Equus - Eutheria

Chronique CD album (01:03:54)

chronique Equus - Eutheria

Sorte d'All-Star Band Suisse, Equus tient, entre autre, en son sein des membres d'Impure Wilhelmina et de Shora. Livrant une musique originale et inclassable, le groupe sort son premier album "Eutheria", long de soixante-huit minutes (sur trois titres seulement).

 

Nettement progressif dans sa démarche, Equus livre là un album tout en finesse, naviguant à travers les genres et ne jouant que principalement sur les sensations, les ressentis et faisant intervenir l'imaginaire à tout bout de champs. Et si la base de cette musique est certainement un post-rock instrumental hérité de la branche Canadienne (entendez par là Godspeed! You Black Emperor ou Explosions in the Sky), on découvrira aux fils des écoutes bien d'autres facettes à ces majestueuses compostions. L'emprunte de Shora se fait ressentir sur bon nombre de passages, et la facilité à transmettre des émotions fera sans aucun doute penser à Impure Wilhelmina.

 

Epurée de façon extrême, la musique des Suisses casse à plusieurs occasions les codes du genre, s'en donnant à cœur joie dans les dérives instrumentales, ne naviguant souvent que sur quelques notes de guitares éparses et aériennes. Un certain art du contemplatif donc, pourtant, l'ennui est absent, le groupe sachant maintenir une tension palpable, malgré des morceaux d'une durée impressionnante ("Hyracotherium" et ses 31 minutes), et cela grâce au fait de ne pas étirer en longueur chaque passage.

 

"Hyracotherium" fait presque office d'introduction planante, histoire d'entrer dans l'univers du groupe de façon délicate et calme. Les montées en puissance sont quasi rares et l'aspect très minimaliste et éthéré envoute tout le long du titre. Mais une fois bien entré dans ce monde de finesse, Equus lance "Orrorin", titre magnifique, varié à souhait. Débutant calmement, les guitares se lancent soudainement dans des soli jazzy et groovy aux forts relents progressifs (ça sent un peu le King Crimson là). La tension ainsi élevée, le groupe n'en descendra plus vraiment, proposant des passages vraiment tendus et lourds où la batterie se fera plus épileptique, la basse et les riffs s'alourdissent, tandis que les nappes de clavier rendent l'atmosphère oppressante. On navigue en pleine mer agitée et on est pourtant totalement submergé par cette puissante vague d'émotions et d'intensité. On clôture ce voyage initiatique avec "Epona", à l'introduction plus math-rock et nerveuse pour ensuite ouvrir la porte à une atmosphère plus calme et mélodique. La tension du début diminue peu à peu, laissant place aux guitares hypnotiques et enivrantes, distillant des riffs aux fortes résonances prog-rock. Le titre se termine sur des notes orientales où guitares acoustiques et chœurs nous font progressivement atterrir de notre voyage.

 

Equus livre là un album d'une très grande classe, sur lequel on pourrait discuter des heures et chercher les significations pendant des jours. Le groupe allie à merveille diverses influences pour un rendu exceptionnel. A la fois complexe et extrêmement minimaliste, la musique de ces Suisses est enivrante et simplement magique. Le terme de chef d'œuvre peut facilement s'appliquer ici.

photo de DreamBrother
le 15/10/2008

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