Collapsus - JEUX DE MAUX
Chronique CD album (46:07)
- Style
Metal français - Label(s)
Minimal Chords - Date de sortie
08 août 2024 - écouter via bandcamp
Le chroniqueur devant sa page blanche a le choix entre 3 plumes, chacune baignant dans un encrier bien distinct. Il y a la plume de l'heureux, qui se parera d'une encre bleu délicate, il y a la plume de l'hésitant qui griffera légèrement d'une encre pastel, et il y a la plume du connard qui degueulera une encre bien noire. A l'écoute de Jeux II Maux (aussi orthographié Jeux de Maux) de Collapsus, j'ai longtemps hésité quant au choix de la plume, assez longtemps pour écouter ce 11 titres de 46 minutes en long en large et en travers. A la fin, j'ai envoyé valdinguer les plumes et leurs encriers. Commençons par quelques présentations pour introniser ce groupe dans nos chères colonnes.
Collapsus est un trio qui nous vient d'en bas du centre droit de la France et qui propose un metal très très alternatif à tendance rock/punk/electro avec des textes en français et bien à gauche (pour résumer très vite). Très actif sur les réseaux sociaux, le groupe soigné et investit beaucoup sur la communication et la communauté "metoooool". A la première écoute, j'ai trouvé ça musicalement ultra solide. Normal, il y a une grosse proximité avec Mass Hysteria, en tout cas dans l'intention parce que j'ai trouvé les riffs plus inventifs, plus heavy que metal et moins répétitifs mais on retrouve cette volonté d'une approche très généreuse en grooves simples et efficaces ("Zombeat") parfois tribaux, souvent martiaux et fédérant. Côté guitare, franchement, ça tue bien. Du bon tatal qui tient bien dans le futal, pas besoin de demander bien plus parfois.
Profitons en pour noter que le groupe n'a pas de batteur (bien qu'il y en ait un dans un de leur clip ou alors, je n’ai rien compris). Le bon côté, c'est qu'ils se sont fait plaisir sur les percussions, ils ont varié les sons ici ou là ce qui amène un peu d'exotisme bien dosé, c'est cool. Le mauvais côté, c'est que cela s'entend malgré tout un peu même si la programmation est propre et pas fainéante Il y a aussi quelques touches de synthé, soft mais qui habillent bien l'ensemble pour l'hiver. L’ensemble de l’album est globalement du même acabit mis à part "Californiais", l'intermède de l'album, un titre plus orienté skate-punk pour teenager mais qui pastiche et moque le style. Mis à part cet écart un peu nase, les autres titres sont honnêtement sympas, ça imprime bien, c'est plutôt bien arrangé, il y a du boulot derrière et ça ne défrisera pas Tatie Josette qui comprendra les paroles pour une fois.
Côté voix, c'est là que l'hésitation se fait de mon côté. On commence avec le fameux mélange anglais/français. Sérieusement? Qui boit du Romanet Conti pour accompagner un rôti d’agneau sauce menthe? Niveau écriture, le groupe porte bien son nom et le parolier ne cesse de jouer des mots, de leurs sonorités. Parfois bien vu, parfois un peu convenu, parfois finaud, parfois un peu lourdaux. Mais franchement, ça pourrait carrément marcher, parce que même si c'est un parfois un peu cheapos, bah…force est de constater que ca reste en tête, il y a un côté fun et hyper accessible, direct, un côté un peu David TMX. On est en plein dans cette espèce de zone de l'étrange où le nanardesque très cool flirte avec le sympa très cool. Attention, par nanardesque, rien de négatif ou de péjoratif, disons que ça en fait un peu trop parfois. Mais, et j'insiste, ça paie parce qu'à force d'écoute, on se met à chantonner.
Côté fond, le groupe a des choses à raconter et les thèmes sont d'actualité: harcèlement, politique, écologie, tout y passe. Le message est clair, humaniste, bien pensant pour certains mais bien pensé pour d'autres. Les fans de Mass Hysteria, Tagada Jones apprécieront, les gens à la recherche d’un peu plus d’acidité iront goûter le lait plus sucré que l'on trouve dans d’autres crémeries. Les textes m'ont aussi fait l'impression de quelque chose de très poli, en plus d'être très intelligible. Du très gentil, avec un p'tit côté hippie-écolo sympa mais qui demanderait à un gros chad s’il ne pourrait pas, pour l'amour de Gaïa, couper le contact de son SUV quand celui-ci est à l'arrêt …Je charrie un peu mais si les thématiques sont violentes, elles sont relatées avec une certain retenues. Et puis, ça critique, ça critique mais on ne peut pas pour autant dire que ça manque de qualité côté interprétation. Le pépère a un grain très sympathique, une vraie gnac, l’énergie sympathique d’un mec sympa.
Les 46 minutes sont osées, ça passe mais plus court, moins ambitieux n'aurait pas été un mauvais pari. Comme l’album repose aussi beaucoup sur les textes, l’attention est maintenue en éveil. Le mixage est très honnête mis à part la batterie un peu plate mais l'équilibre est nickel.
Jeux II Maux est un album ultra honnête, plutôt solide, travaillé et définitivement plein de bonnes intentions et de bonnes idées. Pas forcément ultra original en 2024 mais déjà tout à fait reconnaissable, et malgré un côté parfois un peu too-much, parfois un peu trop “de 7 à 77 ans”, son métal français devrait tout à fait trouver son public parmi ceux qui aiment entonner des refrains qui restent en tête sur une musique mordante, pêchue, électrique et groovy. A essayer vraiment parce que ça pourrait bien vous plaire.
On aime bien: du métal alternatif français
On aime moins: … à la francaise
1 COMMENTAIRE
Crom-Cruach le 27/11/2024 à 00:06:41
"Metal français" ? Pascal Praud sort de ce chroniqueur. Ah ah.
Sinon, on n'est pas tous Reuno Lofo.
Putain que c'est mauvais, désolé.
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