Taal - Skymind

Chronique CD album (55:59)

chronique Taal - Skymind

LA FRANCE A DU TALENT, épisode N+1.

** Emission spéciale "A nos chers disparus" **

 

Ils sont de Poitiers, le bastion de la Klonosphere… mais ne font a priori pas partie de la grande famille de Guillaume Bernard.

Ils proposent une musique Progressive un peu à part, et lors d'une partie de Pendu on pourrait en passer par T - - L pour deviner leur nom … mais il ne s’agit pas de Tool.

Ils ont lancé une souscription pour qu’on les aide à sortir le successeur de Skymind… mais la date de sortie prévisionnelle de ce nouvel opus est fixée au printemps 2009.

 

Causons donc de Taal, si vous le voulez bien. Pourquoi se pencher sur un album de 2003 sorti par un groupe défunt dont peu ont entendu parler, vous demandez-vous? Parce qu’il en vaut le coup, déjà, tout bêtement. Mais aussi parce que mes oreilles ont fait sa connaissance suite à la lecture d’une chronique citant entre autres Frank Zappa et Mr. Bungle. Eh oui, comme d’hab’: il est toujours aussi difficile d’empêcher le lapin de pavlover!

 

Mais faisons donc les présentations en bonne et due forme: si l'on en croit ceux qui suivaient le groupe à l’époque, la sortie de Skymind a propulsé celui-ci un cran plus haut, son line-up se consolidant pour l'occasion en une version aux effectifs doublés via l’apport d’un second batteur et l’incorporation définitive de toute une section à cordes. La dimension non Rock du groupe s'étend néanmoins bien au-delà de cette dernière puisque on trouve également dans cette formation bigarrée un piano, de la flûte, du saxo, ainsi qu’un xylophone si je ne m’abuse. Fruit de ce collectif artistique, le 2e album dont il est ici question est certes typique de ce que l'on est en droit d'attendre d’un album de Prog du haut de ses 56 minutes pour seulement 6 morceaux, mais il témoigne d’une ambition et d’un éclectisme à même de titiller la curiosité des non-pratiquants, notamment des nawakophiles de mon espèce. Car leur musique – principalement instrumentale mais pas que, proche à la fois des univers de la B.O., mais aussi des musiques planantes, moyen-orientales, cabaret, gipsy et j’en passe – évoque tour à tour La Fin de la Société, Discus, BaK, The Barons of Tang, Sleepytime Gorilla Museum ainsi que Secret Chiefs 3.

 

Pour se faire une bonne idée de la personnalité de Taal, pas besoin d'aller beaucoup plus loin que le morceau-étalon « Skymind », celui-ci foisonnant aux limites de l’avant-garde en frôlant parfois les registres de Psykup et Sebkha-Chott (des compagnons de label, pour ces derniers). Si « Yellow Garden » pèche par un long passage à vide sur sa 2e partie (ça passerait mieux avec un support vidéo pour meubler), on aime la gouaille canaille de ses passages chantés. « Blind Child » est très typé B.O., jusqu’à un virage rétro cabaret manouche enthousiasmant. Sur « The Purple Queen’s Lips » le groupe se permet une séquence planante rappelant autant Pink Floyd que David Bowie, ce type d’exercice étant d'ailleurs renouvelé par la suite sur « The Egg-Shaped Moon ». Mais c’est évidemment le long « Stratus » (13:24!) qui est le plus riche et le plus contrasté, celui-ci démarrant sur 2 longues minutes de bruitages divers qui seront vite compensées par une grosse minute de bon vieux Heavy Thrash psychédélique. Puis c’est chez Aladin que la suite des aventures se déroule, le palais où l'auditeur se retrouve convié contenant nombre de pièces et de recoins bizarres où se nichent nawakeries légères et lignes de chant qui nous rappellent que ça fait drôlement longtemps qu’on n’a plus écouté Aspirateur de Langue.

 

Alors évidemment, tout cela est à réserver à un public averti qui n’a pas froid aux yeux et ne reste pas recroquevillé sur une vision traditionnelle – chantée et hautement poilue – du Metal. D’ailleurs le terme « Metal » lui-même est ici à peine justifié, celui-ci ne représentant qu’une facette parmi d’autres de la musique du groupe. Mais si vous êtes sensibles aux références citées plus haut – notamment La Fin de la Société, Discus et Secret Chiefs 3 – il serait dommage de passer à côté de cette grosse tranche de talent injustement oubliée.

 

 

PS: écrire toute cette chronique sans placer une seule fois « le génie Taal » ou « Direct Taal »… Je ‘me ferais pas vieux des fois moi?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Dix musiciens – dont la moitié de formation classique, plus deux percussionnistes – qui pratiquent un Metal/Rock progressif essentiellement instrumental, mais éminemment ouvert, avec des bouts d’orient, des zouaveries douces, des "planeries" légères, des ambiances cabarets / gispy / rétro / … Ça existe en France aussi, mais oui. Ou plutôt ça existait: Skymind en est la preuve. Pour amateurs de La Fin de la Société, Discus et Secret Chiefs 3, comme on dit dans ce genre de situation.

photo de Cglaume
le 14/06/2020

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