Corrections House - Know How To Carry A Whip

Chronique CD album (46:30)

chronique Corrections House - Know How To Carry A Whip

Bon là pour le coup, on va pas se refaire le cv du groupe, ni s’embêter à reformuler la review de son précédent disque : tout est déjà écrit dans ces pages. Inutile donc de se creuser la tête quant à la formule que l’on peut s’attendre à retrouver ici. Il va s’agir de musique industrielle comme elle pouvait l’être au tout début des 90’s, sale de l’héritage synthétique de la décennie précédente et troussée par des fous dingues comme Skinny Puppy, Coil, Fœtus et consorts. Autrement dit, assez loin des standards ultérieurs que Reznor ou encore Yourgensen auront contribué à pousser sur MTV (merci à eux cela dit).

 

On retrouve donc bien ici ce sens des atmosphères souillées et synthétiques qui nous avaient séduites il y a deux ans. Ces sons distordus et glitchés, rythmés par un cortège de boites à rythme martiales, surplombés par un chant hurlé parfois interrompu par des déclamations hallucinées et articulés autour de riffs binaires trempés dans le plomb. Pour sûr, la formule fonctionne toujours. Elle fonctionne même d’autant mieux que les  errances pseudo dark folk se font finalement bien plus discrètes que par le passé, noyées qu’elles sont dans le flot mécanique. On pourrait regretter la raréfaction de ces dernières mais nous n’y perdons pas pour autant au change puisque le quintet assume finalement ses racines différemment, c’est-à-dire à coup d’arrangement purement synthétiques très portés du coté 80’s de l’iceberg… Et force est de reconnaître que non content de renouveler une musique par nature assez figée, ça fonctionne plutôt bien. En gros, ça donnera pas spécialement envie à qui que ce soit de bouger son boule sur la piste de danse, enfin… Sauf peut-être aux deux gothiques du fond bien sûr : vous pouvez y aller les filles !

 

Les rythmiques tribales et la voix gueulée de Scott Kelly nous replongent donc bien dans ces ambiances que Neurosis nous balançait dans la bouche il y a vingt ans. Les élucubrations de Mike IX Williams sont toujours aussi glaçantes. Le saxophone de Lamont n’est pas en reste lui non plus tant il arrive à insuffler mélodies et textures aux compos. Les boucles qui soutiennent tout ce joli merdier quant à elles nous laminent les tympans tant et si bien qu’on en vient à ressentir un certain malaise quand elles viennent à s’interrompre : le masochisme du fan de musique extrême ordinaire en somme. Au final, et ça pourrait peut-être presque paraître contradictoire, c’est l’omniprésence des guitares qui pourrait faire naître quelques réserves de mon côté. En effet, loin d’être dégueulasses, les riffs sont peut-être un peu trop systématiques et leur utilisation quasi-inconditionnelle dans la musique du groupe rapproche un peu trop cette dernière des standards metallisant du genre là où j’aurais pas détesté encore plus de bruit, de larsen et de bidouilles à la place, le tout agencé dans une production un chouilla moins propre et massive.

 

Après on est bien d’accord, je crache légèrement dans la soupe là : on va pas non plus demander à ces lascars de quarante balais passés, barbus et tatoués à mort, de se décrocher de leur six cordes et de leur réflexes ancestraux quand il s’agit de faire du bruit. Mais bon, moi quand on me balance de la messe noire sonore à tout va, je me prends à fantasmer assez vite, surtout quand on a les couilles de surcharger cette dernière de boucles électroniques à rendre catatonique l’ensemble des metalleux de la planète. Parce que oui, ce disque reste monumental, toujours très loin de l’écueil récréatif d’un all star band qu’on pourrait volontiers imaginer. Introspectif, noir, violent, grinçant et tout de même assez radical pour un truc pondu par des papys bien encroutés avec leur projets principaux depuis pas mal d’années. Et oui on peut se retrouver à la récré pour régler ça si vous voulez, mais aucun disque de Neurosis ne m’en a suffisamment secoué une pour toucher l’autre depuis presque quinze ans. Je vous laisse donc chialer sur les dernières minutes du disque pour vous faire votre idée là-dessus d’ici là ; pour le reste, voir ces cinq lascars aller encore plus loin dans le sale avec ce projet ne me déplairait pas non plus mais, une fois de plus, ce n’est peut-être qu’un doux ( ?) rêve.

 

Allez hop, dans le top 10 !

photo de Swarm
le 23/11/2015

4 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 23/11/2015 à 11:24:38

J'avoue que ce gros côté indus me donne du fil à retordre, j'ai du mal à entrer complètement dedans !

Xuaterc

Xuaterc le 23/11/2015 à 16:41:25

Faut vraiment que j'écoute ça. Mais le boss me file sans cesse des heures supp, j'ai plus le temps ;-)

swarm

swarm le 28/11/2015 à 03:11:17

Envoie toi donc la première piste déjà, le reste viendra tout seul...

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 28/11/2015 à 07:02:27

à ranger entre Damage Manual et Holy Gang - d'autres supergroup qui se surpassent le temps d'une ou deux plaques loin de leurs jardins respectifs.

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