Drain - Living Proof

Chronique CD album (25:10)

chronique Drain - Living Proof

Allez, on chausse les tongs coquées, on enfile le short de bain en treillis à formes de mojitos et on choppe les lunettes de soleil qui s'emmêlent dans des cheveux ensablés pour se les engoncer sur le bout du nez : le quatuor de loulous de Santa Cruz de Drain est de retour.

Il y a de bonnes chances que vous n'ayez pas attendu cette chronique pour jeter une oreille à ce nouveau plongeon dans les eaux troublées de l'océan de Californie, Living Proof, surtout si vous aviez déjà adopté le mode de vie développé sur California Cursed, sorti il y a trois ans : leur formule de hardcore très thrashy, ou de thrash largement crossover, a en effet largement tracé son sillage dans les milieux autorisés à apprécier ce genre de performance où l'un des leitmotivs semble être « 0 prise de tête/20 ». Et cette sortie a été assez hypée pour que vous sachiez déjà tout ce qu'il y a à savoir.

 

Sinon, sur Living Proof, on retrouve donc sans surprise ce qui avait fait notre bonheur sur California Cursed, et qu'on pourrait presque caricaturalement résumer, en gros, par «c'est l'amour Municipal Waste à la plage ». On aura donc droit, par-dessus du riffing tantôt thrash tantôt hardcore old-school, à des mélodies en formes de mini-solos thrashy débilous (« FTS (KYS) » ou « Devil's Itch », pour ne citer que deux exemples), des lenteurs 'so volontairement cliché' pour breaker tout ça en martelant la plage de ses tongs et les babines retroussées sur un sourire, un bon gros groove qui fait du bien pour de vrai (le début de « Devil's Itch », où on trouvera par ailleurs des vieux « ough » totalement inutiles et gratos mais donc rigoureusement indispensables), du gros riff à mosh qui tâche (« Watch You Burn »)....

Et puis le style de chant de Sammy Ciaramitaro (de chez Gulch), aussi, avec un mode d'articulation qui vient souvent détacher chaque syllabe pour pouvoir ponctuer tous les mots de nombre de rictus qu'il vous sera possible de choisir à volonté dans le catalogue des expressions 'yeah, metôl, yeah, hardecore' saison 2023 pour personnifier et se projeter toujours plus dans ce que vous écoutez.

 

Vous l'aurez compris, tout est fait ici pour passer un bon moment, jusque dans la pochette et ses couleurs flashy, qui représente très bien le contenu de l'album. Avec une grande majorité des dix titres qui passent en limbo sous la barre des trois minutes (seule la casquette « Beer & love » de deux d'entre eux fait tomber cette barre), le mood est à la bonne ambiance efficacement et en se disant que ça ne vaut pas la peine de trop chercher de développement : on est ici plus proches du concours d'anecdotes marrantes avec les potes que dans le récit structuré en cinq parties pour le mémoire de fin d'année.

 

Le problème est peut-être justement qu'il n'y a pas trop de surprises, mais en même temps, c'est vrai qu'on n'est pas exactement là pour ça : ici l'idée est plutôt de profiter du combo « bière tiède et coup de soleil » pour passer un bon moment avé les copains et les copines, faire des circle-pits sur le sable et faire un concours de slam dans les vagues. Et en ça, c'est bien réussi, et on le voit bien en concert, par exemple ce live, où il y a distribution de planches pour slammer et de ballons de plages, des costumes ou des moufles-requins.... si ça ne vous convainc pas que c'est un groupe sympa, je ne sais pas ce qu'il vous faut :

 

 

Et pourtant, il y a aussi du sérieux chez Drain, notamment dans les paroles, sur l'état de la scène hardcore, sur le fait de se battre pour réussir à se défaire des côtés de soi que l'on aime pas, des problèmes d'addiction, sans pour autant devenir ce que l'on est pas. Le titre de l'album, et du dernier morceau, en est un exemple : « And when I'm gone I hope you know that I do it all for you, so if you need a little help, here and now, this is living proof » ("Et quand je ne serai plus là, j'espère que tu sais que je fais tout ça pour toi, donc si tu as besoin d'un peu d'aide, ici et maintenant, voilà la preuve vivante/living proof"). C'est aussi un hommage au fait que leur simple existence en tant que groupe est la preuve vivante que l'on peut accomplir ses rêves.

 

Et en vrai, il y a quand même une paire de pas de côtés qui sont les bienvenus : le feat. trap/hip-hop de Shakewell sur « Intermission » (vite rappelé à l'ordre par le crossover) ou la très réussie reprise des Descendents « Good Good Things » en avant-fin d'album, avec un esprit très punk rock qui survole l'ensemble donc, donnant finalement une sorte de cohérence à l'état d'esprit général qui règne sur Living Proof.

 

Et même si j'ai toujours une préférence pour California Cursed, la magie de la découverte initiale étant peut-être responsable du fait qu'il m'ait fallu bien plus d'écoutes pour rentrer dans celui-ci et y voir se dégager une personnalité différente de son prédécesseur, Living Proof reste un album très sympathique de HxC crossover, et Drain un groupe qui n'a définitivement pas fini de faire parler de lui.

 

A écouter lorsque l'on veut se mettre dans le gosier un album qui passe tout seul comme un cul-sec de cocktail un peu douteux, mais très goûteux.

 

« Drain is your friend ! »

photo de Pingouins
le 26/05/2023

2 COMMENTAIRES

Dams

Dams le 26/05/2023 à 07:34:01

"Living Proof reste un album très sympathique de HxC crossover", tout est dit !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 26/05/2023 à 07:39:46

ENFORCED va éradiquer tout ça de la plus méchante façon.

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