Deaf Wish - Pain

Chronique Vinyle 12" (29:40)

chronique Deaf Wish - Pain

Il est finalement assez facile de se plonger dans la nouvelle fournée d’un groupe dont on connait un peu la discographie afin de vous en toucher deux mots dans ces pages. On réactive simplement sa mémoire, on recherche ça et là les éventuelles nouveautés et on brandit finalement son jugement tout puissant pour comparer la galette aux précédentes. Par contre, les choses se corsent totalement quand notre rédacteur en chef d’amour nous propose le disque d’une formation qu’on ne connait ni d’Eve ni d’Adam sous le prétexte « que ça risque de nous parler ». Avec du D-beat, du death metal ou du post rock encore, je dis pas : les gars qui officient dans ce type de merdier sont généralement plus dans la perpétuation et l’héritage que dans l’innovation. Mais dans le cas de ce nouveau disque de Deaf Wish, c’est une tout autre histoire.

 

En effet, outre l’étiquette « Sub Pop », assez rassurante je dois bien l’avouer, la musique des australiens a de quoi désarçonner tout individu qui tenterait de la décrire d’une manière objective. Si on cause étiquette, puisqu’il faut bien en passer par là, on y retrouve avant tout des racines punk, voire pré-punk (c’est « proto » qu’on dit hein ?). Mais on est en 2015 les enfants, et les racines ne font pas tout, loin de là. Ainsi les quatre australiens dépassent allègrement les jalons posés par leurs ancêtres de la fin des seventies pour finalement tirer leur musique dans le terrain flou du rock indépendant en y incorporant des éléments noise, alternatif voire post punk. Cette impression est définitivement renforcée par la variété stylistique qui nous bouscule d’un titre à l’autre : conformément à ses racines sus-cités, le quatuor n’est pas spécialement adepte du changement de ton au beau milieu d’un seul et même titre mais la tracklis de ce Pain n’en est pas pour autant monolytique, bien au contraire.

 

Séminale et noisy sur « the Whip » (bonjour Iggy Pop), abrasive et hypnotique sur « They Know » (bonjour Destruction Unit), frontale et frondeuse sur « Pain » (bonjour les Stooges), dissonante et aérienne sur « Sex Witch » (bonjour Sonic Youth), bruitiste et apocalyptique sur « Dead Air » (bonjour A Place to Bury Strangers), mélancolique et rugueuse sur « Calypso » (bonjour Fugazi) , la musique de Deaf Wish pourrait presque s’apparenter à un cours d’histoire désordonné sur (presque) tout ce qu’a pu signifier le terme « punk » depuis son apparition (voire même avant). Mais, fort heureusement, le propos ici n’est pas uniquement formel et du fond, on en a, plutôt six fois qu’une. Déjà l’album porte merveilleusement bien son titre : Pain. Tout semble y être douloureux, à vif et finalement assez peu réfléchi, ce qui est fort appréciable. De plus, les quatre musiciens (dont une musicienne) se collent successivement au chant, ce qui rajoute à la diversité des chansons mais pas que : on a aussi clairement l’impression que chacun livre ici son propre ressenti, sa propre sensibilité et donc sa propre douleur… Un peu comme si le groupe se mettait alternativement au service de chacun de ses membres pour traduire ce que ce dernier a à cracher sur la table.

 

Au final, on se retrouve avec un album ultra respectueux de son héritage mais terriblement actuel… Clairement le genre de disque que j’aurais aussi pu aimer découvrir sans avoir à me poser la question pesante du « qu’est-ce que je suis en train d’écouter là » ? Cependant, je me dois quand même de remercier mon rédacteur en chef d’amour (oui, encore lui) d’avoir guidé mon regard sur ce groupe : leur disque risque fort de tourner un paquet de fois sur la platine les jours qui viennent.

photo de Swarm
le 17/09/2015

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