Breakfast Epiphanies - All of these bees...

On fustige à raison Bayer qui, avec son Gaucho, est à l’origine d’un abeillicide (on va dire que le mot existe) sans précédent. Mais ce que l’on sait moins c’est que, bien que peu médiatisé, Breakfast Epiphanies livre lui aussi une bataille acharnée contre l’Apis mellifera, déformant insidieusement la vérité afin que, au lieu de renvoyer l’image d’indispensable pollinisateur et de charmant confectionneur de miel, cet insecte passe pour un êtes stupide et difforme, ainsi que le suggère l’infamante pochette de All of These Bees…

... Comment, il ne s’agirait pas là d’un acte de lobbyisme industrialo-idéologique ? Juste d'un mauvais goût aussi prononcé qu’assumé pour les artworks réalisés à main levée sur MS Paint ? Diantre, on aura tout vu !

Ah ça c’est certain que ce n’est pas ce visuel qui nous a irrésistiblement attirés vers le premier EP des Anglais. C’est plutôt l’action conjointe 1) d'une recommandation émanant de The Edible Toadstool Orchestra (on reparle sous peu de ceux-ci), et 2) du tag « Funk Metal » figurant sur la page Bandcamp du groupe qui nous aura finalement poussés à jeter une oreille sur ces deux premiers titres. Et crénom que cette initiative fut judicieuse !

« Breakfast Epiphanies tu dis ? De quoi ça s’agit ? ».

Il s’agit de Londoniens – un, surtout : Sandy Nicholson – qui s’expriment dans une langue musicale voisine de celles de Thank You Scientist (pour le côté Tech, quoique sans les cuivres), Moon Tooth (pour la personnalité smart mais originale) et Without Waves (pour la cohabitation Math & Pop), ces parallèles valant également pour le chant qu’on pourrait situer entre ceux des frontmen des 2 premières formations évoquées. Eux appellent ça du Progressive Funk Metal... Mouais, why not. Quoiqu’il en soit les 2 compos figurant sur cette courte sortie sont pleines de rebondissements, de recoins, de pieds de nez, mais retombent tout le temps sur leurs pattes, tel le chat dont elles possèdent la souplesse et la démarche parfois vive, parfois toute de velours. D’un côté l’interprétation s'avère exigeante, il est demandé à notre cerveau de suivre un fil d’Ariane plein de circonvolutions et de nœuds gordiens... Mais de l’autre des mélodies poppy, des éclaboussures Jazz’n’Funk et des rayons de soleil légers rendent l’aventure aussi évidente qu’agréable.

Si l’écoute de « Soup of the Moment » propose largement de quoi combler les amateurs de Metal tracé à la règle sur papier millimétré par de studieux zouaves à cravate, « Clifford  Clown Horse » se révèle quant à lui être de ces puissants petits tubes atypiques qui provoquent instantanément les coups de foudre. D'où – Chazam ! – l'état dans lequel se trouve aujourd'hui votre interlocuteur.

Allez-y, essayez donc vous aussi, ne faites pas votre farouche s’étranglant bêtement sur un beurktroppaboledessin : All of These Bees… c’est une serviette fraîche sur vos tempes douloureuses, de la cannelle sur votre tarte aux pommes, de la menthe sur votre crumble à l’abricot, du coulis de griotte sur votre fondant au chocolat. All of These Bees… c’est une grande giclée rafraîchissante sur vos papilles auriculaires.

... Allez allez : on clique et on écoute !

La chronique, version courte: All of These Bees… pourrait être le fruit d’un side project regroupant des membres de Thank You Scientist, Moon Tooth et Without Waves. Ce premier EP 2-titres de Breakfast Epiphanies propose un cocktail pétillant de Metal technico-virevoltant (presque assez tourbillonnant pour mériter le préfixe « Math- ») et d’accroches Jazz’n’Pop séductrices. Tentez donc « Clifford  Clown Horse » : si cette petite merveille ne vous convainc pas, c'est que vous vous êtes méchamment trompés de crèmerie !

Cglaume

le 18/05/2022