Community – 1998). Et sans doute, l'excellent Timothy's Monster, 4e (ben oui) opus des Norvégiens de Motorpsycho (Stickman – 1994) pour les ambiances à la « The Wheel » - sommet du post-rock bien avant l'heure -.

« The sound of » avec le violon de Lorena Loth, dit tout ça.

Dérive symbolise les retrouvailles de musiciens appliqués et impliqués dans différents univers musicaux, pas trop éloignés, de la maison mère finalement. Les Tycho Brahé, Sycamore, Collectif Nuuk, ne résistent pas à la cohésion marquante des 8 titres développés aussi. Si chacun est – à part - dans son registre, Blue Haired Girl a ce quelque chose en plus. Cette fille aux cheveux bleus est toujours à conquérir.

Sur l'album, les voix sont partagés, les écrits aussi avec Thimotée Demoury sur l'excellent « Révolutions », Christophe Gay sur « Explorateurs » et, « Nénuphar 3 » en compagnie de Marie Vandermeersch. Dérive accueille aussi, un panel d'instruments acoustiques souvent réservés aux formations classiques comme le glockenspiel, piano, xylophone ainsi que des instruments plus rares comme le kalimba ou le bouzouki.

J'ai coutume d'écrire qu'un grand disque se doit d'avoir un grand terminus. « On the beach » apparaît en mode mineur derrière un « Moonfall » plus riche.

Eric D-Toorop

le 06/07/2021