Dead Kennedys - Bedtime For Democracy

Chronique CD album (48 : 40)

chronique Dead Kennedys - Bedtime For Democracy

Alors que les charognards se disputent l'héritage de LA légende du Punk/HxC US, en se produisant au Hellfest cette année, sans Jello Biafra, je me suis fait un devoir de pondre une chro sur ce groupe culte.

 

Fondé à San Francisco en 1978, Dead Kennedys a traumatisé mes vertes années de lycée et demeurent encore une référence absolue actuellement, même parmi mes potes écoutant désormais de la musique molle.

Trois pages entières ne suffiraient pas à résumer l'histoire de ce groupe jusqu'à ses heures les plus pitoyables, avec ses réformations récentes (2001 puis 2006)... sans Jello.

Disons que pour moi, et pour beaucoup, DK est mort en 1986. L'année où je les ai découverts.

 

C'est con.

 

Sur Jello Biafra, le chanteur et parolier du combo, on pourrait tartiner aussi : parler de sa candidature à la mairie de San Francisco de 1979, de la fondation du label Alternative Tentacles avec Greg Ginn de Black Flag, la même année, de l’œuvre de Giger reprise pour l'album Frankenchrist (voir plus loin), de ses amitiés avec Alien Jourgensen (Ministry), Joe Shithead (D.O.A.), avec les gars de Nomeansno et de Melvins, de ses spoken words, de sa participation à la conférence Hackers On Planet Earth en 2000, de son militantisme dans le Green Party et de ses nombreux autres projets musicaux post-DK...

Sans Jello, DK n'aurait jamais existé mais sans le son propre au groupe pondu principalement par East Bay Ray, non plus. DK a préfiguré la vague HxC qui allait bientôt déferler sur les US et le monde, en jouant un punk rapide, teinté de surf rock, de garage et de rockabilly. Le combo a aussi influencé la scène anarcho-punk juste après Crass.

 

Il est maintenant indispensable de revenir sur les circonstances ayant permis l'accouchement, dans la douleur, de leur dernière plaque Bedtime For Democracy.

Daté de 1985, l'album Frankenchrist contient un poster de l’œuvre "Landscape XX" de Giger, où sont alignés une rangée de derrières enfoncés sur des bites sur fond de Stars And Stripes. En raison de la loi anti-obscénité locale, la cour de Californie engage un procès contre le groupe, descente du FBI à l'appui, suite à la plainte d'une famille offusquée. Pas dupe sur les motivations de la justice, Jello fonde le No More Censorship Defense Fund pour payer les frais engagés par le procès. À 7 contre 5, le jury acquitte Biafra . Les procureurs tenteront de relancer le procès, mais le juge ne les suivra pas.

 

Le groupe, épuisé et écœuré, se sépare durant ce procès, non sans avoir pondu l'album le plus agressif de leur carrière. La pochette de ce chef d’œuvre présente à elle seule tout l'humour caustique et l'activisme politique développés par DK. Le nom même du skeud renvoie à la comédie Bedtime For Bonzo datant de 1951 et mettant en vedette... Ronald Reagan. Le cow-boy de I'llinois ayant été le grand ennemi des Californiens.

 

Au moment de l’enregistrement, la plaque avait déjà été jouée en live et le groupe avait également annoncé son split.

Les paroles sont à l'avenant, critiquant le conformisme des idéologies révolutionnaires, le Reaganisme évidemment, le militarisme, le biz des "produits" anar (Buy ! Buy ! Buy ! For A Circle A), l'industrie pétrolière ou encore le mouvement punk lui-même (voir les paroles géniales de "Chikenshit Conformist").

En résumé, un paquet de monde en prend pour son grade.

 

Doté d'un son sec comme un coup de schlague, Bedtime For Democracy développe pas moins de 21 hymnes tous indispensables et presque tous joués à la vitesse de la lumière, la moyenne tournant autour de deux minutes. Le voix de Biafra est évidemment très en avant. Le frontman se la joue clown dénonciateur avec un talent qui lui est propre et légendaire. Les chœurs de ses comparses ne sont pas en reste et appuient les refrains les plus marquants.

Les riffs de East Bay Ray carburent aux amphèt', semblant issus d'un asile surf punk. Un côté western goguenard saupoudre aussi l'ensemble. On se retrouve alors, rapidement, avec un méchant coup de cravache derrière les oreilles tellement les morceaux défilent sans aucune pitié, mais sans aucun sentiment de redondance. Ainsi, "Cesspools In Eden" arrive à point nommé pour calmer le jeu niveau tempo, rappelant les titres les plus lugubres de Frankenchrist. Biafra monte en puissance pour finir totalement possédé, galvanisé par les riffs sinistres et dissonants de son complice. Au rayon des vraiment indispensables, mais c'est suggestif, citons aussi "Rambozo The Clown" et "Macho Insecurity" avec leurs refrains fabuleux, suivis de près par les 18 autres titres.

 

L'écoute de cet album déclencha ma « période punk » et elle n'est pas encore vraiment terminée à ce jour.

Jello se foutrait bien de ma gueule pour le coup.

 

 

 

 

photo de Crom-Cruach
le 29/03/2015

6 COMMENTAIRES

Jull

Jull le 29/03/2015 à 14:21:51

Mon premier album punk... j'avais 8 ans quand je l'ai ecoute la premiere fois chez ma nourrice. Ses fils me faisaient ecouter ca et Washington Dead Cats... Et De La Soul. Enorme du debut a la fin

Margoth

Margoth le 02/04/2015 à 21:25:50

Même si ce n'est pas Frankenchrist qui est le sujet, j'en profite pour poser un joli "RIP Giger, cet artiste que je trouve si fascinant, autant sur ses œuvres que sur le personnage artistique qu'il incarnait". Autrement, un album à l'image de toute la discographie du groupe : excellent. Mais là, c'est complètement subjectif.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 02/04/2015 à 22:00:34

You speak the truth.

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 03/04/2015 à 19:14:57

Fresh Fruits for Rotting Vegetables... mais c'était ma porte d'entrée ^^

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 03/04/2015 à 19:21:18

La porte de derrière ?

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 03/04/2015 à 19:23:07

Au fait pourquoi la pochette a été remise dans le "bon" sens alors qu'à l'origine elle ne l'est pas ? Hein mais POURQUOI ???????

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