Fjoergyn - Judasmesse

Chronique CD album (59:31)

chronique Fjoergyn - Judasmesse

Pour célébrer ses vingt ans de carrière, pas de célébration en fanfare, pas de réédition, de tournée hommage, Fjoergyn propose simplement son sixième album, Judasmesse, chez Trollzorn Records. Le groupe nous promet une heure « sans compromis, une ode à l'art, à la liberté et au mépris ». Les cinq musiciens allemands, s'ils ne sont pas impliqué dans d'autres formations, n'en sont pas à leur coup d'essai. Je n'avais jamais entendu parler de Fjoergyn, un rapide tour d'horizon m'apprend que leurs précédents ont été bien reçus par la critique.

 

Les Allemands sont réputés pour ne jamais proposer le même album, et une fois de plus, il est fidèle à sa réputation. La première chose qui saute aux oreilles est la mise en son, pour le moins particulière, tout du moins assez éloignée de ce que j'ai l'habitude d'entendre. Elle n'est pas mauvaise, loin de là, tous les instruments peuvent être distingués, elle est suffisamment crade et étouffée pour un album de Black, mais l'ensemble, en particulier le chant, dans la langue de Christian Lorenz, est assez étrangement mixé. L’âpreté de l'idiome (je ne sais plus qui a écrit que l'allemand n'était pas pas une langue faite pour être murmurée) se prête bien au BM. Le groupe souffle en permanence le chaud et le froid, balance entre la douceur et la brutalité.

 

Fjoergyn emprunte à à-peu-près tous les sous-genres qui font la richesse du Black Metal. C'est ainsi que l'on retrouve l'esprit Raw sur le morceau d'ouverture, les ambiances stellaires et le saxo seventies évoquant Arcturus sur « Komm Abel lass uns aufs Feld gehen », le Black Atmo constitue la colonne vertébrale de « Prometheus I - Briefe eines sterbenden Kosmos », tandis que la recherche de la mélodie envoutante propre au Post-Black peut s'entendre sur « Prometheus II - Uranos Zorn ». Avec ses claviers et son riffing, « Prometheus III - Plagen » renvoie directement au Nexus Polaris de Covenant, l'extrême négativité et les hurlement désespérés de « Vater(s)land » font immanquablement penser au DSBM. Enfin des claviers et des mélodies Dimmu Borgirrienne font leur apparition sur « Warfarin ». Seul le Black Indus semble manquer à l'appel même si on peut en entendre de petites touches pendant « Non Sertviam ».

 

Tout cela pourrait rapidement devenir indigeste et inaudible mais c'est à ce moment que la production prend tout son sens, rendant Judasmesse cohérent là où il aurait pu facilement se prendre les pieds dans le tapis et sombrer. Cet écueil est également évité grâce aux talent et à la versatilité du batteur, qui, sans esbroufe, apporte au groupe au assise rythmique solide qui l'autorise à donner libre cours à ses expérimentations.

photo de Xuaterc
le 22/08/2023

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