Caldera - Centralia
Chronique Maxi-cd / EP (22:17)

- Style
Minimalisme instrumental - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
23 mars 2015 - Lieu d'enregistrement Ray Studio
- écouter via bandcamp
Avec le recul je m'en veux.
A la première écoute de "Centralia", seul, en voiture, j'ai eu cette phrase malheureuse : "Putain, c'est quoi cette merde molle ?".
Cette stupidité sortie de ma bouche m'a rappelé qu'en matière d'art, tout est toujours une question de contexte.
J'avais considéré ce nouvel EP comme un urinoir dans une décharge et non dans un musée : je n'avais pas réfléchi.
Je devrais même dire une question de contexteS.
Contexte historique souvent. Spatial ensuite. Personnel, enfin.
Cela s'applique aussi à un groupe comme Caldera dont la diffusion est confidentielle mais la portée importante.
Un groupe dont la nouvelle double création ne s'écoute pas avec un bruit de moteur coréen en fond, sur un bout de l'A2 quand on a déjà la tête au travail ou sur un bout de l'A1 quand on a encore la tête au travail.
Puis il y avait aussi cette attente. Caldera avait manqué, m'avait manqué et j'étais passé à côté de "Mithra", 2 titres, 23 minutes en 2011.
Je les retrouvais en 2015 après 6 ans de silence entre eux et moi.
Puis, pour la seconde écoute, ce fut encore une affaire de contexte. Il faisait nuit, je ne dormais pas, j'avais un casque vissé aux oreilles et trop de temps devant moi.
Caldera l'avait pris, lui, son temps. Pour composer, oui, mais pour jouer aussi.
Les treize premières minutes forment une première piste où s'installe une atmosphère mélancolique, lourde puis malsaine. En l'espace de quelques arpèges on plonge dans une berceuse doom mortifère, qui ne laisse pas de place à la lumière et l'optimisme.
Une berceuse est une mélodie simple, "Centralia" l'est également, réduite au plus simple mais terriblement esthétique.
La suite "Garden of love" semble avoir une histoire toute particulière, que je me garderai de vous narrer. Déjà parce que ce n'est pas vraiment le but, ensuite parce que j'ai un peu trop vite jeter le fichier/dossier de presse sensé faire le travail à ma place.
Cette fois encore leur musique est réduite au strict nécessaire avec un son de caisse claire qu'aurait pu adorer Lars Ulrich. Sauf que là, ça rend bien.
Une originalité sonore dont on attendra chaque coup entre des riffs désolés. Les guitares, troublantes, effacent lentement, presque sournoisement les dernières traces d'optimisme que l'auditeur pouvait garder, tapies au fond de son esprit.
Les guitares sont des bourreaux qui vous mènent à l'échauffaud. La batterie accompagne la chute du couperet.
Si ces vingt et quelques minutes minimalistes sont passionnantes, ce n'est pas pour ce qu'il s'y passe mais pour ce qu'elles sont et ce qu'elles créent. Une demi mi-temps de foot qui donne sans doute raison à cette phrase de St Exupery "la perfection est atteinte, non pas quand il n'y a plus rien à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à enlever".
Antoine aurait aimé Caldera.
1 COMMENTAIRE
cglaume le 17/06/2015 à 12:44:26
Il était émoustillé par les anorexiques le St Ex' ? :D
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