Eva Can't - Emisferi
Chronique CD album (01:09:03)

- Style
Post-metal avant-gardiste - Label(s)
My Kingdom Music - Date de sortie
20 September 2024 - Lieu d'enregistrement Blood Red Box Studio
- écouter via bandcamp
« Zang Tumb Tumb »
Eva Can’t (dont le nom représente la limite réelle et innée de la nature humaine : la Mort) est né du côté de Bologne, en Italie, et formé en 2009. Le groupe se compose de musiciens bien connus de la scène Metal extrême locale. À ses débuts, il pratiquait un Death technique assez générique, pour évoluer progressivement vers un style plus diversifié, en particulier sur Hinthial (2014), ainsi que les deux albums et l’EP qui ont suivi. Emisferi, publié cette année, porte un concept autour d’un voyage vers une planète inhabitable. C’est, en 2024, une démarche courageuse : il faut saluer le groupe ainsi que le label My Kingdom Music, qui le soutient dans cette entreprise.
La narration de cette exploration, en italien, est chantée par Simone Lanzoni et se divise en quatre parties, qui représentent les différentes étapes de l’expédition : glace boréale, mers boréales, mers du sud, glaces du sud, séparées par cinq pièces plus courtes. Hasard des écoutes pour COREandCO, Emisferi arrive juste après Neu Asen Land de Bergthron, qui aborde sensiblement les mêmes thématiques. Le Black Metal, qui sert de fondations à ce voyage parmi les glaces du Nord à celles du Sud, à travers des océans infinis, se prête plutôt bien à ce récit. Eva Can’t ne s’arrête pas à ce Metal extrême ; il y incorpore de larges doses de Post-metal et de mélodies jamais faciles, rendant Emisferi plus riche et plus dense que la plupart des disques que vous pourrez écouter ces derniers temps. Les mers, quelles qu’elles soient, ont toujours été, dans toute leur variété, une source d’inspiration inextinguible pour les artistes, et les Italiens le démontrent une nouvelle fois.
Les musiciens construisent avec soin une musique narrative, où les guitares alternent entre lourdeur et vélocité, toujours au service des ambiances et du récit (il ne faut pas être manchot pour jouer du Tech-death). Eva Can’t construit sa musique comme un océan, sans cesse changeant, source d’espoir et de désespoir, où se côtoient sans heurts vie et mort, calme et tempête, ainsi que de multiples styles musicaux. Prenez par exemple « Arca (Ghiacci Boreali II) » ou « Arca (Ghiacci Boreali III) », titres qui résument très bien les intentions du groupe, en particulier l’inventivité du batteur, mais qui ne doivent cependant pas masquer la richesse du propos.
L’album Emisferi brille par sa richesse narrative et musicale, mais souffre parfois d’un certain excès dans ses ambitions. Par exemple, des titres comme « Arca (Ghiacci Boreali II) », bien que magistraux dans leur construction, auraient gagné à être légèrement raccourcis pour maintenir une tension constante. De même, les morceaux intermédiaires, censés rythmer l’expédition, manquent parfois d’impact et semblent diluer l’élan narratif au lieu de le renforcer. Cette tendance à s’étendre peut dérouter l’auditeur et rendre l’écoute plus exigeante qu’elle ne devrait l’être.
2 COMMENTAIRES
Pingouins le 16/01/2025 à 15:33:32
Vraiment très chouette et varié en effet, le petit bemol pour moi étant les phases parlé/chanté qui s'intègrent je trouve assez mal au final, et sont trop mises en avant dans le mix. Sans ça c'aurait pu être carton plein ou presque pour moi.
Xuaterc le 17/01/2025 à 13:58:15
Ils ne sont pas passé loin en effet du carton plein
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