Gasmask Terrör - Chape de Plomb

Chronique CD album (21:30)

chronique Gasmask Terrör - Chape de Plomb

En préambule de cette chronique, je me dois de faire preuve d’une certaine méthodologie afin d’éviter trois gros écueils majeurs qui rendraient probablement cette dernière très discutable :

 

  • Déjà, et de manière générale, on va tout de suite évacuer les généralités sur la glorieuse histoire du D-beat, du crust & de ses dérivés. Déjà, notre très estimé Crom-Cruach a entamé une chouette rétrospective du genre dans ces pages. De plus, je pense que l’on a tous compris dans quelle mesure ces genres musicaux allient simplicité et richesse, urgence et longévité, violence et réflexion, héritage et innovation depuis plusieurs putain de décennies, bla bla bla ouais, c’est du punk, no future, tout ça.

 

  • Ensuite, rendons à César ce qui est à César, c’est en général Crom-Cruach (oui, encore lui) qui assure les reviews de groupes ancrés dans ces esthétiques. Je vais donc pas trop la ramener et éviter de me prendre pour une encyclopédie du genre, c’est pas le cas.

 

  • Pour finir, il se trouve que Gasmask Terrör est très probablement un des cinq groupes que j’ai le plus vu sur scène, la proximité locale et la longévité du groupe aidant… Je vais donc faire de gros gros efforts d’objectivité, promis.

 

Ceci dit, rentrons donc dans le vif du sujet. Si l’on doit résumer la recette musicale du groupe depuis les débuts de leur discographie, on pourra dire sans trop se mouiller qu’on se mange généralement une rythmique galopante bloquée en mode D-beat bondissant, un chant ultra vénère aux phrasés tubesques et des riffs directs et efficaces, entrecoupés de soli qui lorgnent allègrement dans des contrées nettement plus metôôôl que le bruitisme habituel des groupes en « Dis-».

 

Du coup, la recette a-t-elle changé pour ce dernier disque ? Ben… Non, pas trop. Voilà. On arrête la chronique là ? Merci. Au revoir (?)...

Mmmmmmh... Et bien non parce qu’il y a quand même quelques petites choses plutôt chouettes à dire sur cette courte et intense galette. Déjà, après quelques tentatives sur les derniers ep et splits, le groupe  se décide finalement à nous envoyer une tracklist intégralement chantée en français, et ce choix est carrément judicieux. D’une part, la langue française se fait trop rare dans les tréfonds les plus violents du punk là où les suédois, danois et autres teutons ont basardé depuis longtemps l’anglois initial. D’autre part, ça sonne ! J’imagine que le coté langue natale facilite cet aspect mais la colère, l’urgence et la sincérité des textes se voit sacrément renforcée dès lors qu’on se la mange de cette manière. Je vous mets au défi de ne pas vous gueuler « Liberté, anarchie pour tous les peuples ! » intérieurement à l'issue de la première écoute du « temps des charniers ».

 

 

On relèvera aussi un petit changement d’habitude d’enregistrement pour ce disque, débouchant sur un très bon compromis entre la sauvagerie stridente à laquelle le groupe nous a habitué et une clarté du son renforçant la puissance des compos. Bien loin des sons de grattes pachydermiques, sous-accordés, baveux et vulgairement connotés post-black-metal-sludge-mes-couilles-sur-ton-nez qu’on ramasse à la pelle dans le genre depuis quelques années, on retrouve ici l’énergie primale du punk à travers des grattes aussi tranchantes qu’un foutu rasoir. Il y a aussi ce putain de tube qu’est « le temps des charniers » dont j’ai déjà évoqué le refrain plus haut et qui troque momentanément le punk véloce dont le groupe est habituellement coutumier contre de longues montées martiales nourries aux roulements de caisse claire : implacable et mémorable. Si on ajoute à tout ça une ribambelle de tubes aux riffs qui ne demanderaient qu’à être joués en boucle et des textes qui transpirent la sincérité, la colère ainsi qu’une certaine absence de compromis (vous me le dites si je me répète, hein), je vois pas trop ce que l’on pourrait demander de plus à ce genre de disque…

 

 

… Un chouette artwork peut-être ? Et bien, ça tombe plutôt bien, ce dernier, bien qu’un peu plus moderne qu’à l’accoutumée, est vraiment joli. Le genre de pochette que t’es content de voir du coin de l’œil dans ta discothèque. C’est donc un quasi sans faute pour les bordelais pour cette fin 2015 : la branlée, point.

photo de Swarm
le 02/02/2016

6 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 02/02/2016 à 09:40:35

Honte à moi, je ne les ai jamais vu live...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 02/02/2016 à 12:45:33

Ave Swarm, rosae rosam, et spiritus rex ! Un album bien plaisant par sa décontraction.

swarm

swarm le 03/02/2016 à 11:10:11

@ Xu : bah, ces jours ci, on est pas loin de la semaine de rattrapage mensuelle....m

@ CC : tiens, j'en ai cherché des qualificatifs mais c'est marrant, "décontracté", ça m'est pas du tout venu à l'esprit.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 03/02/2016 à 12:39:22

Nan mais en comparaison avec d'autres trucs moins décontractés, j'veux dire... J'essaie de changer de registre sémantique pour parler de crustdestroylagueulamaxarrachelatronche.

swarm

swarm le 03/02/2016 à 17:50:53

"Crust garanti sans croix renversée, sans messe boire et avec douche"

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 03/02/2016 à 19:31:35

"et ienchs bien élevés"...

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