Galibot - Euch'Mau Noir

Chronique CD album (27:30)

chronique Galibot - Euch'Mau Noir

Vous êtes passionnés par les mines et les terrils miniers ? Le noir, le charbon et les corons mais

pour vous, Pierre Bachelet, «  c’est surfait » ? Pour vous, l’histoire des mineurs n’a pas sa place dans une fête familiale ? Vous savez, les fins de mariages/fêtes/anniversaires/repas de famille trop arrosés avec tonton Jean-Yves et toute sa clique s’égosillant sur « Les Corons », entre Patrick Sébastien et deux bouchées de tarte aux pommes pour éponger le(s) litron(s) de rosé.

Si jamais vous êtes présentement dans cette situation, voici la procédure d’urgence :

 

Quittez immédiatement la pièce/le barnum/salle des fêtes

Munissez vous d’un lecteur de musique ainsi que d' Euch'Mau Noir, premier album de Galibot

Courez vers la forêt la plus proche, idéalement de nuit. Si tel n’est pas le cas, une ouverture rocheuse peut faire l’affaire.

Veillez à bien être isolé

Crachez votre haine du monde

Asseyez-vous, le regard fielleux

Mettez lecture

 

Après une courte introduction d’ambiance nappée de synthé, de piano et de samples vous faisant pénétrer doucement dans les mines (Galibot étant le nom des gamins travaillant dans les mines), l’obscurité vous prend sèchement avec « Cheval de Fosse ». Le BPM est élevé, la double pédale surchauffe, rythmée par la caisse claire sur les premiers temps. Classique mais efficace. Les riffs sont agressifs, certes, mais pas autant que la voix de Diffamie, vociférant ses textes en français. La machine est lancée ; ne reste plus qu’à se laisser porter au cœur de la terre. Cette terre autant nourricière qu’infâme. S’accordant parfois un mid-tempo, comme sur « Barbara », le trio (désormais quintet) nous mitonne bien souvent un retour de flamme des plus précis, accompagné de riffs mélo, si ce n’est pas des textures sonores comme sur «  Courrières ».

La thématique du groupe, vous l’aurez compris, porte sur l’histoire des mines du Nord de la France. (Euch’ Mau Noir, signifiant, dans un dialecte local, La Montagne Noire, le Mont Noir, en référence aux terrils miniers ). Le moins que l’on puisse dire est que le sujet est travaillé, précis et offre un large paysage détaillé. « Cheval de Fosse » porte sur le destin des chevaux dans lesdites mines du Nord quand « Barbara » dépeint l’attachement à la Sainte Barbe, jusqu’au drame de « Courrières» et l’explosion de la mine en 1906. Pour les points historiques, je vous invite à faire vos propres recherches.

L’album se clôt sur « Terre d’Euch’Mau », qui fait office de conclusion et de condensé de l’album, incorporant, comme sur « Les Nords », un chant bicéphale. La prod’ est quant à elle tout ce qu’il y a de plus « raw black independant». Ce n’est pas parfait, mais c’est ce que l’on recherche. Donc en soi, c’est d’équerre. Oserais-je le jeu de mot pérave de dire que c’est black et d’équerre ? Oui.

 

 

Les 27 minutes se font donc d’une traite, ne nous laissant que peu de répit et encore moins d’ennui. L’ambiance est lourde et étouffante, nous transportant avec justesse dans un décor aussi martyrisant qu’oppressant. Entre blast et riffs mélo, le dosage est juste. A l’instar des comparses parisiens de Houle, Galibot est de cette jeune génération aussi prometteuse que talentueuse sur laquelle il faut impérativement garder un œil et deux oreilles.

photo de Vincent Bouvier
le 24/02/2025

3 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 24/02/2025 à 09:11:41

Petite correction de l'habitant du bassin minier au sein de la team : Amoureux de la région des Hauts-de-France ou pas, si tonton Jean-Yves entame "Les Corons", il FAUT chanter avec lui.
La bière dans une main, l'autre bras autour de l'épaule du tonton, les cordes vocales vibrantes et les yeux brillants d'émotion (même si c'est la 1000e fois). Cela n'empêche pas ensuite de suivre ta procédure après-coup Vincent, parce que ça va bien 5 minutes ces conneries de fête familiale, mais s'il y a quelque chose qui lie toutes les classes sociales de la région (petits-enfants de mineurs ou pas) et soulage le coeur, c'est bien de reprendre ensemble du Pierre Bachelet.
Bon, ça reste une thérapie à l'efficacité très courte et au rayonnement local, et je comprends que cela soit incompréhensible vu de l'extérieur.

Pour revenir à l'album, tu t'y connais bien mieux que moi dans le genre pour le juger. Plus personnellement, s'il n'y avait pas cet aspect "régionaliste" ça m'aurait sans doute échappé (en raison de la prod' "raw" comme tu dis) mais il y a quelques instants de bravoure qui m'ont bien botté ! 

Xuaterc

Xuaterc le 24/02/2025 à 09:21:50

Je suis. d'accord avec Tookie, il faut absolument chanter comme si c'était la première fois, nous les bretons c'est la Jument de Michao et l'oncle Jojo

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 24/02/2025 à 22:40:02

Ah mais j'espère alors que tu ne me trouveras jamais mener mon chœur de chansons paillardes au camping du Motoc' parce qu'avec ton intro là j'suis pas rassuré quant à ta réceptivité envers la chose... 😓

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