Corrections House - Last City Zero

Chronique CD album (46:48)

chronique Corrections House - Last City Zero

Dans les chatoyantes contrées de la musique contemporaine faites de partage, de plaisir et de franche camaraderie, il y a toujours eu une tripotée de connards pour cracher dans la soupe et plomber l’ambiance avec leur soi-disant mal-être. Entre les contestataires idéologiques, les dépressifs chroniques et les déviants de toute sorte, avouez que les pages de ce webzine sont quand même bien polluées par cette ribambelle d’individus mécontents et visiblement incapables de garder leur bile pour eux. Quoi ? C’était pas plus simple et plus agréable de causer botanique et de pondre des chansons d’amour ? Sérieusement ? D’autant plus que l’expérience prouve que la plupart des mecs qui font ça sont pas sincères pour un sou. On va pas se lancer dans un état des lieux des fils à papa qui ont pas eu leur coupé turbo diesel pour leur 18 printemps et qui expriment leur déception en montant un groupe de postcore chaotique crustisant mais c’est pas les exemples qui manquent pour autant.

 

Prenez Scott Kelly par exemple… En jetant une oreille attentive sur la discographie de son principal groupe, Neurosis, force est de reconnaître que le malaise réel que lui et ses potes arrivaient à insuffler à leur musique s’est bel et bien envolé depuis 3 ou 4 albums pour laisser la place à une pauvre mélancolie à peine plus crédible qu’une anecdote de Philippe Manœuvre.

 

Mike Williams, fort d’une vie faite d’addiction à la drogue et de déboire avec la justice, a réussi à plus ou moins inventer le sludge avec Eyehategod en pondant un des trucs les plus rampants et malsain de l’horizon musical de la fin du XXème siècle mais pour quel résultat ? Plus aucune réelle activité depuis 2000 si ce n’est des reformations scéniques éparses.

 

Bruce Lamont et Sanford Parker, respectivement complices des méfaits de Yakuza (je préférais les premiers disques) et de Buried at sea (je préférais les premiers disques) ou encore Minsk (je préférais les premiers disques) ne sont pas mieux lotis. Entre le premier qui croit que rajouter de la trompette* dans des compos metal va titiller l’oreille du Malin et le second qui camoufle son soi disant malaise derrière des tonnes de distorsion  et de reverb, on est pas beaucoup mieux servis.

 

Inutile donc de vous dire que quand j’ai appris que les quatre lascars allaient se réunir pour aligner des chansons sur un disque, mon détecteur à entourloupe s’est immédiatement bloqué dans le rouge. Là où des nuées de mélomanes dopés au revival du vinyle et à la collection encyclopédique de mp3 ont probablement du attendre cette sortie comme un nouveau messie, je me suis contenté de me replonger dans les perles que ces quatre (cinq) groupes ont sorti un paquet d’années auparavant, connement. Oui, connement, parce que ces (plus ou moins) papis des musiques sombres et dérangeantes font ici totalement honneur à la noirceur de leur cv respectifs.

 

Corrections House peut en effet se résumer très simplement se résumer à l’adition simple (voire simpliste) des talents et compétences de ses auteurs. La voix et les riffs plombés de Neurosis (période Through Silver in Blood si vous me permettez), le malaise rampant des disques d’Eye Hate God, les nappes grincantes et avant-gardistes de Yakuza et le lyrisme épique et plombant de Buried at Sea et de Minsk. Rien que ça, mais pas que. Parce que, voyez vous, s’il y a un truc que je déteste (et c’est tout personnel) c’est bien la simple et stupide adition de musiciens qui vont juste faire ce qu’ils savent faire ensemble… Déjà que je supporte pas les bœufs dans les bistrots, alors sur disque hein… Mais dans le cas de Corrections House, les quatre lascars nous livrent bien plus qu’un jam de vieux briscards sur le retour, c’est même tout le contraire. Loin de nous soumettre un patchwork hétérogène, c’est un véritable album de rock industriel dont il est question ici, et quand je dis rock industriel, je pense aux versants les plus extrêmes du merdier, loin de toute connotations réductrices (metal, noise, harsh, mes couilles sur la commode, etc.).

 

Tout au long de ces huit pistes, nos tympans se font démonter à coup de boite à rythme martiales, de riff en béton, de textures à la fois riches et angoissantes, de tours de chants à la limite de la catatonie et de samples assassins. Le résultat est d’autant plus crédible que les sonorités industrielles utilisées ici sonnent tout de même très 80’s/90’s (on pense à Skinny Puppy, aux vieux Nine Inch Nails mais surtout à Death in June), le tout servi avec la puissance sonore de productions plus contemporaines.  Ça et là, la densité intrinsèque de ce bourbier est entrecoupée d’interludes bienvenues, nimbées de spoken word et de guitares folk vaporeuses (à la Death in June encore, tiens tiens).

 

Au final, le bilan de ce disque est aussi satisfaisant qu’il est déprimant (dans le bon sens du terme) : huit titres à la noirceur étourdissante pour un disque misanthrope, désespéré et mémorable… Tout comme les plus grand disques des groupes respectifs des quatre responsables, ni plus, ni moins.

 

 

*saxophone et clarinette, oui, c’est pas pareil ?!?

photo de Swarm
le 04/04/2014

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 04/04/2014 à 18:48:10

Bon "Death In June", qu'ils crèvent pour d'autres raisons que musicales mais je vais tester ton truc parce que Neurosis et Yakuza.

swarm

swarm le 05/04/2014 à 20:50:33

fun fact au passage : j'avais pas écouté plus d'une minute de Death In June avant de me pencher sur Correction House. Les joies de l'hypertexte...

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 06/04/2014 à 09:50:41

Back to the 90's ... mid 90's ^^

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